Le Conseil de Sécurité de l’ONU a prolongé, à compter du jeudi 29 août dernier, à l’unanimité son régime général de sanctions au Mali qui peuvent être imposées aux individus contrevenant à l’Accord de paix de 2015. Le Conseil de Sécurité a adopté à l’unanimité, ce jeudi 29 août 2019, une Résolution renouvelant pour un an le régime de sanctions frappant certains individus ainsi que la mission de surveillance du Panel d’Experts, chargé de recenser les actes de violations de l’Accord de paix de 2015.
La séance du Conseil de Sécurité a duré exactement deux minutes, jeudi dernier. La Présidente polonaise a soumis aux voix participantes le texte rédigé par la France. À l’unanimité, tous les Ambassadeurs ont levé la main. Les 15 membres ont ainsi adopté la Résolution 2484.
Il faut dire que rien n’a presque changé au Mali par rapport à l’année dernière. Les sujets d’optimisme sont rares. La proposition française s’appuyait sur le Rapport annuel du Panel d’Experts publié au début du mois. Dans ce long document d’enquêtes, les Experts de l’ONU ont fait un tour d’horizon de la situation dans le pays et détaillé tout ce qu’ils estiment être des cas de violations graves ou flagrantes de la teneur de l’Accord d’Alger de 2015.
À Bamako, disent les Experts de l’ONU, les promesses d’accélération des réformes institutionnelles n’ont pas été tenues. Le processus de désarmement et de réintégration des 63.000 combattants n’a pas commencé. Et la démission du Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga en avril n’a fait que ralentir les choses.
Dans le Nord du pays, les Experts démontrent que la situation est toujours aussi inextricable. Les querelles incessantes entre Groupes armés ou à l’intérieur même des Groupes politico-militaires minent tout effort de coordination des différents acteurs. À cela s’ajoute la collusion de certains éléments avec des Groupes terroristes, notamment le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (JNIM, en arabe).
Les Experts dénoncent le phénomène de Bureaucratie abusif perturbant l’aide humanitaire, particulièrement à Kidal. Et ils détaillent enfin les très lucratifs trafics (de migrants, de cannabis ou de cocaïne) auxquels s’adonnent dans le Sahel certaines personnalités connues. Selon leurs enquêtes, il s’agissait non seulement des acteurs politiques, mais aussi des complices des réseaux criminels actifs allant de la Mauritanie au Niger et de la Guinée Bissau au Sénégal. «Les intérêts des Groupes armés dans le crime organisé, expliquent les Experts, fournissent une motivation supplémentaire pour perturber ou ralentir la mise en œuvre de l’Accord d’Alger ».
Au regard des sanctions retenues contre ceux qui entravent la mise en place de l’Accord, on peut se demander si les sanctions ont-elles changé quelque chose dans la mise en œuvre de l’Accord qui continue de piétiner. Vu le comportement de ces personnalités, n’est-il pas temps de penser à d’autres formules pour amorcer un bon départ ? Notamment la révision de cet Accord aujourd’hui contesté de part et d’autre des parties signataires.
K. Komi
LE COMBAT