Le Département d’Etat américain dénonce les arrestations et intimidations dont font objet des opposants qui exigent la tenue de l’élection présidentielle dans le délai constitutionnel en République Démocratique du Congo. C’est à la faveur d’un communiqué, ce jeudi 28 avril 2016. Washington rappelle, que 2016 est une année historique pour la RDC qui devrait – selon la constitution du pays – aboutir à un premier transfert du pouvoir exécutif.
« Nous sommes profondément préoccupés par l’arrestation et l’intimidation des citoyens congolais qui participaient et se préparaient à une activité politique pacifique à Kinshasa et dans le Haut Katanga le week-end du 24 avril 2016 », indique un communiqué du département d’Etat américain. Selon John Kirby, porte-parole du Département d’Etat, les États-Unis soutiennent le peuple congolais dans sa quête d’élections rapides, libres et justes et soulignent l’importance de l’espace politique ouvert à un processus électoral crédible. La raison de cet intérêt des Etats Unis pour le respect des délais constitutionnels en ce qui concerne l’élection présidentielle est simple à en croire le communiqué. « Le pouvoir de Congo Kinshasa a, en vertu de sa propre constitution et ses obligations internationales en matière de droits, la responsabilité de respecter les droits de ses citoyens, y compris les droits à la liberté de réunion pacifique et la liberté d’expression », a insisté John Kirby dans le communiqué. Indiquant le bien-fondé de la tenue d’élections régulières pour un ancrage démocratique avéré, le porte-parole du département d’Etat rappelle la résolution 2277 du Conseil de sécurité qui stipule qu’ « un cycle électoral pacifique et crédible, conformément à la constitution, est essentiel à la stabilisation et la consolidation de la démocratie à long terme de la RDC ».
Biens des choses compliquent la mission d’Edem Kodjo
S’il est un sujet auquel tient l’Union africaine(UA) au sujet du Congo démocratique, c’est bien sûr le dialogue inter congolais. C’est pourquoi l’instance africaine a jugé bon de désigner Edem Kodjo, ex-premier ministre togolais et ancien secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine, (actuelle UA) en qualité de facilitateur dans le dialogue inter Congolais. Un choix validé par les Nations unies, l’Union européenne, l’Organisation internationale de la Francophonie ainsi que les Etats-Unis d’Amérique. Mais l’acharnement contre les opposants dans le pays est un énorme risque pour la réussite du dialogue politique entre les Congolais. « La répression détruit la confiance et l’assurance des citoyens qui sont nécessaires à tout dialogue crédible entre tous les intervenants congolais », a soutenu M. Kirby. Pour preuve, le 26 avril 2016, l’activiste Jean-Marie Kalondji a été jugé pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Quelques 48 heures avant cela, plusieurs personnes ont été violentés et arrêtées lors de la célébration de l’anniversaire du multipartisme. De tels actes ne sont pas de nature à promouvoir le dialogue inter Congolais. En dehors de cet aspect, la position ambigüe du facilitateur par rapport à certains sujets qui fâchent n’est pas une chose à encourager l’opposition radicale.
A point nommé
La position du Département américain vient sauter le verrou d’un obstacle auquel Edem Kodjo semble ne pas pouvoir faire face. Il s’agit de la question de l’organisation du scrutin présidentiel de l’année 2016 dans les délais constitutionnels. Et pour faciliter la tâche à M. Kodjo et aussi encourager le président Joseph Kabila à respecter la constitution, le Département d’Etat rappelle aussi la déclaration de John Kerry, au président Kabila le 25 avril 2016. Selon le secrétaire d’Etat américain « les Etats-Unis étaient prêts à soutenir les personnes engagées dans ces élections ». Ceci étant, la balle est bel et bien dans le camp de Kabila. Les mois à venir seront très édifiants dans ce sens.
Christophe SESSOU