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Réaménagement de Barkhane : Un défi supplémentaire

Comme annoncé par le président Emmanuel Macron, l’adaptation du dispositif militaire français dans la bande sahélo-saharienne se poursuit avec le départ, mardi dernier, de bon nombre d’éléments de la force Barkhane de Kidal vers Gao où ils devraient, en principe, prendre un vol pour l’Hexagone.

L’état-major français explique que dans le cadre de l’adaptation de son dispositif militaire dans la bande sahélo-saharienne, décidée en juillet 2021 par le président Macron, l’emprise occupée par les Français à Kidal reviendra à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) et aux Forces armées maliennes.

«L’emprise se situe au sein du camp de la Minusma à Kidal, ville où les Forces armées maliennes disposent, dans un autre camp, d’un bataillon d’infanterie motorisée (le 72e RIM) issu de l’armée reconstituée», a précisé le communique qui rappelle que 1.300 militaires de la Minusma et plus de 400 soldats maliens sont aujourd’hui déployés à Kidal où ils assurent des missions de protection et de sécurisation.

Un convoi logistique français a quitté Kidal mardi mais un détachement reste sur place, pour conduire les dernières formalités administratives et logistiques avant le transfert définitif de l’emprise dans les prochaines semaines. Ce détachement sera en mesure de faciliter des missions de réassurance et d’appui au profit des partenaires, et travaillera donc en étroite coordination avec la Minusma et les Forces armées maliennes (FAMa). Les opérations de retrait des Français ont été endeuillées mardi par le décès du maréchal-des-logis Adrien Quelin du 4è Régiment de chasseurs, à la suite d’un accident alors qu’il effectuait une opération de maintenance.

Les autorités françaises rassurent que cette première étape dans l’adaptation de leur dispositif militaire dans la bande sahélo-saharienne se déroule dans de «très bonnes conditions de dialogue et de coordination avec nos partenaires de la Minusma et des FAMa».

Si les autorités françaises parlent d’un simple réaménagement de leur dispositif militaire dans la bande sahélo-saharienne, celles du Mali en ont une autre lecture. Le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, a dénoncé du haut de la tribune des Nations unies à New York le 25 septembre dernier, «un abandon en plein vol» de la part de l’ex-puissance coloniale.

«La nouvelle situation née de la fin de l’opération Barkhane, plaçant le Mali devant le fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol, nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome ou avec d’autres partenaires», a souligné le chef du gouvernement. Cette déclaration a suscité l’ire de Paris dont la riposte ne s’est fait pas attendre. « J’ai été choqué. Ces propos sont inacceptables… », a rétorqué le chef de l’État français. Un froid glacial s’est installé, depuis, sur les relations entre Bamako et Paris.

Le réaménagement du dispositif de Barkane, dans ces conditions de tension, fait craindre des lendemains difficiles. Les militaires français ont prévu de quitter leurs bases de Tessalit, Kidal et Tombouctou. Ces positions seront tenues par les soldats maliens et ceux de l’ONU. Ces derniers ont-ils les moyens matériels et humains de contrôler ces immensités désertiques où chaque dune et chaque oued peuvent cacher une escouade de terroristes ? Avec leurs moyens considérables, les militaires n’ont pas fait que tenir leurs positions. Ils ont infligé de lourdes pertes aux groupes armés terroristes, tout en les empêchant de se mouvoir librement. Certes Barkhane n’a pas réussi à éradiquer les groupes terroristes après 7 ans de présence sur notre sol.

Le péril terroriste s’est même métastasé. Mais il faut reconnaître que les militaires français ont éliminé plus de 700 terroristes dont les redoutables Algériens Mokhtar Belmokhtar alias Belaouer, Abdelhamid Abou Zeïd, Yahya Abou Hammam, Abdelmalek Droukdel et très récemment Adnane Abou Walid al-Sahraoui, originaire du Sahara occidental.

Ceux-là qui ont introduit le terrorisme au Mali dans les années 90 et 2000. Même si les autorités françaises rassurent que la lutte contre le terrorisme dans le Sahel va se poursuivre avec la Force Takuba composée des combattants de plusieurs nationalités européennes, l’allègement du dispositif français ne manque pas de susciter des craintes.

Ces craintes se manifestent dans la réaction des autorités maliennes qui estiment que le réaménagement de Barkhane n’a pas été suffisamment préparé avec les FAMa pour leur permettre, en collaboration avec la Minusma, de tenir efficacement les positions laissées vacantes par les militaires français.

Le désengagement français de Tessalit, Tombouctou et Kidal ne fait que décupler le défi sécuritaire pour notre pays. Nos autorités en sont conscientes. «Nous avons un défi supplémentaire qui est venu avec le désengagement du partenaire français qui risque de créer un vide sécuritaire», a signalé récemment le chef de la diplomatie malienne. Abdoulaye Diop a estimé à ce propos que «si la situation sécuritaire n’est pas prise en charge», la tenue des scrutins de 2022 pourrait être repoussée.


Madiba KEITA

Source : L’ESSOR

 

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