l est l’aîné de Mahamadou Diarra Djilla, l’ancien capitaine des Aigles du Mali. En grand frère solidaire et altruiste, il a su introduire son jeunot en Europe par la Grèce. Ce fut le début d’une carrière riche et mémorable avec les succès connus pour le capitaine Mahamadou Diarra. Harouna Diarra, un joueur de classe exceptionnelle, a fait les beaux jours de l’AS Real de Bamako avant de s’expatrier sur la Grèce. Dans l’équipe des Scorpions qui cherchait ses marques aux côtés des deux grands clubs de la capitale, il faisait le jeu et le spectacle, et au bout il prenait entièrement à son compte le sort d’un match par ses éclairs de génie.
Balle au pied, en mouvement ou à l’arrêt, Harouna avait toujours su prendre le dessus sur les défenses adverses. A telle enseigne qu’il se présentait comme l’atout majeur des siens et l’épouvantail des adversaires. En club ou en sélections nationales, ses accélérations, ses mouvements de diversion, ses dribbles et sa vision de jeu faisaient partie des innombrables qualités lui permettant de marquer les esprits des nombreux amoureux du ballon rond.
Doté d’une technique exceptionnelle et expressive à toute épreuve, il savait aussi faire parler sa vitesse de pointe. En fonction des systèmes de jeu en place, il était soit l’ailier soit le joueur de couloir qui faisait la différence au bon moment. C’est la somme de ses qualités qui lui ont donné la chance d’évoluer au haut niveau et d’embrasser une carrière professionnelle. Qui ne se rappelle de l’ambiance qu’il a créée au stade Omnisports avec Fréderic Oumar Kanouté en 1998, avant que celui-ci ne fasse un faux bond quelques semaines plus tard ! A chaque occasion, il faisait valoir ses nombreuses possibilités offensives et s’était ouvert grandement les portes d’une riche carrière. De lui, c’est aisé de retenir le petit prodige né dans le quartier populaire de Médina Coura et qui s’est par la suite imposé comme un petit prodige du football national.
L’âme de l’AS Réal
Avec toutes ces qualités, il est évident que son contrat n’est pas un fait du hasard, après la phase finale de la Can Junior jouée en 1997 au Maroc. Justement il a signé un contrat avec OFI Crète de Grèce, dont les retombées ont éclaboussé l’AS Réal de Bamako. Comment tout cela s’est passé ? Harouna Diarra rappelle les faits :
“Le contrat fut signé en France. J´ai effectué le déplacement avec le président du club, Isaac Sidibé. Il est incompréhensible que l’argent du Réal soit viré dans le compte personnel du président. Cela a créé des problèmes, parce qu´il était dans la logique de rembourser toutes les dépenses qu’il a effectuées sur l’argent du Réal. Ce qui a débouché sur des conséquences graves pour le club. Avec le temps, il faut se réserver de donner certains détails”.
Harouna Diarra à joué à l’AS Réal très jeune, par le truchement d’un grand frère de quartier du nom de Mouctar Bah. Celui-ci lui propose de s´entraîner avec les juniors des Scorpions. Très vite, il étale son talent et s’impose comme un avenir prometteur des Noirs et Blancs de Bamako. L´encadrement technique l’encourage et le convoque régulièrement malgré son statut de junior. En plus d’être réserviste sur le banc de touche, il se contente des bouts de matches.
La saison suivante (1993-1994), il est admis dans la catégorie senior. C’est en ce moment que le public sportif découvre ce jeune prodige aux qualités multidimensionnelles. En prélude à la Can des cadets organisée par notre pays en 1995, l’entraîneur Mory Goïta le retient dans son effectif. Dans cette compétition les Aiglonnets tombent en 1/2 finale face au Nigeria. Le système de jeu de l’entraîneur tant décrié en son temps par l’opinion explique-t-il l’élimination des cadets maliens ?
Harouna Diarra, l’un des acteurs de ce grand tournoi soutient plutôt l’inexpérience comme facteur déterminant. Car la plupart des jeunots qui constituaient cette sélection ne jouaient pas dans un grand club, ou ils n’étaient pas titulaires. Selon lui cet état de fait a noyé certains joueurs dans le système de jeu mis en place par l´entraîneur. Conséquence : le naufrage. Cette Can a eu quand même le mérite de donner une nouvelle orientation à la carrière de plusieurs jeunes.
