Les cours des matières premières continuent leur chute et, selon les experts, ne devraient pas remonter de sitôt. Cette tendance inquiète les miniers et ne profite pas vraiment aux consommateurs.
L’or est l’une des principales richesses du Mali, qui est le troisième producteur africain après l’Afrique du Sud et le Ghana. L’exploitation de ce minerai génère des ressources non négligeables pour le budget de l’État, en moyenne 250 milliards de francs CFA de recettes fiscales, pour une production d’environ 50 tonnes. Mais cette industrie est quelque peu menacée par la chute continue sur les marchés mondiaux des cours des matières premières, à commencer par l’or. Depuis le deuxième semestre 2015, le métal jaune a perdu 10,7% de sa valeur, avec une chute sous la barre symbolique de 1 000 dollars américains l’once (entre 24 et 33 grammes d’or selon les pays, ndlr) en fin d’année. En ce début février 2016, il s’échange autour de 1 060 dollars l’once, un niveau qu’il n’avait pas atteint depuis 2010. Sa faible performance sur les marchés entraîne, de fait, un ralentissement de l’industrie minière, notamment des nouveaux projets d’exploration.Cette situation, qui pourrait cependant s’inverser dans les mois à venir selon les experts, suscite des inquiétudes auprès des miniers maliens. Les opérateurs du secteur emploient chacun des dizaines de sous-traitants, à leur tour pourvoyeurs de centaines d’emplois, et qui pâtissent au premier chef de cette chute des cours. « Les activités risquent de ralentir et les miniers vont vouloir eux aussi freiner. Il y a même un risque de plans sociaux, de licenciements pour raison économique, afin de minimiser les charges en attendant des jours meilleurs », explique un opérateur malien. Autre incidence de ce ralentissement de l’activité minière, la baisse des ressources que l’État perçoit, à travers les impôts et taxes, alors que le budget 2016 table sur un record de 2 000 milliards de francs CFA.
L’or étant moins cher, on pourrait penser que les consommateurs maliens seraient pris d’une fièvre « jaune ». « Ce n’est pas du tout le cas », explique pourtant Mohamed Sow dit Mambé, bijoutier à l’Artisanat. « Les gens n’ont pas d’argent et bien que le prix de l’or baisse, nous ne vendons presque rien. Fin 2015, nous avons même cassé les prix pour doper les ventes mais sans trop de résultats », poursuit-il. Selon Malamine Diarra, également bijoutier, l’or se vend aujourd’hui un peu plus cher qu’en fin 2015, 19 000 francs CFA le gramme de 18 carats travaillé, contre 18 500 en décembre dernier. « La baisse ne dépasse jamais 1 000 francs CFA, alors que l’argent ne coûte que 900 francs CFA le gramme. La crise a donc fini de détourner les clients de l’or », ajoute-t-il.
Mais pour Fousseyni Diakité, consultant, il ne faut pas être pessimiste. Alors que la Banque mondiale prévoit un recul des prix des métaux précieux de 8 % en 2016, l’expert estime que l’on peut espérer une légère mais constante remontée du cours de l’or. Selon lui, les facteurs essentiels de cette tendance à la hausse seront le taux d’intérêt de la FED, la banque centrale américaine, mais surtout une demande plus accrue de métal jaune.
La rédaction