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Rapport de la FIDH sur Moura: pourquoi l’AMDH a dit non !

A la suite de la publication du rapport de l’ONU sur les événements de Moura, le Président de l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH), Me Moctar MARIKO, a dénoncé une fabrication mensongère orchestrée par la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH). Pour lui, l’objectif de ce rapport est de mettre en accusation l’armée malienne et ternir son image. C’est pourquoi, dans un entretien accordé à une plateforme qui fait le tour des réseaux sociaux, en début de week-end, Me Moctar a déclaré que l’AMDH s’est désolidarisée de ce rapport lorsqu’elle a constaté de nombreuses lacunes dans la méthodologie de la FIDH, qui n’a pas mené d’enquêtes sérieuses. Selon lui, ils se sont contentés des extraits de rapports d’autres ONG précisant que ni l’AMDH ni la FIDH ne se sont rendues à Moura.

«Dès lors que la FIDH a compris que l’AMDH ne se rangerait pas derrière elle, elle a changé de stratégie en tentant de s’en prendre à la personne de Me Mariko», a-t-il déclaré. Pour lui, leur objectif principal est de détruire la réputation des jeunes colonels et de fragiliser la transition. Nous vous proposons ci-contre un extrait de cet entretien.

«Nous ne sommes pas impliqués dans l’affaire Moura. Car, quand il y a matière enquêté sur le sol malien, la FIDH envoie leur personnel, et l’AMDH met également son personnel à sa disposition. Une fois cela fait, nous nous rendons sur le terrain pour recueillir des témoignages, on fait le rapportage, on recoupe nos informations. Et ces éléments recueillis sont ensuite traités avant d’être importés dans notre base des données qui se trouve ici à Bamako.
Malheureusement, après les événements de Moura, la FIDH nous a envoyé un communiqué sans avoir effectué d’enquête sur le terrain. Et l’AMDH n’a pas non plus réalisé une enquête. Ce communiqué indiquant que l’armée malienne avec Wagner avait commis des viols à Moura.
Nous avons répondu que nous avions une section de l’AMDH à Mopti.
Donc, j’ai pris contact avec notre section de Mopti pour savoir s’ils étaient au courant des événements qui sont passés à Moura. Ils m’ont répondu qu’ils n’étaient pas informés.
J’ai répondu que si vous n’êtes pas au courant, comment la FIDH a pu produire ce communiqué ?
Le communiqué mentionnait que les militaires maliens, en collaboration avec Wagner, avaient exécuté plus de 300 civils, tels que des éleveurs et des commerçants. Des gens qui n’étaient impliqués ni de près ou de loin dans le terrorisme. Toujours selon la FIDH, plus de 100 femmes ont été violées et tuées, même des petits enfants.
Quand on a demandé à notre section de Mopti, ils ont répondu qu’ils n’étaient pas au courant. Nous leur avons demandé s’ils avaient recueilli des témoignages ; mais ils ont répondu qu’ils n’ont pas recueilli de témoignages attestant cela.
Donc, j’ai écrit tout de suite pour dire que l’AMDH se désolidarise de cette déclaration, de ce communiqué parce qu’il y avait de nombreux manquements dans leur méthodologie.
J’ai donc demandé aux responsables de la FIDH de qui ils tenaient ces informations ?
Ils ont répondu que c’étaient des sources sûres.
A ce propos, j’ai répondu que dans le cadre de notre collaboration, on n’a jamais travaillé de cette manière.
J’ai dit que je n’ai aucune preuve, je ne m’engage pas dans cette affaire. Je me désolidarise. Et quand je dis ‘’JE’’, je parle de l’AMDH qui a un bureau de 21 membres.
Nous avions pensé qu’ils allaient reculer. Mais, malheureusement, qu’est ce qui s’est encore passé ; ils ont envoyé un rapport sur Moura, avec les mêmes éléments.
