La grande parenthèse collaborationniste ouverte ces dernières années par des partis politiques n’appartenant pas à la formation du dernier président qu’ils ont rejoint pieds joints, proclamant véhémentement qu’ils sont de sa majorité, ne devrait-elle pas être fermée ? Cet alignement, hélas, a eu comme résultat de dévoyer ces partis, de les sortir de leur ligne idéologique et d’entraver le débat et l’apport d’idées contradictoires nécessaires à toute démocratie. La gestion inclusive du pouvoir, cette grande mêlée, doit être proscrite.
Pour l’heure, acceptons une gestion paritaire entre l’armée et les civils. Soyons froids et placides, lucides et pragmatiques. L’armée est le cœur à la fois perturbateur et régulateur du pouvoir. Et par une ironie du sort, plus l’exécutif, assurée de l’avoir avec lui, verrouille ses portes, plus l’armée, impromptu, les déverrouille sur ses arrières ou dans l’épicentre de son dispositif.
Est-il opportun de souligner que tous ces héros sublimés à travers leur épopée, devenue notre épopée nationale, sont des seigneurs de guerre ? Tous sans exception ont arraché le pouvoir, qui avec des flèches et des arcs, qui avec des épées et des sabres, qui avec des fusils, des révolvers, des mousquetons d’artillerie, qui avec des canons. Peu importe que leurs actions fussent habillées de discours justificatifs : libération des peuples du joug de l’esclavage, de l’idolâtrie, de l’arbitraire, de la colonisation, de la dictature des potentats de tout acabit. Tous ont été et restent des « sauveurs », « suprêmes », pour la plupart d’entre eux. Que cela enchante ou pas, le décochage ou le crépitement des armes est toujours là. Que faire alors ? Comment composer avec la frange armée de la société ? Le formulaire lapidaire dont on se gargarise : « il faut que les militaires rentrent dans leurs casernes et remettent le pouvoir aux civils » suffit-il à résoudre nos maux, à guérir nos plaies, à ramener nos victimes sur terre ? Les civils seraient-ils des immaculés ? Suffit-il qu’ils soient au pouvoir pour garantir la paix et la sécurité, remplir leur contrat social avec le peuple face aux défis à relever que l’on peut loger dans le générique développement économique, social, sanitaire, éducatif etc. ?
Mais qu’on se le tienne pour dit ! Même si la mission de la Transition est pro tempore, elle ne devrait jamais oublier, fondamentalement, de relayer la vox populi, la voix du peuple, car les seuls garde-fous du pouvoir sont le peuple, le peuple, forteresse inexpugnable, héros sublime des temps ! Il peut être bridé, réprimé, mais il finit toujours par se réveiller. Aussi intransigeant envers l’imposture qu’il l’a été à l’intimidation, le peuple du Mali, gageons-le, restera débout sur les remparts.
La dignité du peuple, voilà le maître mot ! La problématique des valeurs, voilà la question centrale ! Fixons un seuil de vertu républicaine dans nos actes, nos comportements, nos rapports aux institutions, en termes de places, d’avantages, de privilèges, pour les familles, les proches, les relations, le