Elle a accusé son concubin de l’avoir violée. Ce dernier a apporté la preuve qu’elle était consentante. La Cour a jugé dans ce sens
Après avoir passé une année derrière les barreaux, B.S est ressorti libre du tribunal aux termes de son procès. La vingtaine révolue, ce jeune homme s’était rendu coupable de viol à Dialaorodji (Kati) sur une fille de 19 ans au moment des faits. D’où sa comparution devant la Cour d’assises pour être fixé sur son sort.
En 2020, M.K et sa mère adoptive sont victimes de vol de chaises et d’objets divers de valeur. B.S pensait jouer à la bonne volonté pour donner des informations sur ces dits objets volés chez la tutrice de M.K, sa future victime. Sur instruction de sa mère adoptive, la jeune fille s’est rendue à l’endroit indiqué par B.S pour récupérer les chaises et autres objets volés dans leur domicile.
En réalité, cette attitude de B.S n’était pas fortuite. Il avait une idée derrière la tête. Il a ainsi concocté un plan pour être seul avec M.K. Cette dernière n’avait rien obtenu lorsqu’elle s’était rendue à l’endroit indiqué par B.S à propos des objets qui avaient disparu. B.S a saisi l’occasion d’être seul avec la jeune fille pour l’entraîner dans un coin obscur du quartier, à l’abri de tous les regards indiscrets. En dépit des protestations de la jeune fille, le garçon est parvenu à la maîtriser pour abuser sexuellement d’elle sans se soucier de la suite.
Après cette mésaventure, la jeune fille en larmes a regagné le domicile parental tardivement la nuit. Il a fallu que le soleil se lève pour que accompagnée de sa mère adoptive, les deux se rendent à la Brigade territoriale de la gendarmerie de Dialakorodji pour expliquer aux gendarmes ce qu’il s’était passé la veille et déposer une plainte contre B.S.
Quelques jours plus tard, celui-ci a été interpellé à la suite d’un vol commis par effraction dans le même secteur du quartier. Ce jeune homme qui n’avait pas bonne presse dans le quartier a été renvoyé pour être jugé en assises pour le viol de M.K
Pendant l’instruction de son dossier, le garçon a nié les faits. Lorsqu’il a comparu devant la Cour d’assises, il est resté fidèle à cette logique de dénégation des faits à lui reprochés.
Devant les juges, l’inculpé a avoué avoir effectivement entretenu une relation sexuelle avec celle qui l’a dénoncé aux gendarmes. Mais, elle l’a fait avec tout son consentement sans contrainte aucune, a-t-il expliqué. Mieux, l’inculpé a détaillé qu’il était en concubinage avec celle qui s’est présentée comme une victime de son viol. Pour les juges, l’inculpé utilise ce moyen pour se défendre.
De l’avis des jurés, l’accusé a usé de stratagèmes pour être seul avec sa victime. Et pour cela, selon les membres de la Cour, il a inventé une histoire de chaises volées, pour parvenir à ses fins.
Les juges ont néanmoins rappelé que l’accusé avait fuit après les faits, avant d’être interpellé. Malgré tout, le jeune homme n’a pas varié d’un iota de sa version initiale. Il est resté fidèle à sa stratégie de défense. Il a soutenu mordicus n’avoir pas violé la jeune fille, qu’ils ont fait l’acte d’un commun accord.
La Cour n’a pas constaté une autre charge sur les épaules de l’accusé, ainsi elle a décidé de l’acquittement de B.S. Celui-ci est ressorti libre du tribunal satisfait de s’être bien défendu pour échapper à la prison.
Tamba CAMARA
IDEM POUR LA PROXÉNÈTE
Après B.S, c’était le tour de F.O, une Nigériane de se retrouver à l’air libre après avoir été entendue par les juges sur une affaire de traite de personne.
Cette trentenaire était suspectée d’avoir fait venir une de ses compatriotes de leur pays natal pour l’obliger à se prostituer à Bamako. La condition du voyage était que celle qui devait s’adonner au plus vieux métier du monde devrait lui rembourser intégralement les frais de son voyage.
