La sélection et le trophée ont été accueillis vers midi (11H00 GMT) à leur arrivée à l’aéroport international de Ndjili, en provenance de Kigali où ils avaient battu le Mali (3-0) dimanche en finale, par le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku.
À la sortie de l’aéroport, une foule innombrable en liesse était au rendez-vous, selon plusieurs journalistes de l’AFP. Aussi loin que portait le regard, on ne voyait que des Kinois venus fêter les héros ayant remporté un second titre au CHAN, jeune compétition ouverte aux joueurs évoluant sur le continent africain.
Dimanche, un communiqué du président congolais Joseph Kabila lu à la télévision nationale avait invité « particulièrement » les habitants de Kinshasa à réserver « un accueil chaleureux et triomphal » aux Léopards.
Debout sur une plate-forme roulante, les joueurs sont ovationnés par la foule aux cris de « Vive les Léopards ! » ou « RDC eloko ya makasi » (« RDC, la force à l’état brut » en lingala, la langue nationale la plus parlée dans le pays).
Des milliers de personnes ont revêtu pour l’occasion le maillot de l’équipe nationale et arboraient des drapeaux de la RDC ou du V-Club, l’une des équipes phare de la capitale ayant fourni le plus gros du contingent aux Léopards et qui partage le même entraîneur, Florent Ibenge.
Dans une grande cohue, on chante et danse en l’honneur des joueurs, accroché aux portières de voitures, juché sur les toits de gros véhicules, ou simplement à pied.
« Cachot »
Mais le triomphe des joueurs au milieu de la population est de courte de durée.
Au bout d’une dizaine de minutes, la police prend en charge le cortège des footballeurs et la coupe, se frayant un passage dans la foule compacte, avant de filer à toute vitesse suivie par une armée de taxis motos vers un hôtel de luxe du nord de la capitale où les joueurs sont logés en attendant d’être décorés mardi par M. Kabila.
Les habitants qui comptaient fêter les joueurs au fur et à mesure de leur passage le long des principales artères de la capitale en sont pour leurs frais.
« La coupe est passée, on ne l’a même pas vue et pourtant dans tous les pays du monde, les gens ont le droit de voir la coupe », proteste un changeur de monnaie.
« Nous sommes comme dans un cachot », s’emporte un autre, alors que Kasongo, vêtu du maillot de la sélection, peste contre les autorités qu’il accuse de gâcher son plaisir.
« Depuis quand les joueurs sont escortés par les jeeps des policiers ? » s’énerve son camarade, promettant de ne plus soutenir les Léopards.
Par centaines des Kinois déçus finissent par rentrer chez eux en scandant des slogans hostiles au président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, et que l’opposition soupçonne de vouloir demeurer à la tête du pays au-delà de la fin de son mandat fin décembre 2016, alors que la Constitution lui interdit de se représenter.
Dimanche soir, après la victoire, la fête avait été relativement timide à Kinshasa après l’avertissement du chef de la police de la capitale aux habitants, les exhortant à ne pas manifester sur la voie publique.
Dans la foule venue acclamer les joueurs lundi à Ndjili, de nombreux jeunes provoquaient la police dans une ambiance bon enfant en leur criant qu’ils ne pouvaient « rien contre (eux) », sur ordre du président.
Source: Jeune Afrique