Apparemment, le guide de Badalabougou ne veut plus tenir sa promesse de se retrancher dans sa mosquée, comme il avait assuré, il y a seulement une semaine. Et pour cause, sa sortie déferlante le vendredi passé a averti plus d’un que le Cheick Mahmoud DICKO ne peut plus se passer d’inquiéter les pouvoirs en place, et dans la plupart des cas, les faire courber l’échine. Ainsi, fidèle à ses habitudes, il a lancé, vendredi dernier dans sa mosquée, une véritable pique à l’endroit du pouvoir en place qu’il traite de tous les noms d’oiseau sans citer nommément mais chacun s’y reconnaîtrait.
Comme on pouvait s’y attendre, le sermon de l’imam de Badalabougou a défrayé les chroniques sur les réseaux sociaux durant tout le week-end. Les fidèles de Mahmoud DICKO et des millions de Maliens n’ont pas eu droit à une pêche ordinaire à quelques jours du mois béni de Ramadan, comme dans les autres mosquées de vendredi. En lieu et place, ce sont des diatribes contre le gouvernement en place qui ont animé ce sermon vendredi dans sa mosquée.
Selon l’Imam DICKO, le gouvernement en place est fondé sur du mensonge.
« On ne peut pas gouverner sur du faux. Tout est faux chez eux. Voilà des gens qui se magnifient sur du faux. Ils mentent sur eux même, en faisant croire qu’ils maîtrisent tout. Ils mentent au Peuple et au monde entier, faisant croire qu’ils ont réglé tout en un temps record, alors que c’est faux », a-t-il clamé !
Il n’a pas manqué de proférer sa phrase fétiche à l’endroit des plus hautes autorités : « L’affaire est à présent finie ».
Ces propos ont fait l’effet d’une bombe sur les réseaux sociaux et mis mal à l’aise plus d’un Malien qui trouve que l’imam de Badalabougou exagère un peu, vu le contexte actuel du pays. Une évidence, que cette sortie n’a pas été bien accueillie par la grande majorité des Maliens, contrairement en 2020, où il était le chouchou de tout un peuple qui le prenait pour son sauveur.
A l’époque, il faisait mobiliser des milliers de personnes sur le boulevard de l’Indépendance contre le défunt régime tombé à la suite de la série de manifestations planifiées sous ses ordres et consignes.
Après les mêmes diatribes contre le Premier ministre Moctar OUANE, qu’il traitait de froid et distant, le gouvernement Ba NDAW n’a pas pu résister à la tempête religieuse venue de Badalabougou.
Pourtant, après quelques mois de silence, les observateurs ont cru que pour cette fois-ci l’imam faiseur et chasseur de roi, s’il en est, allait laisser la transition s’acheminer à bon port, bien que certains observateurs continuent à méfier de lui.
D’ailleurs, l’Imam Mahmoud Dicko s’est expliqué sur son silence lors de la cérémonie de lancement du pacte social pour une sortie de crise du Mali, organisé par la coordination des Kel Ansar et allié, le dimanche 20 mars 2022, au Centre international de conférences de Bamako.
Cette cérémonie était placée sous son haut parrainage.
Retranché dans sa mosquée, depuis sa cérémonie de lecture de Coran, en novembre 2021, l’imam Mahmoud Dicko est sorti de son silence. Interrogé sur les raisons de son long silence, l’imam Dicko avait répondu : « J’ai décidé de ne pas parler parce que la majeure partie de la population se retrouve dans ce qui se fait. J’aimerais dire aux uns et autres que l’Imam ne parle pas pour deux raisons, après avoir constaté, remarqué et observé que la majeure partie de la population se retrouve dans ce qui se fait par les autorités, même si je ne suis pas d’accord, je respecte ce choix. Constatant le choix de ce peuple, j’ai décidé de ne pas parler. La deuxième raison, c’est que j’ai décidé d’observer, de méditer sur la situation du pays qui l’inquiète », a-t-il dit.
Mais cette sortie du vendredi de notre guide de Badalabougou prouve à suffisance que l’éternel bourreau des régimes du Mali ne veut abandonner son habitude de faire élire et/ou de chasser qui il veut.
En tout état de cause, les Maliens commencent à bouder les sorties du guide tant adulé dont les agissements commencent à lasser plus d’un qui aspirent à une stabilité.
Comme le dit l’adage, le monstre qui sort sa tête à chaque occasion finit par ne plus faire peur.
PAR CHRISTELLE KONE
Source : Info-Matin