L’affaire s’est déroulée en janvier 2020. La représentation diplomatique du Nigéria a mis à la disposition de la Brigade territoriale de gendarmerie de Kangaba M.O. Cette jeune fille semblait avoir été victime de traite de personne comme elle l’a elle-même expliqué aux pandores.
M.O a raconté aux gendarmes toute l’histoire à la suite de laquelle, elle s’est retrouvée chez celle qui l’a exploitée en l’obligeant à se prostituer pour rembourser son argent, une somme estimée à 1 million de Fcfa.
La suspecte principale a été poursuivie, en l’absence de la plaignante avant d’être inculpée et traînée devant les juges de la Cour d’assises. A la barre, elle a partiellement reconnu les faits, mais a nié avoir demandé la somme suscitée à celle qui s’est présentée comme une victime. Elle avait opté pour la même stratégie de défense depuis l’instruction de son dossier.
Parlant de ce qu’elle percevait sur chaque client après le travail nocturne de sa compatriote, l’accusé a jugé nécessaire de dire toute la vérité sur ce point. Ainsi, sans détour elle a expliqué que sa compatriote lui versait 1.000 Fcfa par client. Le parquet a déploré la dénégation de l’accusée devant la Cour soulignant que la victime était contrainte de travailler sous la menace de celle-ci pour lui rembourser son argent.
Chargeant l’accusée, le magistrat a requis de retenir l’accusée dans les liens de prévention. Quant à l’avocat, il a dit tout son étonnement de voir sa cliente devant la Cour d’assises pour ces faits. Après avoir fait des observations sur le dossier d’accusation, il a rejeté les faits tels qu’ils ont été racontés par le magistrat debout dans son réquisitoire. Partant de là, l’avocat a plaidé non coupable sans autre forme de procès. La Cour l’a suivi dans sa plaidoirie et l’a tout simplement acquitté F.O. La Nigériane est ressortie libre de la Cour.
TC
…. LIBRE, FAUTE DE PREUVE
Quelques instants plus tard, c’est D.D qui, après avoir passé trois ans derrière les barreaux, a retrouvé l’air libre. Il était suspecté dans une affaire d’enlèvement d’une fillette de 14 ans.
Les faits se sont déroulés en 2018 à Ségou. D.D était de passage, lorsqu’il a aperçu sa future victime, S.D qui faisait la lessive devant la porte de leur domicile. Le jeune homme qui était de passage s’est arrêté à côté de la jeune fille pour lui demander des indications sur la localisation d’un endroit.
La jeune fille a répondu par la négative et le garçon a poursuivi son chemin. Mais peu après, il a rebroussé chemin pour venir demander à la fille de le suivre. Ne comprenant pas ce que cet inconnu voulait d’elle, la fille a refusé de se plier à sa demande. Non content de cette attitude, le jeune homme a passé par la force de ses muscles pour traîner la jeune fille jusque dans un endroit éloigné.
Là, il aurait tenté d’abuser d’elle. Le temps passant, les parents de la fille se sont lancés à sa recherche pour la retrouver, alors qu’elle était entre les mains de son ravisseur D.D. Celui-ci a été finalement interpellé avant d’être renvoyé en assises pour répondre du chef d’accusation de « traite de personne ».
à l’information, le jeune homme a sans ambages reconnu les faits à lui reprochés et ce tant devant les enquêteurs, que devant le magistrat instructeur. Il a raconté le scénario de son forfait dans des détails inattendus. Devant les jurés, il s’est disculpé des faits. Il a reconnu avoir demandé un service à la victime, mais, selon lui, les parents de la jeune fille ont mal interprété cette situation pour la retourner en leur faveur, et sur son dos à lui. Ces propos de l’accusé n’ont pas été convaincants pour les juges.
Ils l’ont fait savoir et ont tenté de trouver les failles contenues dans les explications de l’accusé. Ils ont été suivis dans ce sens par le parquet. Le conseil a de son côté défendu l’avis contraire avant de plaider non coupable. Il a été suivi par la Cour qui n’a pas pu établir les faits tels qu’ils sont ressortis de l’arrêt de envoi. Ainsi, le jeune homme a été déclaré non coupable et relaxé.
T.C
Source : L’ESSOR