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Prolongation de la Transition: des politiciens s’opposent au Chérif de Nioro

Comme sur un air de déjà vu, irons-nous vers une confrontation entre les politiques peu courageux qui se cachent derrière un verbiage affligeant et les religieux, notamment le puissant Cherif de Nioro du Sahel qui n’a jamais fait mystère sur ses convictions ? En se liguant comme des amoureux transis de l’opinion la cohue de responsables de partis politiques, regroupements de partis politiques du Mali, en clair des leaders de l’ancien majorité aujourd’hui à l’écart de la gestion du pouvoir, donne la nette impression au mieux d’affamés qui cherchent à manger aux mires des couards qui rechignent à répondre directement à un chef religieux qu’ils avaient traité hier du haut de leur arrogance d’hybride. Que veulent ces politiciens de dimanche qui ne savent que se pavaner dans les hôtels de luxe à Bamako et à travers le monde, ignorant toutes les réalités que vivent nos populations ?

 

Même s’il n’est clairement nommé dans la déclaration dite « pour une Transition réussie » l’allusion au Chérif de Nioro s’impose d’évidence. Pour tous ceux qui lisent entre les lignes de l’actualité, la sortie de cette classe politique virée du pouvoir voilà une année bientôt (à laquelle Mara a eu la mauvaise idée de s’associer) est on ne peut plus claire : c’est une réponse peu élégante et peu courageuse à la sortie du Chérif de Nioro.
En effet n’est-ce pas faire aux autorités de Transition un procès d’intention que de leur demander «de confirmer leur engagement à respecter ces échéances par la publication d’un chronogramme détaillé de tâches allant dans ce sens et par l’abandon de tout projet susceptible de mettre en cause ce délai ».
Parce qu’après tout, quoiqu’acteurs majeurs du processus, les politiciens surtout ceux du dimanche sont loin d’être représentatifs de notre peuple devant lequel les autorités se sont engagées.
Encore qu’aucune autorité de la Transition n’a avancé autre chose jusqu’ici que la volonté unanime de tous de respecter le délai des 18 mois. Soupçonner les autorités de la Transition de vouloir s’éterniser à travers la conduite des réformes serait leur faire un sordide procès en sorcellerie.
Si ce n’est pas la Transition qui est visée ?
La cible des endimanchés est donc très clair : c’est Cheick Mohamed Bouyé HAÏDARA, le chef spirituel des millions de hamallistes à travers le Mali.
En effet, en disant affirmer « sans ambiguïté (leur) attachement au respect scrupuleux de la période de la transition et donc de la date retenue pour les prochaines élections générales (Présidentielles et législatives), à savoir le 27 février 2022 », il est clair que les politiciens qui se retrouvés dimanche à l’Hôtel veulent répondre au Chérif de Nioro sans donner l’air de s’opposer à lui.
Parce qu’il est la seule haute autorité malienne, le seul leader malien dont la voix porte à avoir clairement prôné une prolongation de la Transition.

En effet, vendredi dernier, le Chérif de Nioro a pris le contre-pied du diplomatiquement correct pour mettre le pied dans le plat du consensus intenable sur le délai de la Transition.
Le Saint Homme qui ne passe pas par quatre chemins pour étaler ses opinions préconise une nécessaire prolongation de la Transition au-delà des 18 mois de délais imposés par la Communauté internationale.
Jusqu’à qu’à quand ?
Deux à trois ans estime le guide spirituel des hamallistes. Explications : «Si vous voulez qu’on avance, donnons-nous du temps. Nous maliens devons œuvrer à ce que cette transition soit prolongée si nous en avons l’espoir et l’intime conviction que les Autorités actuelles de la transition peuvent mieux faire».
S’agit-il d’une sinécure enveloppée dans une excellente prospective pour les nouvelles autorités de la Transition qui apparemment semble avoir choisi de fumer le calumet de la paix avec le puissant Chérif de Nioro dont un représentant siège au gouvernement ? Que nenni ! Que nenni !
Pour le marabout qui fait une lecture lucide de la situation et ses implications propose : «Nous nous devons de supporter les éventuelles sanctions et autres embargos en vue d’accorder du temps aux Autorités de la transition. Cependant, nous n’hésiterons pas à dénoncer également les Autorités actuelles de la transition si jamais elles ne se montrent capables à hauteur des attentes du peuple malien».
C’est contre cette sortie du Chérif qui pourrait faire boule de neige et emporte l’adhésion de la majorité de maliens que cette jonction politique se dresse. Point ne s’agit d’une ligue vertueuse pour une quelconque réussite de la Transition auquel cas, ils auraient consigné par honnêteté leur volonté de s’engager pour.
Mais nulle part dans le texte, ces fameux responsables de partis politiques, regroupements de partis politiques du Mali ne s’engagent pour la réussite de la Transition. Au contraire !
Pour cela, ils lancement un appel solennel (aux autres) au peuple malien, aux autorités de la transition et à l’ensemble des partenaires du Mali à l’effet de s’engager pour la réussite de la transition.
Non, comme le disaient les camarades des bons vieux temps : c’est « prêts partez » jamais « prêts, partons ».
La tâche, c’est pour les autres, à eux le confort et les privilèges !
Est-ce dès lors étonnant que cette coterie politicienne « mangeocrate » exprime sa très large « disponibilité à participer à toutes les initiatives de la transition pour asseoir une grande inclusivité dans la conduite des affaires publiques ».
Aussi, dupe et dupé sera le Premier ministre Choguel K MAÏGA de croire en la sincérité de ces leaders alimentaires quand ils disent soutenir « les initiatives visant à instaurer et renforcer la cohésion sociale, la stabilité et la sécurité du pays ».
Parce qu’on saurait soutenir la transition à gauche et la combattre à droite.
En effet la Transition et tous les partenaires du Mali disent qu’il faut des réformes préalables aux élections.
Ces grands habitués des hôtels qui ne connaissent rien du pool du pays à l’exception notable de Moussa MARA, Poulo et de Boubèye MAÏGA disent rejettent toute idée de reformes et décrètent que celles-ci sont l’œuvre du ‘’prochain pouvoir, issu des élections générales de fin de transition, (qui) devra impérativement travailler dans un esprit de rassemblement et d’inclusivité et conduire de profondes réformes’’.

C’est vraiment louable à ces politiciens qui ont fini de consumer leur crédibilité à travers des coalition de circonstance et un manque de courage triste et affligeant de vouloir accompagner utilement la transition politique encours jusqu’à son terme convenu dans la Charte librement consentie par le Peuple à la suite des concertations nationales de septembre 2020.
Mais ils seraient encore mieux qu’ils soient, comme on le dit, des démocrates et patriotes sincères, en se préparant pour les prochaines élections.
Parce que d’une part la «Charte librement consentie par le Peuple à la suite des concertations nationales de septembre 2020 » dont ils se souviennent aujourd’hui dit qu’une autorité (président, vice-président, Premier ministre, ministre, membre du CNT) de la Transition ne peut être candidat à la présidentielle ou à la députation.
D’autre part, est-il besoin de rappeler que quoique leader religieux le Chérif de Nioro est un citoyen qui jouit des privilèges de l’article 4 de la Constitution à savoir : « toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion, de culte, d’opinion, d’expression et de création dans le respect de la loi ».
«Je ne suis pas d’accord avec toi mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire », comme dirait l’autre.
Après cet épisode la ville de Nioro sera un sens interdit pour beaucoup….
Attendons seulement.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source : Info-Matin

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