Il y a deux mois et demi tombait Bunagana. Cette ville stratégique de l’est de la RDC, située à 70 km de Goma, est passée sous le contrôle des combattants du M23 dans la nuit du 12 au 13 juin. Elle est depuis devenue le symbole de l’échec de la stratégie militaire et diplomatique de Félix Tshisekedi.
Refusant le dialogue que les rebelles tentaient de lui imposer, Kinshasa n’a eu de cesse de dénoncer les exactions commises ces dernières semaines dans le Nord-Kivu. « Les [combattants du] M23 sont coupables de tueries, de déplacements forcés [et] massifs des populations, du viol des femmes et d’autres violations graves des droits de l’homme », a répété, le 31 août, Christophe Lutundula, vice-Premier ministre et chef de la diplomatie lors d’une réunion virtuelle du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA). Et de regretter que, malgré les prises de position de l’ONU et de l’UA, « la situation [n’ait] guerre évolué positivement ».
« Il n’y a plus d’État »
De fait, le territoire de Rutshuru, où se trouve Bunagana, n’est pas le seul concerné. Dans tout le Nord-Kivu, les groupes armés pullulent et sèment le chaos : familles éclatées, morts par dizaines… « Les miliciens se livrent à de véritables massacres, ils mettent le feu dans des camps où sont réfugiées des milliers de personnes, témoigne un journaliste de Bunia, en Ituri, qui préfère conserver l’anonymat pour des raisons de sécurité. Dans ces zones, il n’y a plus d’État. »