Quant à Harouna Diarra, il continuera à régler le football réaliste. Certes à l’époque les Noirs et Blancs coachés par Ibrim Diallo, et soutenus par des supporters infatigables se débattaient pour redevenir ce trouble fête du football malien des années 1980 du temps des Amadou Pathé Vieux Diallo, Drissa Tangara dit GMC, Adama Fofana dit Agni, Ousmane Traoré dit Man, Seydou Guatigui, Mamadou Coulibaly dit Benny, Amadou Samaké, Drissa Konaté dit Driballon et autres.
Harouna Diarra joue et perd sa première finale de Coupe du Mali contre le Djoliba AC en 1996. Très déçu, il ne se remet de ce coup dur qu’à sa sélection pour les éliminatoires de la Can junior organisée par le Maroc. Le Mali se qualifie avec brio, mais se fait écarter dans les matches de poule par la Côte d’Ivoire. L’un des tournants du destin de Harouna Diarra s’est dessiné après cette compétition.
D’abord il est rappelé en équipe nationale senior pour la Coupe Cabral, remportée par les Aigles en Gambie, pour ne la quitter qu’en 2007, c’est-à-dire que les différents entraineurs l’ont régulièrement convoqué. Le richissime Babani Sissoko a offert à chaque joueur la somme de sept millions de F CFA. Ensuite il reçoit une proposition de contrat du club Ofi Crète de la Grèce. Il passe pratiquement huit saisons dans cette équipe (1997-2005).
Le fait marquant de son passage dans cette partie Sud de l’Europe, est la perche tendue à son frère Djilla. Une solidarité qui fera de son cadet l’un des meilleurs joueurs du monde. Parce qu’il a joué dans de grands clubs Européens, et porter le flambeau du football malien. Comment cette solidarité s’est manifestée ? “Les qualités de Djilla m’ont poussé à parler de son cas au président et à l’entraineur de l’équipe. Dieu merci les deux ont cru à mes commentaires. Du coup la direction du club a envoyé son billet, et c’est moi qui ai signé son contrat. Parce qu’il n’avait pas atteint l’âge de la maturité. Je versais ses primes de matches dans mon compte, et chaque fois qu’il exprimait un besoin d’argent, je lui en donnais. Dieu merci il a fini par me dépasser. Cela fut une fierté pour moi”.
Harouna Diarra en fin de contrat retourne au Mali et signe (saison 2004-2005) au Stade malien. L’entraineur des Blancs de Bamako, le Ghanéen Abdoul Razak Karim, fait de lui son chef d’orchestre pour créer la sensation à Sotuba. Avec lui, le Stade remporte un titre de champion en 2005 et réalise un doublé la saison suivante.
Le retour de l’enfant en famille
Les Réalistes jaloux des prouesses de leur enfant dans une autre famille, demandent à Harouna de retourner à ses racines. Il termine la carrière sur la saison 2008-2009. C’est une contrainte morale qui anticipe sa retraite. Parce que malgré le fait qu’il soit démarché en amont par les Réalistes, les propos de certains supporters l’ont choqué et découragé.
Ceux-ci ne cessaient de claironner qu’il est vieux. Ces déclarations répétitives ont eu raison de sa volonté de continuer. A partir de ce moment, Harouna Diarra ambitionne d’être entraineur de football. Il passe des diplômes D et C de la Caf en 2013 et 2014. Aujourd’hui, il est encadreur avec Soumaïla Traoré et Bouramablen à l’Académie ABM Foot sise à Samagnana.
Marié et père de sept enfants, la riche carrière de l’ancien international Harouna Diarra est liée à trois bons souvenirs : la Can cadette à Bamako (1995), la victoire de l’AS Réal en demi-finale de la Coupe du Mali face à l’AS Mandé de la Commune IV (1996), les matches de poules de la Coupe de l’UEFA (1998).
Au tableau des mauvais souvenirs il retient : la défaite des Aiglonnets en 1995 en demi-finale contre le Nigeria, la victoire du Djoliba en finale de la Coupe du Mali (1996) au détriment de l’AS Réal.
O. Roger
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