Et dans ce rapport, lorsque nous regardons la part de Barkhane concernant son bombardement à Bounty, il n’y a que, à peu près, une page dans le rapport. ‘’Non, on a demandé Barkhane ; Barkhane a dit que ce n’est pas vrai ; et que c’est comme ça, et que c’était des djihadistes déguisés ; et que ce n’était pas des civils.
Mais, répondez pourquoi vous ne pouvez pas faire la même chose pour l’armée malienne ?
Vous n’étiez pas là-bas, mais vous avez cru à la version de Barkhane que vous avez présentée en une seule partie du rapport.
Mais pour les cas de l’armée malienne, vous affirmez avoir réalisé une enquête et recueilli des témoignages. Cependant, qui sont vos témoins ? Il est difficile de considérer ces témoignages comme authentiques, car vous avez pris le téléphone pour appeler. Vous ne savez pas qui vous répond de l’autre côté.
Pour nous, ces genres de témoignages ne sont pas suffisamment fiables.
Surtout qu’on a constaté qu’ils puisent dans le rapport d’autres ONG. Ces ONG n’ont jamais partagé de rapport avec nous, donc nous ne pouvons pas valider ce rapport.
Soyons honnête et disions qu’il n’y a pas eu d’enquête sur Moura de notre part, et abandonnons.
Mais, ils ont persisté et dès qu’ils ont compris que je ne vais pas m’engager, parce que, contrairement à la dernière fois, personne de l’AMDH ni de la FIDH ne s’est rendu à Moura.
J’ai demandé qu’ils fournissent des preuves de leurs enquêtes, mais ils n’en ont pas ; ils se sont fiés à d’autres ONG.
On ne peut pas aimer les militaires parce qu’ils ont fait un coup d’Etat. Mais, de là à mentir sur eux, moi je ne rentre pas dans ça.
Nous sommes tous des humains et nous sommes tous Maliens, frères et sœurs.
En matière de droit de l’homme, il faut éviter ces genres de pratiques. Voilà pourquoi j’ai catégoriquement refusé.
Et j’ai soumis la question au bureau, et nous avons décidé de ne pas nous engager.
Ils ont changé de stratégie et ont commencé à me cibler. Et moi je suis le seul à abattre maintenant.
Toutes les lettres qu’ils envoient accusent ma personne sans mentionner aucun autre membre du bureau de l’AMDH.
Comme si j’étais le seul membre de l’Association.
Donc, ils sont passés par certains membres du bureau, qu’ils ont eu.
Et les responsables de la FIDH m’ont envoyé leur correspondance, en disant qu’ils prennent acte de nos discussions internes. Comme s’il y avait un problème au sein de l’AMDH par rapport à ce dossier.
J’ai convoqué une réunion pour qu’on parle de ce rapport et l’auteur de la correspondance à refuser de venir, mais je préfère taire son nom.
C’est pourquoi, la FIDH a décidé de suspendre l’AMDH comme ligue. J’ai répondu que c’était un non-événement pour moi pour la raison que la FIDH a déjà trouvé que nous existions déjà.
Ils sont partis, nous continuons de vivre. Nous gérons beaucoup de projets pour le bonheur de la population malienne.
Comme toutes les tentatives contre mon mandat ont échoué, ils s’attaquent à ma personne qu’ils accusent de les vilipender.
C’est mon nom qui figure dans les rapports, donc si des poursuites judiciaires sont engagées, je répondrai des affirmations contenues dans ce rapport. Donc, de grâce, qu’on me communique le rapport avant publication.
La FIDH a fait son rapport jusqu’à la publication sans me montrer une seule fois de même que les autres membres de l’AMDH.
Pour moi Moura, ce sont les déclarations des journalistes de RFI et de France 24. Je ne suis pas d’accord avec cette méthode. On n’a jamais travaillé comme ça, et je ne travaillerai jamais de cette manière.
Ils disent qu’ils nous ont suspendu parce qu’on n’a pas accepté de s’aligner derrière eux pour combattre la junte militaire, parce qu’ils ont fait un coup d’Etat».

Propos transcrits psar Abdoulaye OUATTARA

Source : Info Matin

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