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Ramsès Damarifa : « Le rap n’a de sens qu’engagé »

Ramsès Damarifa, dernier membre du groupe Tata Pound encore en activité, répond à nos questions. Vous avez il y a un mois sorti le morceau « Kouma », dans lequel vous critiquez le Président IBK. Pourquoi maintenant ?
 Chaque chose en son temps. Après le premier mandat, il y a des bruits. Certains ont dit qu’il n’était pas l’homme de la situation, mais il a été réélu. La situation sociopolitique m’imposait de faire ce son. J’ai ramassé tous ses discours, de 2013 à maintenant, et je lui réponds. Simplement pour montrer à tout le monde que depuis sept ans, rien n’a bougé. Au contraire les choses vont de mal en pis.
 Ce titre a servi de bande son au M5 lors de son rassemblement du 11 août. Quelle interprétation en faites-vous ? C’est légitime. Depuis 1995, lorsque nous avons commencé le rap, nous avons œuvré pour le peuple et ceux qui sortent à l’appel du M5 pour manifester, je les considère comme étant le peuple. Donc il est légitime que le peuple se l’approprie. Cela va en droite ligne des revendications.
Vous vous considérez comme un artiste politique ? Je suis un artiste politique, un activiste et je suis également le peuple.
Comment expliquer la longue absence de Tata Pound ? Nous avons fait ce que nous avons pu, jusqu’à preuve du contraire. Les chansons de Tata Pound sont malheureusement toujours d’actualité 20 ans après. Certains membres du groupe ont choisi d’autres voies. Dixon, par exemple, ne fait plus de rap. Il s’est orienté vers le Dawa. Il vit aux États-Unis depuis quelques années. Dama, pour le moment, est en stand-by, pour l’heure, il ne rappe pas. Tata Pound, c’est trois personnes. Moi je continue en solo. J’ai sorti deux albums.
Votre dernier album remonte à cinq ans déjà… J’ai pris d’autres chemins aussi. Cela fait près de 10 ans que je fais du théâtre avec la compagnie Blonba. Je m’essaye également au cinéma, j’ai joué dans « Bienvenue au Gondwana » de Mamane. Cela me laissait peu de temps pour me consacrer à la musique. Kouma 1 est sorti, il a été bien accueilli. Je pense donc que je vais concilier les trois désormais.
Estimez-vous la relève des Tata Pound et la vôtre bien assurées ? Je ne dirai pas bien assurée, mais elle est là, la relève. Il y a Master Soumy, Mylmo, Fouken J. Il y a également des petits jeunes qui n’ont pas encore véritablement éclos. Pour moi, le rap n’a de sens que lorsqu’il est engagé. J’aurais donc voulu que nos jeunes frères qui font de l’egotrip, du clash ou des sons d’ambiance s’essayent aussi au rap conscient. L’essence du rap, c’est l’engagement. Le rap doit participer à l’éveil des consciences, à la construction citoyenne, c’est un devoir pour tout rappeur malien, avec tous les problèmes que nous connaissons, de s’engager. Ça ne doit pas être frivole, ne parler que de sexe, de drogue ou d’alcool.
Propos recueillis par Boubacar Haidara

Journal du Mali

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