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Qui finance la CEDEAO ?

Les principaux partenaires commerciaux de la CEDEAO

 

L’Europe représente environ 28% des exportations de la CEDEAO, dont 23% pour l’Union européenne. Les Amériques représentent 40%, dont 34% pour l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena), et 24% pour les Etats-Unis. L’ouverture du commerce dans le cadre du développement des échanges Sud-Sud fait montre d’une avancée significative des pays de l’Asie et de l’Océanie, qui représentent 16% des exportations, dont 0,3% pour le Proche et le Moyen-Orient. 

Ces exportations sont dominées par le Nigeria et la Côte d’Ivoire qui, à eux deux, représentent 87% des transactions. Le Nigeria fournit 77% des exportations régionales et la Côte d’Ivoire 10%. Pour leur part, le Ghana et le Sénégal sont troisième et quatrième avec 4% et 2% respectivement. Le Mali suit avec 1,7% des exportations régionales. Le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée, le Niger et le Togo représentent chacun 1% des exportations régionales. 

L’Union Européenne et les Etats-Unis représentent 47 % des exportations des pays membres de la CEDEAO, ce qui offre à ces deux puissances un véritable moyen de pression politique et économique sur l’institution régionale.  Ce rapport de force permet d’expliquer la forte présence des diplomates occidentaux lors des sommets de la CEDEAO qui se tiennent régulièrement à Abuja au Nigeria. 

Le financement du budget de la CEDEAO et l’aide au développement 

La Commission de la CEDEAO reçoit des financements de plusieurs sources, y compris des contributions des États membres, ainsi que des dons et des prêts de divers pays et organisations internationales. Voici quelques-uns des principaux contributeurs : 

Les États membres de la CEDEAO : Les 15 pays membres de la CEDEAO contribuent financièrement au budget de l’organisation. Ces contributions sont essentielles pour le fonctionnement de la Commission et pour la mise en œuvre de ses programmes. Le budget de la CEDEAO est financé essentiellement par les recettes collectées à travers la taxe communautaire. Cette taxe est instaurée pour le financement de ses activités. Le taux du prélèvement communautaire est fixé à 0,5% de la valeur CAF (taxes) des marchandises importées de pays tiers hors CEDEAO. Cette taxe représente entre 70 et 90 % du budget de la CEDEAO. Qui finance le reste du budget ? En 2023, ce budget s’élevait à 400 milliards de fcfa. 

L’Union Européenne (UE) : L’UE est l’un des principaux partenaires financiers de la CEDEAO. Elle soutient de nombreux projets et programmes dans des domaines tels que la paix et la sécurité, l’intégration économique, le développement durable et la gouvernance. En 2023, l’Union Européenne et la CEDEAO ont signé sept accords de financement d’une valeur totale de 212,5 millions d’euros. Ces financements visent à soutenir plusieurs secteurs clés tels que le commerce, l’intégration régionale, l’interconnexion énergétique, les énergies renouvelables, les systèmes alimentaires durables, la sécurité alimentaire et la migration. 

Parmi les accords spécifiques, 50 millions d’euros sont alloués à la compétitivité commerciale et l’accès au marché, et 34 millions d’euros à la libre circulation des personnes et à la migration. D’autres montants incluent 11,5 millions d’euros pour le commerce des services, 25 millions d’euros pour le développement du marché de l’électricité et l’énergie renouvelable, et 12 millions d’euros pour des solutions de cuisson propre en Afrique de l’Ouest. 

La Banque mondiale : La Banque mondiale finance plusieurs initiatives de la CEDEAO, en particulier celles liées au développement économique et à l’infrastructure. 

La Banque africaine de développement (BAD) : La BAD soutient également la CEDEAO dans divers projets de développement, y compris les infrastructures régionales et les programmes sociaux. 

Les Nations Unies (ONU) : Diverses agences des Nations Unies collaborent avec la CEDEAO et fournissent un soutien financier et technique, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’agriculture et de la sécurité alimentaire. 

