Voilà plusieurs semaines que Bujumbura accuse Kigali, où se sont réfugiés un grand nombre d’opposants, d’acteurs de la société civile et de journalistes burundais, de « vendre la chanson du risque de génocide » et de soutenir les rébellions armées en gestation aux frontières.
« Nous avons toutes les preuves nécessaires », affirme l’entourage du président – sans pour autant les dévoiler. Il est vrai, admet un diplomate en poste à « Buja », que « le Rwanda joue un jeu assez trouble et que certaines accusations sont peut-être fondées ». Dans un rapport publié le 14 décembre 2015, l’ONG américaine Refugees International dénonce, après avoir enquêté dans le camp de réfugiés de Mahama (sud-est du Rwanda), l’enrôlement plus ou moins forcé de réfugiés burundais par des groupes armés, et soupçonne les autorités rwandaises de laisser faire ces derniers, voire de les y aider.
Certains témoins ont raconté avoir été entraînés sur le territoire rwandais « par des personnes parlant le kinyarwanda et portant des uniformes militaires ». Début janvier, la police burundaise a par ailleurs annoncé avoir déjoué une tentative de déstabilisation après avoir arrêté une trentaine d’hommes « venus du Rwanda dans le but de lancer des grenades dans les quartiers contestataires » afin de « semer le trouble avant le sommet de l’Union africaine et de démontrer que le pays est en guerre », déclare une source policière. Kigali rejette ces accusations. PourSéraphine Mukantabana, la ministre rwandaise chargée des Réfugiés, « le Rwanda n’a aucun intérêt à favoriser le climat d’insécurité au Burundi ».
Source: Jeune Afrique