On parle de puberté précoce lorsque les modifications qui font passer de l’enfance à l’étape adulte surviennent avant l’âge de 8 ans. Dr. Ibrahim Traoré, médecin résident en gynécologie au CHU Hassan II, a accepté de nous entretenir sur le sujet.
La puberté précoce peut être aperçue comme l’évolution du corps d’un enfant qui commence à se transformer en celui d’un adulte plutôt que prévu. Ce phénomène apparaît généralement entre l’âge de 8 ans à 13 ans chez les filles et entre 9 ans à 14 ans chez les garçons.
Selon Dr. Ibrahim Traoré, la puberté désigne la période de transition entre l’enfance et l’âge adulte. “Elle se caractérise par le développement des caractères sexuels secondaires, l’accélération de la vitesse de croissance, la survenue des règles et l’acquisition de la capacité de reproduction. La puberté débute dans 95 % des cas entre 8 et 13 ans, bornes qui définissent les limites de l’avance et du retard pubertaire. Ainsi une puberté qui survient avant l’âge de 8 ans est appelée puberté précoce. Le terme « adolescence » évoque lui plutôt les aspects psychologiques, comportementaux, socioculturels et relationnels de cette période de la vie. La puberté précoce concerne aussi bien les filles que les garçons. Chez la fille, les signes cliniques prédominants sont le développement des seins, l’apparition des règles et le développement de la pilosité pubienne avant l’âge de 8 ans. Chez le garçon ce sont surtout une augmentation du volume testiculaire, accélération de la croissance, accentuation de la libido avec des érections”, développe notre toubib.
Pour reconnaître les différents symptômes, l’autodiagnostic est généralement possible. Chez les garçons, les symptômes se manifestent par l’augmentation du volume des testicules et du pénis, une voix plus basse et des poils sur le visage.
Chez les filles, elle se caractérise par le développement des premières règles, le développement des hanches, la poitrine qui s’élargit, des poils aux aisselles et autour du pubis. Le diagnostic peut aussi être fondé sur des radiographies et aussi des analyses de sang.
Il existe trois types de puberté précoce : la puberté précoce centrale qui est globalement plus fréquente chez les filles : ce type de puberté est déclenché par la sécrétion prématurée de certaines hormones sexuelles ; la puberté précoce périphérique est beaucoup moins fréquente : sa sécrétion d’œstrogènes ou de testostérone n’est pas stimulée par les gonadotrophines de l’hypophyse ; la puberté incomplète qui est le développement prématuré de quelques signes de puberté chez certains enfants : généralement les seins ou les poils pubiens se développent de manière prématurée sans autre changement.
Pour un traitement assez adéquat, le gynécologue Ibrahim Traoré conseille que “lorsque les parents constatent les signes de puberté chez leur enfant à un âge inhabituel, la première des choses à faire, c’est de consulter un médecin”. Ce dernier, poursuit-il, va procéder par un interrogatoire bien détaillé, analyse du carnet de santé et de la courbe de croissance. Ensuite un examen clinique, un bilan sanguin, une radiographie de la main et du poignet gauche à la recherche d’un âge osseux.
“Chez la fille, une échographie pelvienne est demandée pour mesurer la taille de l’utérus et des ovaires. Cette démarche a pour but de déterminer là où les causes possibles de la puberté précoce qui peuvent être médicales, environnementales, obésité et surpoids. Le traitement généralement utilisé est une injection d’hormones qui agit directement sur la commande centre de la puberté. Une approche psychologique est indispensable vu que l’une des conséquences de la puberté précoce est un trouble du comportement. L’apport des parents est aussi capitale”, renseigne-t-il.
Le traitement dépend du type de puberté précoce, mais peut comprendre un traitement hormonal substitutif. Chez les filles, le temps de la puberté précoce dure environ 4 ans et chez les garçons elle dure environ 4 à 6 ans.
La puberté précoce non traitée peut entraîner chez la petite fille une petite taille et des problèmes de fertilité à l’âge adulte. Ce sont des signes à surveiller et la prise en charge est pluridisciplinaire.
Aïchatou Konaré
Mali Tribune