Les États-Unis via l’USAID : L’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) finance des projets spécifiques, notamment ceux liés à la santé, à l’éducation et à la sécurité alimentaire. L’USAID finance de nombreux programmes en Afrique de l’Ouest, y compris au profit de la CEDEAO. En 2023, USAID a investi environ 135 millions de dollars dans divers projets régionaux en Afrique de l’Ouest. Ces projets couvrent plusieurs domaines comme la sécurité alimentaire, la santé, la gouvernance, et l’éducation. Le financement de l’USAID pour la région de la CEDEAO comprend : 

  • Sécurité Alimentaire et Résilience : USAID a alloué 33 millions de dollars pour améliorer la sécurité alimentaire et la résilience dans la région grâce à l’initiative « Feed the Future ».
  • Santé : Un budget de 47 millions de dollars est dédié aux programmes de santé pour lutter contre le VIH/SIDA, le paludisme et pour renforcer les systèmes de santé.
  • Gouvernance et Paix : Environ 20 millions de dollars sont investis dans des initiatives visant à renforcer la gouvernance démocratique et la stabilité régionale.
  • Éducation et Formation : Des programmes éducatifs et de formation professionnelle reçoivent environ 25 millions de dollars pour améliorer les compétences et l’accès à l’éducation de qualité dans la région.

La France via l’AFD : L’Agence française de développement (AFD) contribue financièrement à plusieurs projets de la CEDEAO, particulièrement dans les domaines de l’infrastructure et du développement économique. 

Autres pays et organisations internationales : D’autres pays et organisations, tels que le Royaume-Uni (via le DFID), l’Allemagne (via la GIZ), le Japon (via la JICA), et la Banque islamique de développement, fournissent également des financements et une assistance technique pour divers projets. Ces contributions sont vitales pour le soutien des nombreuses initiatives et projets de la CEDEAO visant à promouvoir le développement, la paix et la sécurité dans la région ouest-africaine. 

Conséquences politiques 

Cette forte dépendance des pays membres de la CEDEAO et de sa Commission aux partenaires économiques et financiers pèse sur la capacité de la région à avoir une politique économique et financière souveraines. La gestion désastreuse de la situation politique des pays de la Confédération des Etats du Sahel peut s’expliquer en partie par le poids étouffant de certains de ces partenaires. Il suffit d’analyser les prises de position de certains diplomates européens. 

« Nous sommes au côté de la CEDEAO, parce que nous sommes membre de cette institution », a déclaré le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian en janvier 2022. Il a également indiqué que la France, actuellement à la présidence tournante de l’Union européenne, s’assurerait que l’institution sanctionne également le Mali. « J’ai pris l’engagement de faire comprendre à l’UE d’appliquer les sanctions contre le Mali. Et nous allons suivre cela à la lettre », a indiqué Le Drian. Une déclaration qui intervient après les remous de suscités par les sanctions de la CEDEAO. L’organisation a fermé ses frontières et a imposé un embargo commercial au Mali au mépris de ses propres textes et du droit international. 

Quelques mois plus tard, c’est une autre diplomate européenne qui va prendre position sur la gestion des affaires internes à la CEDEAO. Madame Emanuela Claudia DEL RE, Représentante de l’UE au Sahel, a déclaré le 10 Août 2023 au journal belge LE SOIR que « C’est à coups de pressions et sanctions que nous chasserons les généraux rebelles de Niamey ». Dans une autre déclaration au journal italien la Repubblica, Emanuela DEL RE a indiqué que les sanctions de la CEDEAO et d’autres organisations internationales contre le Niger « commencent à avoir un effet ». Elle explique qu’il y a une pénurie de nourriture et de médicaments dans le pays. « Il n’y a pas assez de médicaments, de nourriture, d’électricité. Si nous voulons que la junte s’affaiblisse, nous devons poursuivre les sanctions », a-t-elle indiqué. 

Là aussi, l’institution d’intégration économique régionale, au mépris de ses propres textes et du droit international, ne sait pas seulement contenter d’imposer des sanctions économiques au Niger, elle va carrément déclarer la guerre à un de ses membres fondateurs. La CEDEAO est soutenue dans ses velléités guerrières par la France et l’UE comme je viens de le démontrer précédemment. 

D’une manière générale, la forte dépendance de l’Afrique aux exportations de matières premières (pétrole, gaz, uranium…), aux importations de produits de première nécessité (riz, blé, sucre, huile, médicaments…), à l’aide internationale, aux idées et aux idéologies étrangères… fragilise les Etats et les institutions multilatérales africains. Cette dépendance, parfois mortifère, constitue un obstacle à l’élaboration de toute politique économique, financière, sociale et culturelle souveraines. Il incombe aux africains d’opérer une rupture épistémologique afin de concevoir et d’implémenter un modèle de société et de relations internationales adaptés aux besoins de l’Afrique. 

Adamou BOUBACAR
Professeur de Biotechnologie – Santé – Environnement
Directeur de Sahel Agropole
Président de l’Institut de Défense et de Sécurité Globales du Sahel (IDGS) 

Source : Institut de défense globale du Sahel

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