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Que sont-ils devenus… Habib Sangaré : La carrière tourmentée de l’enfant peul

Le carnet d’adresse d’Habib Sangaré est garni d’une finale de CAN Juniors en 1988 sanctionnée par une participation à une phase finale de coupe du monde Juniors (Arabie Saoudite 1989), de Jeux africains (Egypte 1991), d’une CAN Seniors (Tunis 1994). Il est né à Bolibana d’une famille stadiste. Il a grandi et vécu dans l’ambiance du Stade malien de Bamako, dont les dirigeants et entraineurs fréquentaient sa famille. Inutile de demander à un enfant de ce quartier, comment il est devenu footballeur ? Habib Sangaré a évolué naturellement dans les catégories d’âge du Stade malien, et dans les clubs de quartier, même parfois comme mercenaire dans d’autres communes du District. C’est d’ailleurs à la fin d’un match du FC Calao de N’Tomikorobougou (il a été sélectionné par Tiémoko Traoré dit Zembla, ancien joueur de l’AS Réal) qu’il a été repéré par Amadou Diakité (ancien président de la Femafoot). Celui-ci lui demanda de jouer au  Stade malien de Bamako.  Recommandé en amont à l’entraineur feu Molobaly Sissoko, Habib Sangaré se présente à l’encadrement technique pour sa première séance d’entrainement. Habib séduit d’emblée. Quelle est la suite ? Nous avons rencontré le “France man” dans le cadre de la rubrique “Que sont-ils devenus ?” à la faveur d’un séjour vacancier à Bamako. Recettes !

Joueur polyvalent évoluant comme latéral ou milieu défensif, Habib Sangaré était très élégant, technique et visionnaire  sur le terrain. Il force l’admiration de la barre technique du Stade qui le garda dans l’effectif, malgré son statut de junior.

Du Stade malien au Djoliba AC, sans condition !

Le tournoi d’ouverture de la saison (Ex BMCD) 1985 -1986, fut un tournant décisif dans la suite de sa carrière. Au moment de rendre public l’effectif de la saison, Habib est maintenu dans le groupe en compagnie de Modibo Kouyaté dit Nèguè et Abdoul Aziz Wane.  Ils sont ainsi restés en stand-by au Stade jusqu’à l’avènement des   juniors en 1988. Convoqué dans un premier temps par Salif Keïta dit Domingo dont la politique de jeunes n’a pas eu l’aval des autorités, Habib est rappelé par le duo Idrissa Touré dit Nany et Mamadou Diakité dit Doudou pour les éliminatoires directes de la Coupe d’Afrique des Nations Juniors. Entre temps, au Stade, le coach Molobaly Sissoko est remplacé par Cheick Fanta Mady Diallo. FIASCO ! C’est le moment précis où le cas de Habib suscita un paradoxe. Titulaire à part entière en équipe nationale Juniors, mais il garde le banc dans son club. Pourquoi ? Habib dit n’avoir aucune réponse à cet état de fait, malgré sa forme à l’époque. Selon lui, il a été tellement méprisé par l’encadrement technique, qu’il a fini par perdre sa place en équipe nationale. Cela est logique.

Blessé dans sa dignité, dans son orgueil, pour avoir été exclu à l’aéroport à quelques minutes d’un voyage du Stade malien sur le Sénégal, Habib Sangaré décide de casser le contrat moral qui le lie au club. Il transfère au Djoliba AC, sans condition. Avec le recul, l’enfant de Bolibana dit avoir pardonné à tous ceux qui l’ont causé du mal, non seulement au Stade malien mais aussi en équipe nationale Juniors.

Bref, en écoutant l’histoire de l’ex international junior, nous avons eu  parfois la chair de poule. Puisque le journaliste ne doit rapporter que les faits, cependant pour ne pas remuer le couteau dans la plaie, la déontologie de la profession impose un traitement  d’apaisement. Surtout que la rubrique “Que sont-ils devenus ?” n’a qu’un seul credo : faire revivre le passé à travers l’histoire des anciennes gloires.

En  demandant à Habib Sangaré de nommer les personnes, dont le concours lui a permis de faire son chemin dans la vie. Il cite son père Idrissa, sa mère Fatoumata Bass et son épouse Fatoumata Tounkara dite Fatou. Cette dernière nous a reçus comme un invité de marque, au domicile marital sis à Sotuba. La qualité de l’accueil traduisait la culture de l’hospitalité d’une véritable femme africaine. Merci à la sublime Mme Sangaré !

Petits contrats juteux !

Le transfert d’Habib Sangaré du Stade au Djoliba est le fruit de son courage et de son sens de responsabilité. Face au refus d’un haut dirigeant de parrainer son arrivée au Djoliba, il se confia, par reconnaissance, à Amadou Diakité qui le conseilla de rester en famille, cadre idéal pour laver le linge sale. Mais sa décision de divorce d’avec le Stade malien de Bamako était déjà prise et irréversible.

Accueilli au Djoliba avec tous les honneurs, Habib reçoit une moto en guise de récompense. Ses débuts n’ont pas été faciles. Parce que, selon lui, il a eu du mal à s’adapter au rythme  d’entrainement des Rouges. Il soutient que les conseils du doyen Sadia Cissé lui ont permis de tenir le coup, et de s’imposer au Djoliba gaillardement entre 1989 et 1991. Une constance qui illustre parfaitement les différents contrats qu’il a eus.

D’abord à El Haly d’Oman (pays arabe situé au  coin sud de la péninsule arabique. Il jouxte les Emirats Arabes Unis au nord)  où il n’aura passé que six mois pour des raisons de santé. C’est au Sohar Club d’Oman  qu’Habib Sangaré s’est beaucoup fait remarquer avec à la clef quatre ans de contrat. En 1995, il retourne à El Haly.

