Faut-il ou pas prolonger la durée de la transition ? Voilà la question qui divise actuellement les Maliens. Certains sont pour et d’autres contre. Mais dans tout cela, c’est la position du Cherif de Nioro Bouyé Haïdara qui est étrange. Il demande la prolongation du délai de la Transition. Après une grande manif tenue dans son fief, à Nioro, le Chérif a plaidé devant la Cedeao pour demander de proroger le délai de la transition. À quelles fins ?
Morceaux choisis de son plaidoyer : « …. Au départ, il y a le régime de Modibo Keita, qui avait reçu un grand soutien du peuple. Mais, il s’est rapidement effondré à cause de la déviation de sa politique ayant conduit à son renversement par un coup d’État mené par de jeunes officiers de bas rang. Mais, c’était un coup d’État « blanc » dans le sens où aucune goutte de sang ne fut versée. Et leur règne a duré une vingtaine d’années, à la fin duquel il a été confronté à une révolution et à la destruction des équipements et biens publics. L’affaire s’est soldée par la prise du pouvoir par un groupe d’officiers de l’armée, pour entamer un nouveau chapitre de souffrances ayant a plongé notre peuple épuisé dans une mer de conspiration sous l’habillage du jeu de la démocratie hors de contrôle et de mesure.
Ainsi, les politiciens ont commencé à manger le peu qui restait de ce peuple émacié et appauvri. Ensuite, Messieurs, la transformation a eu lieu au début des années 90 avec les mêmes décisions improvisées qui ont fait le lit du coup d’État perpétré par Amadou Toumani Touré. Le délai prescrit de 14 mois a été respecté ; mais, la prise en compte de la réalité du pays n’a pas été respectée. Et nous rappelons ici la citation à méditer de l’homme politique américain (James Freeman Clark), disant en substance ceci : « Le politicien regarde son avenir électoral immédiat, alors que l’homme d’État regarde l’avenir des générations futures ».
Distingués participants, les meurtrissures douloureuses du passé nous ont fait prendre conscience que les politiques d’improvisation ont de graves conséquences pour les peuples, et que toute politique qui n’est pas basée sur une vision réaliste, prenant en compte la réalité du pays, prenant en compte ses conditions, tout en évaluant son niveau social, ne peut apporter une solution idoine et durable aux souffrances complexes d’un pays fragmenté et d’un peuple épuisé. Distingués peuples, nous sommes un peuple qui a souffert pendant plus de trois décennies de ces politiques subversives qui ont terni l’image de la démocratie à cause d’une classe politique qui a continué à diviser le peuple au nom de la démocratie pour vivre de sa sueur, sur son dos, et sucer son sang.
Toutes choses qui ont paralysé l’élan de développement. Et, il ne restait plus dans le pays que des journaux et des slogans creux et brillants. Les politiciens rivalisent pour récolter leurs fruits en les vendant à des partis étrangers et locaux. Avec le renversement du régime et le sang versé, certaines propriétés publiques et privées ayant été vandalisées, et après que la tension ait atteint son niveau élevé, un groupe d’officiers est intervenu et a pris le pouvoir de manière pacifique et a renvoyé les groupes de gens en colère à leur quartier général. Il a commencé par étapes régulières dans le sens de la restauration du prestige du pays. En tant que citoyens jaloux de notre pays, et notre voix représente une base populaire importante, nous soumettons une demande à votre estimé groupe et à tous les pays amis intéressés par la stabilité et le progrès de notre pays, pour soutenir l’option de donner à ce gouvernement de transition un possibilité de prolonger la période de transition d’une manière qui satisfasse à la consolidation des règles de l’État après ce qu’il a subi de commotions cérébrales qui ont ébranlé tous ses piliers et à tous les niveaux.
Si leur gouvernement évolue au même rythme de développement, alors, c’est ce que nous espérons… »
Si IBK avait réussi son premier quinquennat on allait dire que c’était à cause de la bénédiction du Chérif Bouyé Haïdara de Nioro et de la mobilisation faite par l’imam Dicko (Président du Hcim) dans les mosquées. Comme il a échoué à donner satisfaction au peuple malien personne ne parle aujourd’hui des bénédictions faites par le Chérif de Nioro à IBK mais tout le monde évoque son bilan catastrophique et son incapacité à gérer le pays.”Je suis votre fils d’hier et de demain et vous avez tout pouvoir sur moi” s’exprimait ainsi le Président de la République qui a fini par être contraint à la démission le 18 Août 2020 après plusieurs semaines de manifestations populaires.
C’est ce même Chérif Bouyé Haïdara qui demande et qui se bat pour la prorogation du délai de la transition. À quelle fin ? Sur la base de quel bilan ? Avec quelle garantie ? Voilà autant de questions qui taraudent les esprits des Maliens.
Tientigui
Source : Le Démocrate