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RDC: deux ans après la chute du M23, la stabilisation de l’est reste un rêve

Deux ans après la défaite du Mouvement du 23 Mars (M23), les espoirs de stabilisation de l’est de la République démocratique du Congo nés de la chute de cette rébellion se sont envolés et la crise au Burundi voisin vient assombrir les perspectives pour la région. Dernier avatar des rébellions à dominante tutsi soutenues par le Rwanda

UNE ACTION DE LA RDC CONTRE LES FDLR APPROUVÉE AUX NATIONS UNIES

– et l’Ouganda – dans l’est de la RDC, le M23 a été vaincu le 5 novembre 2013 par l’armée congolaise avec l’appui de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) après dix-huit mois de guérilla au Nord-Kivu. Le mois suivant, à Nairobi, le M23 et Kinshasa signaient des déclarations d’engagement ouvrant la voie au rapatriement de la plupart des combattants du Mouvement en vue de leur réinsertion dans la vie civile, au retour de plusieurs centaines de milliers de réfugiés congolais, et à la résolution des questions foncières et ethniques à l’origine de la violence qui déchire l’est de la RDC depuis plus de vingt ans, sur fond de concurrence pour le contrôle des ressources minières dont regorge cette région. Fin septembre, le secrétaire-général de l’ONU Ban Ki-moon a déploré « l’absence de progrès dans l’application » de ces déclarations et jugé que « de nouveaux retards (risquaient) de raviver » le M23, dont environ 1.500 ex-combattants stationnent en Ouganda, et quelques centaines au Rwanda. Le Mouvement a menacé fin octobre à mots à peine couverts de reprendre la lutte armée. Un expert militaire étranger note que l’on observe déjà « des tentatives de passer la frontière ».

L’est de la RDC a été l’épicentre de deux guerres ayant ravagé le pays entre 1996 et 2003. M. Ban « reste préoccupé par la violence qui continue de régner » dans ce territoire immense où une cinquantaine de « groupes armés attaquent toujours des civils en toute impunité ». Le jour de la chute du M23, Kinshasa avait promis d’anéantir les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

Cette annonce avait été vue comme un gage donné à Kigali après la décision prise par le Rwanda (sous forte pression américaine) de laisser tomber le M23, mouvement qui dénonce la marginalisation des populations rwandophones du Kivu, et qui affirmait les défendre par les armes contre les attaques d’autres milices, en particulier les FDLR, créées en RDC par des Hutu ayant pris une part active au génocide de 1994 au Rwanda et opposées au président rwandais Paul Kagame.

– ‘Marché de dupes’ – Mais l’offensive contre les FDLR n’a été lancée que début 2015, sans les Casques bleus, après une brouille entre Kinshasa et une Monusco doutant de la volonté congolaise de lutter contre une milice ayant souvent fourni des supplétifs à l’armée. Kinshasa affirme que ces rebelles ne comptent plus désormais qu’environ 400 combattants, chiffre dont doute fort l’ONU. Pour Thierry Vircoulon, directeur du projet Afrique centrale du cercle de réflexion International Crisis Group (ICG), « le deal M23 versus FDLR a été un marché de dupes » qui a fini par avoir raison de « l’engagement de la communauté internationale sur la question des groupes armés dans l’est ».

La vague de violences au Burundi après la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, puis son élection en juillet, fait craindre au secrétaire général de l’ONU que la crise dans ce petit pays frontalier du Sud-Kivu ne mette « en péril […] la stabilité » des Grands Lacs.

M. Ban appelle les États riverains à mettre en œuvre leurs engagements de l’accord d’Addis-Abeba (2013) destiné à ramener la paix dans l’est congolais. Dans cet accord, Kinshasa a promis entre autres d’ »approfondir » la réforme de son armée et de démocratiser le pays, tandis qu’Ouganda et Rwanda s’engageaient à ne soutenir aucun groupe armé.

« Le seul point sur lequel la RDC a vraiment progressé » est la réforme de l’armée, estime l’expert militaire étranger. Malheureusement, note-t-il, la brouille entre Kinshasa et la Monusco interdit pratiquement toute coopération militaire. Les choses pourraient s’améliorer avec l’arrivée, attendue sous peu, du nouveau chef de la Monusco, Maman Sambo Sidikou. L’opposition congolaise, elle, redoute que l’insécurité dans l’est ne soit avancée par le pouvoir comme un prétexte pour retarder la présidentielle censée avoir lieu en 2016, et à laquelle la Constitution interdit au président Joseph Kabila de se représenter.

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