C’est dans son aventure d’Oman qu’il a été appelé à la dernière minute pour rejoindre les Aigles, en pleine préparation de la CAN de Tunis 1994.

En vacances à Bamako, il faisait du footing sur le tronçon de  la colline du Point G, quand il rencontra l’entraineur feu Molobaly Sissoko devant le département des Sports. Celui-ci avait déjà été limogé et remplacé par Mamadou Keïta dit Capi, mais nommé Directeur Technique National. Donc, logiquement, il avait son mot à dire sur la sélection. “Molo” lui demande de passer le lendemain au Stade Omnisports où les Aigles s’entrainaient.  En sa qualité de DTN, il dit à l’entraineur qu’Habib Sangaré fait partie du groupe qui a commencé la campagne des éliminatoires de Tunis. Molobaly Sissoko n’a pas manqué d’éloges pour convaincre Capi de sélectionner le jeune Sangaré. C’est dans ce cadre qu’il a commencé les entrainements, pour finalement se retrouver sur la liste de Capi  pour la  phase finale de la CAN. On se rappelle qu’Habib est rentré après le but malien contre l’Egypte.

Deux ans après cette CAN, il retourne au Mali et décide de mettre fin à sa carrière. Mais sa rencontre avec Amany, (un  agent de joueur) bouleversa tout. Comment ? Habib explique : “Après quelques années à Oman, j’ai pensé à faire autre chose. C’est-à-dire qu’il fallait arrêter de jouer au ballon. Seulement, le coach Amany m’a proposé un test au Koweït, auquel j’ai réussi. Les dirigeants du club, pour des contraintes réglementaires promettent de me rappeler  trois mois plus tard. Effectivement, le fax est tombé au délai indiqué. Malheureusement, j’étais parti aux Etats Unis. Donc, je suis resté dans ma logique de retraite. Ce qui m’a permis d’être indépendant pour faire la navette entre les USA et le Mali jusqu’en novembre 2001. Date à laquelle j’ai débarqué en France pour décrocher un boulot et fonder un foyer “.

Souvenirs et anecdotes !

La riche carrière de Habib Sangaré est aussi joncée, d’une part, de bons souvenirs comme les différentes campagnes des équipes nationales Juniors et Seniors, et, d’autre part, de mauvais souvenirs comme le mépris dont il a été victime au Stade malien, et en équipe nationale Juniors, la défaite du Djoliba en finale de la coupe UFOA contre l’ASEC d’Abidjan en 1991 et l’aventure de la CAN de Tunis 1994 stoppée en ½ finales.

La carrière d’Habib Sangaré est pleine d’anecdotes. Il revient sur deux. Primo : ”  En juillet 1988, le département des Sports n’a pas voulu payer des équipements en prélude au match retour contre le Maroc comptant pour la CAN Juniors. Il estimait que notre courte victoire d’un but à zéro, n’était pas rassurante. Investir pour une issue incertaine serait un gâchis. L’équipe est partie au Maroc dans des conditions logistiques misérables. En réplique à cette attitude du département, nous avons décidé de perdre le match. Mais, la visite spontanée à notre hôtel des étudiants maliens nous a fait changer d’avis. Selon leur porte-parole, l’indépendance et la liberté d’expression de la colonie malienne étaient liées à notre qualification. Voilà comment nous avons relevé le défi.”

Secundo : “Cette anecdote est intimement liée à la première. Et pour cause : mes déboires ont justement commencé après cette rencontre contre le Maroc. Contre l’Egypte, l’encadrement ne m’a pas retenu et c’est là où j’ai quitté l’internat. Par la suite, le regret m’a envahi. Malgré tout, Nany m’a rappelé et j’ai décidé de tout accepter, quoi qu’il arrive. C’est le Directeur Technique National, Abdoulaye Diawara dit Blocus qui a plaidé ma cause auprès de l’encadrement technique. Ce qui m’a permis de jouer le match retour de la finale de la CAN contre le Nigéria. J’avais déjà saisi ma chance, et impressionné lors de la préparation au Gabon”.

Il convient de rappeler que la rubrique “Que sont -ils devenus ?” est devenue une chronique populaire tant au Mali qu’à l’extérieur. Au-delà des efforts de la direction du journal, d’autres personnes à l’ombre contribuent à soutenir la rubrique dans tous les sens. Le moment viendra pour nous de les citer. Aujourd’hui, nous retenons le héros de la semaine, Habib Sangaré. C’est l’ancien international du Djoliba, Seyba Coulibaly, qui nous a mis en contact avec Habib Sangaré. Depuis, l’enfant peul ne ménage aucun effort pour  nous accompagner. En plus de nous trouver les anciennes gloires pour la rubrique, il se fait le devoir  chaque week-end, d’envoyer l’article de la semaine à tous les anciens sportifs à travers le monde. Le jour où nous l’avons informé du geste inoubliable de l’ancienne internationale du Stade malien, Koura Traoré à notre endroit, en guise d’encouragement, il  n’a pas hésité de dire que nous méritons mieux. C’est le lieu aussi pour nous de lui dire merci pour les précieux cadeaux de fin d’année.

Agé aujourd’hui de 51 ans, Habib Sangaré est marié et père d’une fille. Il aime le sport en priorité, et l’ambiance dans la famille et entre amis. Habib déteste l’injustice, l’hypocrisie, le mensonge et la malhonnêteté.

Chers fidèles lecteurs, à la faveur du nouvel an, nous profitons de l’occasion pour vous souhaiter nos meilleurs vœux de bonne et heureuse année 2020 !

                                        O.Roger

Source: Aujourd’hui-Mali

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