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Que fait la France au Sahel ? Guerre contre le terrorisme ou tentative de reconquête coloniale ?

Quatre années après l’intervention militaire française au Mali, le bilan est loin d’être satisfaisant. Si, en 2013, de nombreuses voix avaient salué la déroute des djihadistes, aujourd’hui elles s’interrogent sur les raisons profondes d’une guerre sans fin qui déchire le pays.

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Si, en 2013, la violence était confinée au Nord du Mali, aujourd’hui elle a embrasé le centre, le sud et jusqu’à la capitale Bamako. Si les attaques terroristes y sont légion presque quotidiennement, elles touchent aussi largement les pays voisins : Niger, Burkina Faso et Côte d’Ivoire. Loin de reculer, cette violence s’est généralisée à tout le Sahel.

Serval a cédé le pas à Barkhane impliquant le Tchad. Face aux nouveaux défis, la réponse a été la création, sous inspiration française, du G5 regroupant les armées du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Tchad et de la Mauritanie. L’Algérie, pièce maîtresse de tout dispositif sécuritaire conséquent dans la sous-région, n’en fait pas partie. Serait-elle un obstacle aux appétits français de domination de la zone sahélienne ?

Présenté comme le nouveau bouclier antidjihadiste, le G5 ne fait plus illusion, n’innovant en rien par rapport aux stratégies mises en place depuis Serval. Le même aveuglement persiste quant aux causes profondes endogènes et exogènes de la violence au Sahel. Les convoitises minières, géopolitiques et géostratégiques sont ensevelies sous les discours lénifiants contre le djihadisme et le terrorisme. Le manteau religieux cache les véritables enjeux économiques et financiers d’une guerre de prédation coloniale qui ne dit pas son nom. Le Sahel est ainsi devenu un immense champ de bataille où s’affrontent des visées impérialistes occidentales et arabo-salafistes.

Dans le cas spécifique du Mali, les agendas se précisent en vue d’une partition de fait du pays à travers des réformes politiques et institutionnelles imposées de l’extérieur.

Mais une nouvelle donne a surgi : la prise de conscience d’une jeunesse déterminée à se faire entendre et non prise en compte dans l’équation décidée par-dessus la tête des populations. Nombreuses sont aujourd’hui les voix dénonçant le comportement de l’armée française sur le terrain et sa complicité avec les groupes armés et réclamant de vive voix le départ des troupes étrangères.

Les populations veulent avant tout construire la paix en allant vers un dialogue national inclusif pour faire émerger un pays nouveau, sans ingérence extérieure. Et cela est possible si l’économie souterraine du narcotrafic gangrenant la sous-région est combattue efficacement. Pour construire la paix, il est indispensable de procéder à un désarmement général de tous les groupes armés.

Aucune solution imposée du dehors ne saurait construire la paix au Mali et au Sahel. La solution militaire a atteint ses limites. Il est déraisonnable de continuer à imposer un ordre politique, économique, institutionnel favorable aux seuls intérêts des grandes puissances et des multinationales.

L’OTAN doit arrêter ses expéditions guerrières dans le monde. L’intervention militaire en Libye, sous la férule de Nicolas Sarkozy, pour de sombres desseins et en outrepassant les résolutions des Nations unies, porte la genèse de la déstabilisation de l’Afrique sub-saharienne, dont le Mali. Aujourd’hui, la France peut et doit changer de politique en mettant un terme à ses interventions militaires extérieures et procéder à la fermeture de ses bases militaires surtout en Afrique.

Construire un monde de paix est possible en respectant la souveraineté des peuples. Au Mali et à l’Afrique d’assumer pleinement leur destin en toute indépendance !

Pr Issa N’Diaye

 

Source:  Inf@sept

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