« Pour faire la décentralisation au Mali, nous avons fait ce qu’on appelle les concertations régionales, ensuite une table-ronde. Après les synthèses autour de cette-table ronde, un projet a été envoyé par le gouvernement à l’Assemblée nationale. Ce projet est resté pratiquement deux ans à l’Assemblée nationale parce que lorsque nous avons lu le projet de loi, nous avons compris qu’il y avait beaucoup de choses à changer. Et pour les changer, ceux qui avaient participé aux concertations nous ont identifié les problèmes que les populations elles-mêmes soulevaient. A l’époque, j’étais au perchoir ».
C’est ce qu’a déclaré ce jeudi à Lomé dans son discours inaugural du lancement du programme de contribution de la Convention démocratique des peuples africains (CDPA) à l’enracinement de la démocratie et l’organisation des élections locales démocratiques et paisibles au Togo, l’ancien président de l’Assemblée nationale du Mali et du Parlement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), Pr Ali Nouhoum Diallo.
C’est en présence des ténors du parti initiateur comme la Secrétaire générale du parti, Brigitte Kafui Adjamagbo Johnson et de Dr Peter-Klaus Treydte, Représentant résident de la Fondation, Friedrich Ebert Stiftung. Etaient également présents, Jean-Pierre Fabre de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), François Kampatibe de l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI), Nathaniel Olympio du Parti des Togolais, les représentants des organisations de la société civile et des organisations syndicales.
Cette rencontre est placée sous le thème : « revisiter les valeurs démocratiques de la CDPA pour faire face aux défis de la démocratie et du développement durable au Togo ».
Le contenu du programme de contribution de la CDPA
« C’est un programme que nous voulons comme la contribution de la CDPA à l’enracinement ou l’approfondissement de la démocratie et à la tenue d’élections locales démocratiques et paisibles. En tant que parti politique, nous nous sentons interpellés par la situation de notre pays. Nous considérons que nous sommes arrivés à une étape où tout semble statique, on a l’impression que notre démocratie est bloquée. Un compatriote de la diaspora, journaliste à RFI avait même utilisé le terme de démocratie tétraplégique », a déclaré d’entrée de jeu la présidente du Combat pour l’alternance politique en 2015 (CAP 2015).
Le programme, selon ses initiateurs, ne va pas consister à des actions « ponctuelles ». « Il y a une composante renforcement de capacités, c’est-à-dire que pour pouvoir être efficace sur le terrain et conformément à notre ligne qui est la social-démocratie, nous avons le devoir d’éduquer d’abord nos propres militants, les renforcer de façon à ce qu’à leur tour, ils puissent éduquer et sensibiliser les populations dans leur milieu de vie », a déclaré Mme Adjamagbo Johnson.
Pendant trois (3) jours, un petit nombre d’experts, une vingtaine, vont se retrouver pour réfléchir sur les « outils appropriés » pour procéder à l’éducation et les outils qu’il faut donner aux militants de la CDPA afin qu’ils aillent vers les populations. Ensuite, ce sera le tour de la formation des formateurs (militants) qui seront issus des différentes fédérations de la CDPA où ils vont jouer un « travail de proximité ».
« Nous jugeons ce travail de formation des populations très important parce que nous jugeons qu’aucune démocratie ne peut se construire sans une participation éclairée des populations », a relevé Mme Adjamagbo Johnson.
A tout ceci, s’ajoute une autre composante dénommée « l’arbre à palabre » qui va s’inspirer de l’expérience du Mali pour l’adapter au Togo. Cette composante vise essentiellement à permettre aux populations, notamment les citoyens ç la base et les militants de s’exprimer sur des sujets divers qui tournent autour de la nécessité du vivre ensemble. « Il faudra construire ce vivre ensemble si nous voulons aller en profondeur », a ajouté le premier responsable de la CDPA.
La CDPA reste convaincue que le pouvoir va vraiment prendre en compte les « contributions constructives »
Dans son discours de circonstance de cette rencontre qui a lieu au lendemain de la célébration du 56ème anniversaire de l’indépendance du Togo, Mme Adjamagbo Johnson a souligné que 56 ans après l’indépendance, la situation politique, économique et sociale du Togo n’est pas des plus « reluisantes ».
Pour rectifier le tir, le parti social-démocrate soutient que seule l’organisation des élections locales peut permettre de libérer les énergies. « La politique de développement à la base se révèle budgétivore et inefficace », selon ce parti.
« Après avoir reconnu le 29 mars dernier devant des chefs traditionnels que le développement n’est point possible sans la décentralisation et les élections locales, le chef de l’Etat admet maintenant dans son discours à la nation du 26 avril dernier, que le processus de décentralisation et les élections locales nous concernent tous. Il engage donc son gouvernement à tenir compte de toutes les contributions constructives. La CDPA prend au mot le chef de l’Etat et demande à son gouvernement de respecter ses instructions », a lancé la Secrétaire générale de la CDPA. La Fondation Friedrich Ebert motivée par une question d’éducation civique Le soutien de ce programme de la CDPA, selon la Fondation Friedrich Ebert, du nom du premier président démocratiquement élu de l’Allemagne après la première Guerre mondiale, s’inscrit dans le cadre du concept allemand d’éducation civique qui a été essayé pour la première fois en Afrique à Madagascar. « Nous avons cet instrument d’éducation civique pour faire vivre la démocratie à l’intérieur des pays, à faire vivre les partis politiques comme instrument intégral de la démocratie, parce que sans partis politiques il n’y a pas de légitimité », a indiqué M. Treydte.
Telli K.
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