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Projet de code électoral – situation du Mali : L’Opposition sur le pied de guerre

Non seulement le projet de loi électoral n’aura pas l’avis favorable des députés de l’Opposition à l’Assemblée nationale; mais surtout, le régime IBK trouvera sur son chemin les militants et sympathisants des partis politiques de l’Opposition s’il s’entête à faire passer ladite loi. Une décision irrévocable annoncée, le samedi 3 septembre dernier à la Maison de la presse, par les leaders de l’Opposition. Modibo Sidibé des Fare, Soumaïla Cissé de l’Urd, Sadou Diallo du Pdes, Hamidou Diabaté du Parena et Mamadou Oumar Sidibé du Prvm Fasoko étaient tous là pour exiger le retrait pur et simple ce projet et mettre en garde contre le chaos qu’il engendrera. Aussi, l’Opposition réitère sa demande d’organisation des concertations nationales afin de conjurer l’anarchie qui règne dans le pays. Pour se faire entendre, l’Opposition envisage une série de manifestations : un sit-in devant l’Assemblée nationale le 6 septembre prochain et une grande marche de protestation à Bamako et d’autres villes de l’intérieure, le 17 septembre.

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« Si ce projet de loi est voté en l’état, ses méfaits exposeraient le pays a beaucoup d’incertitudes. » Telle est la conviction des partis politiques de l’Opposition au Mali. Ainsi sont-ils déterminés à faire barrage à ce projet- concocté en violation des règles édictées en la matière- sur lequel l’Assemblée nationale se prononcera cette semaine. L’opposition estime le texte est porteur de germes préjudiciables à la démocratie de notre pays. Pourquoi ? Un chapelet de griefs a été égrainé par Modibo Sidibé, président des Fare. De prime abord, le projet introduit des dispositions nouvelles qui posent de sérieux problèmes d’interprétation. Le second couac a trait au mode de suffrage proposé dans le projet : le suffrage universel direct. L’opposition trouve que cela peut non seulement poser des problèmes au niveau des entités régionales dotées de pouvoirs exorbitants ; mais aussi accentuer le communautarisme, source de possible partition du pays.

Troisièmement, l’opposition n’approuve guère la tenue des élections des conseillers des collectivités territoriales à des dates différentes dans une ou plusieurs régions. Ce genre d’élection, estime-t-elle, entraine des conseils à mandats différents dans un même pays et fait planer le risque de partition du Mali. L’Opposition propose plutôt que l’Etat réunisse les conditions de bon déroulement des élections globales au niveau national.

Quatrièmement, le mode de répartition des membres de la CENI entre les partis de la majorité et de l’opposition pose problème. Ce système de répartition, basée sur le nombre de députés à l’Assemblée Nationale, met en cause la crédibilité même de la CENI. « Majorité et Opposition doivent avoir le même nombre de sièges afin de garantir des élections transparentes, crédibles et acceptables par tous. », déclare Modibo Sidibé, président du parti Fare.

Cinquièmement, l’opposition rejeté totalement le parrainage proposé des élus et le montant exorbitant du cautionnement pour les candidats à l’élection présidentielle. Les partis de l’Opposition préfèrent le statu quo à ces nouvelles dispositions, jugées antidémocratiques et discriminatoires.

Aussi, l’Opposition ne voit pas la nécessité de l’introduction du vote par anticipation des forces armées et de sécurité. « Toutefois, si ce vote par anticipation doit avoir lieu, des conditions doivent être remplies telles que la publication de la liste du nombre  d’agents des Forces  Armées et de Sécurité  votant par anticipation ; le dépouillement se faisant  en même temps que le reste du scrutin ; et le vote se faisant dans les mêmes conditions que celui des autres citoyens. », recommande-t-elle.

En revanche, les partis politiques de l’Opposition approuvent pas les dispositions relatives à la prise en charge de la loi sur le genre, même si elle trouve que des mesures doivent être prises pour une plus grande vulgarisation de la loi 2015/052.

