Dans cette interview, Boubacar Sangaré nous parle de son livre « Être étudiant au Mali », dans ce livre, le jeune auteur met l’accent sur les difficultés liées au secteur de l’enseignement supérieur au Mali. Lisez plutôt…
Le Flambeau : Présenté vous à nos lecteurs
Boubacar Sangaré : J’ai étudié les Lettres modernes à la l’Université des Lettres et des Sciences humaines de Bamako. J’anime depuis 2012 le blog « L’Étudiant Malien » sur la plateforme Mondoblog de Radio France Internationale. Je suis ancien collaborateur des journaux La Nouvelle Patrie, Le Pays, Le Flambeau et Mondafrique (Paris), j’écris pour Les Échos, le Journal du Mali L’hebdo et le Courrier du Maghreb et de l’Orient. Aujourd’hui, je suis assistant de langue française à Bates College (Université) aux Etats-Unis. Je suis également l’auteur du recueil de nouvelles « Le Crépuscule » paru chez Edilivre (Paris).
Le Flambeau : De quoi parle votre ouvrage « Être étudiant au Mali » ?
- Sangaré : « Être Étudiant au Mali » est une compilation des chroniques que j’ai écrites entre 2012 et 2014, publiées dans les journaux Le Flambeau, La Nouvelle Patrie, Le Pays et sur mon blog « L’Étudiant Malien » hébergé par la plateforme Mondoblog de Radio France Internationale. Le livre parle de la vie des étudiants dans les universités, les difficultés auxquelles ils sont confrontés : les bourses qui n’arrivent pas à temps, de même que les trousseaux, grèves interminables des enseignants et des étudiants, corruption, violences, piston, favoritisme, népotisme…J’invite le lecteur à la découverte de ces réalités tristes qui ont fait du monde de l’enseignement supérieur un grand corps malade.
Le Flambeau : Qui est ce qui vous a motivé à écrire ce livre ?
- Sangaré : Je suis parti du constat que les réalités, les problèmes que je souligne dans ces textes sont absents dans les débats portant sur le redressement de l’enseignement supérieur. Or, ce sont des problèmes qui existent réellement et méritent d’être pris si on veut vraiment remettre de l’ordre dans le monde de l’enseignement supérieur. Ce livre est la modeste contribution d’un étudiant à ces débats.
Le Flambeau : Pourquoi l’avez-vous titré, ‘’être étudiant au Mali’’ ?
- Sangaré : Les chroniques qui sont dans ce livre ne parlent que des problèmes qui assaillent les étudiants sur le campus, dans les amphis, dans leur relation avec l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), les professeurs ainsi que l’administration. Ces textes expriment d’abord mon point de vue, mon ressenti mes impressions, mais beaucoup de mes camardes vont s’y retrouver.
Le Flambeau : Quels sont selon vous les problèmes de l’enseignement supérieur malien et que proposez-vous pour y remédier?
- Sangaré : Les maux qui rongent l’enseignement supérieur sont, entre autres, la corruption qui, pour reprendre l’éditorialiste Adam Thiam, « va jusque dans le système de notation des étudiants », le piston, les violences, le bas salaire (pour les enseignants), le pléthore dans les amphis au point que les profs ont beaucoup plus l’impression d’animer un meeting que de donner un cours magistral, absence de bibliothèques dignes de ce nom dans les facultés, les « Notes sexuellement transmissibles ». Il faut parler des choses telles qu’elles sont, ça ne sert à rien de maquiller la réalité… D’ailleurs, en 2014, le comité de pilotage de la concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur au Mali, installé par Oumar Tatam Ly, a remis à son successeur Moussa Mara un rapport où il fait presque le même diagnostic sans concession : insuffisances des textes législatifs et règlementaires, manque d’infrastructures pédagogiques et administratives adéquates, déficits en équipements laboratoires et en réseaux informatiques, et en matériels pédagogiques, inadaptation des filières de formation, occupation anarchiques des domaines du campus universitaire…La solution à ces problèmes nécessite l’engagement de tous les acteurs : étudiants, professeurs et Etat. Dans ce livre, je n’accuse pas que l’Etat ou les professeurs. Je dis aussi la responsabilité de nous les étudiants, est très grande dans la situation qui prévaut dans nos universités. Donc, la prise de conscience doit se faire à tous les niveaux. On a beau faire des reformes, tant que les mentalités ne changent pas, on ne bougera pas d’un iota.
Le Flambeau : Quels messages souhaiteriez-vous adresser à l’endroit des différents acteurs de, l’université, et plus précisément aux étudiants ?
Boubacar Sangaré : Je souhaiterais leur dire que tout le monde a un rôle important à jouer. Surtout les enseignants, car c’est à eux qu’il appartient aujourd’hui de sommer ces étudiants de se réveiller, de leur dire qu’il n’est pas trop tard pour le Mali, que beaucoup de choses ont évolué ailleurs, dans d’autres pays, et que cela ne reste pas impossible au Mali et aux Maliens. Il ne s’agit pas de se répandre en invectives contre eux dans les amphis, conférences, ouvrages et articles, mais de leur dire qu’ils ont tout avantage à aimer ce pays, à apporter leurs pierres à sa refonte. C’est uniquement cela qui peut nous aider à sortir de cette situation.
« Être étudiant au Mali », chroniques d’une vie d’étudiant, Boubacar Sangaré, Éditions La Sahélienne, 2016 Prix 4 000 francs CFA.
Réalisé par KANTAO Drissa
Source: Le Flambeau