La colère des maliens ne baisse pas autour du projet du projet de loi portant création des nouvelles collectivités territoriales, malgré Le début, hier 13 novembre des concertations régionales sur le projet de redécoupage administratif par le Gouvernement. Face à la sensibilité de cette question qui risque de créer une autre crise, le Président de la République doit surseoir tempérament à ce projet pour la stabilité du pays.
Depuis la fuite sur les réseaux sociaux du nouveau projet de redécoupage administratif, la tension est montée d’un cran. De Kayes à Kidal, en passant par Bamako, Sikasso, Ségou et Bla, les citoyens expriment leur ras-le-bol sur la question à travers des communiqués, des conférences de presse, des marches et sit-in. Si certaines localités réclament l’érection de leur circonscription en région, d’autres rejettent leur alignement à des nouvelles régions.
Face à la sensibilité de la question, le gouvernement a fait une volte-face en optant pour la tenue des conférences régionales sur les avant-projets de texte relatifs à la réorganisation du territoire. L’objectif de ces conférences est d’instaurer un dialogue national entre les acteurs pour éviter toute contestation autour du projet qui a ignoré au début certains critères, notamment les liens historiques entre les localités. En d’autres termes, aucun dialogue n’a été instauré au préalable pour recenser l’avis des populations locales. En un mot, le projet a été imposé aux citoyens. Une manière largement contestée non seulement par le monde politique, mais aussi par la société civile. D’où la volonté du gouvernement d’aller aux concertations.
Malheureusement, ces concertations régionales se heurtent déjà au refus de certaines localités qui veulent coûte que coûte l’érection de leur cercle en région. Du côté de l’opposition et de certains acteurs politiques, les concertations régionales sur le projet de redécoupage administratif sont une fuite en avant : « Elles sont improvisées et sèment les germes de la division, des tensions et des conflits entre les communautés».
Partant du constat de division autour de la question et surtout la tension qui anime certains citoyens, le Président de la république est dans l’obligation aujourd’hui de surseoir sur cette question comme la révision constitutionnelle. Le redécoupage administratif n’est pas forcément une priorité du moment à face à l’application de l’accord, à la satisfaction de la demande sociale et surtout l’organisation des élections législatives et régionales.
Depuis la fuite du projet de redécoupage sur les réseaux sociaux, c’est l’incompréhension, l’indignation et la colère dans le pays. Certains ressortissants, notamment ceux de Goundam, de Konna, de Kangaba demandent forcement l’érection de leur localité en région ou cercle. D’autres localités, notamment, Bla et certaines communes dénoncent leur ralliement à des localités plus éloignées.
Du coup, les concertations régionales qui ont débuté hier, d’ores et déjà sont vouées à l’échec, car chaque cercle veut être région obligatoirement. Face à ces remarques, IBK en tant que le premier responsable du pays doit trancher impérativement et définitivement cette question en mettant le dossier sous les terroirs. Faute de quoi, le projet risque de créer des tensions entre les citoyens et jouer sur la cohésion sociale. Pis, cette question est devenue une arme de désinformation pour certains hommes politiques d’incriminer le régime aux yeux des populations.
Y. Doumbia
L’Indicateur du Renouveau