Le Consortium Tuwindi, Amnesty International-Mali et Free Press Unlimited a procédé, hier mardi, au cours d’une conférence de presse, à la présentation de deux rapports (Sira et Xensa). Le premier rapport fait état de 187 cas de violations des droits de l’homme dans 60 localités du pays tandis que le second dénonce des lenteurs dans la mise en œuvre du plan gouvernemental.
La publication de ces rapports s’inscrit dans le cadre du projet de l’Observatoire Citoyen contre l’Impunité et Pour la Recevabilité (OCCIPRE), financé par l’UE et s’est déroulée en marge de la Journée Internationale de la Liberté d’expression. Par ces rapports, le consortium se fixe l’objectif de contribuer à la réduction de l’impunité des violations des droits de l’homme, des crimes économiques et des cas de corruption au Mali.
Ce second rapport SIRA (Système Intégré de Rapportage et d’Analyse d’Amnesty International-Mali) dénombre 187 cas de violations des droits humains dans 60 localités du pays. Parmi ces cas, 67 concernent des violations commises au cours du premier trimestre de l’année 2021, sur l’ensemble du territoire national.
Le document précise que Bamako et les régions de Koulikoro, Ségou et Sikasso ont enregistré cumulativement 26 cas, Gao et Tombouctou, 11 cas, tandis que la région de Mopti, à elle seule, comptabilise 30 cas. Selon Ramata Guissé, Directrice exécutive d’Amnesty International-Mali, une dizaine de ces cas concernent les atteintes à la liberté d’expression.
Renforcer le dispositif sécuritaire
Face à cette situation, le consortium recommande aux autorités de la Transition de ramener l’Etat dans les régions les plus reculées, confrontées aux violations de droits humains. Il fait référence aux régions de Ménaka, Gao, Tombouctou, Mopti et une grande partie de Ségou. Il demande aussi à renforcer le dispositif sécuritaire au niveau des checkpoints et de mettre à la disposition des forces de défense et de sécurité les moyens qu’il faut pour sécuriser les populations et leurs biens.
De plus, le consortium appelle » le gouvernement à faire face aux engagements pris lors des négociations avec les différents syndicats « . Cela, pour satisfaire la demande sociale et permettre à la population de bénéficier des droits les plus élémentaires (droit à l’eau, à l’électricité, à l’éducation et à la santé). Il exhorte aussi l’Etat à améliorer l’accès à la justice pour les victimes, à ne pas restreindre l’espace civique en interdisant les manifestations ou en les réprimant, à intensifier la lutte contre l’impunité.
A l’endroit des organisations de la Société civile, il leur demande de s’organiser davantage et travailler en synergie pour une meilleure protection des droits humains.
Absence de l’Etat dans plusieurs zones
Pour ce qui est du rapport de Xensa, une plateforme de contrôle citoyen, il fait un point succinct de la mise en œuvre du Plan d’Action Gouvernemental. Selon Oumar Ben Haïdara, la mise en œuvre de l’Accord d’Alger traine à cause de la demande de sa relecture. Le rapport pointe également du doigt l’absence des services sociaux de base dans plusieurs zones du pays. Il déplore aussi le fait que l’audit des institutions n’a pas été fait et qu’il n’y a toujours pas de moratoire sur les grèves.
En ce qui concerne la réorganisation territoriale, le document souligne que la population ne semble pas adhérer au projet de découpage administratif et appelle au dialogue. Alors que son rapport fait état de la réalisation, à hauteur de 50% des actions relatives aux réformes, notamment la publication du calendrier électoral, le consortium estime qu’il est toujours possible de mettre en place l’organe unique de gestion des élections et demande à revoir le nombre des députés à l’Assemblée nationale pour plus de représentativité.
Moussa Sayon CAMARA
Source: l’Indépendant