La prostitution est un business qui fleurit bien au Mali. A chaque coin de rue où pousse un bar, se trouve ce recoin prisé. Cette pratique, qui est un tabou au Mali, a de beaux jours devant elle.
Aujourd’hui, à l’ère des villes à plusieurs millions d’habitants, le phénomène de la prostitution est presque devenu une industrie. Partout, dans chaque quartier, des maisons closes existent et ne désemplissent pas.
Nous avons rencontré Salif, gérant d’une maison close dans un quartier populaire de Bamako. Il loue ses chambres à 2000 FCFA la nuit à des jeunes filles, parfois des mineures, qui y reçoivent des hommes. Pour lui, c’est l’aspect lucratif qui est l’essentiel. La question morale et religieuse compte peu, pourvu qu’il dégage assez de bénéfices chaque nuit : « Je vis de cette activité depuis 5 ans. Le promoteur du coin me paye et je vends des boissons ici. J’ai une famille à prendre en charge. Donc, pour moi, c’est une activité comme toute autre. »
Hypocrisie
« Ils sont nombreux, ces hommes qui nous critiquent dehors. Mais faites un tour ici la nuit, vous les verrez ici louer les services des professionnelles du sexe », ajoute-t-il, dénonçant, selon lui, une hypocrisie.
Bijou, on l’appellera ainsi, a 24 ans. Depuis bientôt 7 ans, elle connaît comme le fond de sa poche tous les maquis de Bamako. « Je suis devenue prostituée suite au décès de ma mère. La nouvelle femme de mon père me traitait très mal, et c’est ainsi que je me suis retrouvée dans la rue ».
C’est auprès d’une autre professionnelle du sexe qu’elle trouve, ironise-t-elle, « le salut ». Cette dernière l’amène d’abord dans une maison close où elle fait la lessive, puis a intégré peu à peu le cercle. « Elles me payaient, mais j’y passais la nuit, et les hommes qui fréquentaient les lieux ont commencé à m’aborder. C’est ainsi que je suis passée d’une lavandière à une professionnelle du sexe », raconte-t-elle. Avant d’ajouter : « Personne n’entre dans la prostitution par simple plaisir. Quelque chose nous y contraint toujours, une fois dedans, on se retrouve prisonnière. » Cela reste un avis personnel.
Une clientèle variée
Ici, tout le monde est client : célibataires, hommes mariés, étudiants, personnes aisées ou non. Tout le monde y passe, explique cet autre gérant d’une autre maison close, située dans un quartier périphérique de Bamako. Souleymane, étudiant, y est un abonné fidèle : « C’est simple ! Pas de tracasseries, tu payes, tu te sers. Ici, j’ai même une cliente spéciale. Je suis comme son mari, elle me confie son argent, elle m’aide même financièrement quand j’en ai besoin ».
Il y a un côté de cette pratique qu’il ne faut pas négliger : l’exploitation des filles vulnérables à des fins sexuelles. Pour Bijou, une travailleuse du sexe a besoin d’être protégée. Raison de plus pour tisser une relation avec un homme. Dans ce milieu, le proxénétisme est monnaie courante, mais comme on pouvait s’y attendre, personne ne veut témoigner au risque de se faire identifier.
Source : benbere