Voilà des observations, autant sur le fond que sur la forme, qui ont amené l’Opposition à rejeter ce du projet de loi. Elle exige son retrait pur et simple. Pour le maire de Gao, Sadou Diallo, « le moment n’est pas propice à l’adoption d’une telle loi ». L’élu de Gao renchéri : « Si cette loi avait été votée  avant l’élection présidentielle de 2013, IBK ne serait pas président de la République, parce qu’il n’avait que neuf députés à l’époque. Cette loi met en péril la démocratie, parce qu’aucun fils de pauvre ne pourra se présenter à une élection présidentielle. Or, nous devons donner la chance à tous les Maliens. »

Alors que prévoit l’opposition si le projet est validé par l’Assemblé nationale ? «Notre but est d’empêcher que celle loi aille à son terme. On a prévu à cet effet un sit-in devant l’Assemblée le jour du vote de la loi. Et si la loi passait, nous allons faire une marche pour que le président de la République ne la promulgue pas », a déclaré le président du Prvm Fasoko, Mamadou Oumar Sidibé, qui a également révélé que les présidents des partis de l’Opposition se rendront ce lundi à l’hémicycle pour demander le retrait du projet de loi.

Autre questions soulevées lors de la rencontre : les  élections communales, prévues pour le 20 novembre prochain. Là également, l’Opposition n’est pas du même avis que le gouvernement. Elle estime que les conditions qui ont prévalu aux précédents reports sont toujours d’actualité. Mieux, les conférenciers ont informé que l’Union Africaine, dans ses dispositions, interdit des modifications des règles du jeu six mois avant les élections. L’Opposition a explicitement fait référence au protocole additionnel de la CEDEAO sur la gouvernance, la démocratie et les élections.

 

Trois ans de déconfiture

Sans surprise, cette conférence a donné lieu de procès pour IBK qui boucle, cette semaine, ses trois ans à la tête de la magistrature suprême du Mali. L’Opposition résume son bilan en ceci : « trois ans qui se ressemblent en déconfiture, si ce n’est en concurrence dans le pire ; trois ans où des scandales succèdent à des scandales ; trois ans de mauvaises décisions ; trois ans de mauvaises nominations ; trois ans de tâtonnement ; trois ans de manque de vision et de fuite en avant. » Le Mali d’aujourd’hui, à en croire Modibo Sidibé, donne cette impression que le président de la République et le Gouvernement sont  totalement débordés, dépassés par les événements. La multiplication des attaques terroristes contre les forces maliennes et internationales, la sanglante guerre civile intercommunautaire de Kidal, la paupérisation croissante de la majorité de la population sur fond de détournements de deniers publics et  de surfacturations, le recours à la répression pour contenir les manifestations et le mécontentement (Gao, le 12 juillet, Bamako, le 17 août, la coupure des réseaux sociaux) et une diplomatie malienne carrément inexistante… suffisent pour preuves.

Ainsi, l’Opposition pense qu’il est plus que jamais nécessaire d’organiser les concertations nationales afin de conjurer le chaos et l’anarchie. Lesdites concertations viseront, entre autres, à trouver une solution démocratique et définitive à la crise au Nord du Mali, et à dessiner les contours des institutions qui permettront au pays de prendre un nouveau départ. A l’occasion, ajoute Modibo Sidibé, des réflexions sur de nouvelles orientations constitutionnelles pourront être proposées, ce qui pourrait conduire à une révision constitutionnelle plus aboutie et plus légitime. « La situation nécessite que nous soyons consultés… D’ailleurs, cela est inscrit dans l’accord qui parle de la conférence d’entente nationale… Nous sommes surs que les solutions qui sortiront de ces concertions ont la plus grande chance d’être appliquées. », indique Me Hamidou Diabaté du Parena.

Soumaïla Cissé, qui a pris le train en marche, a également justifié la nécessité d’aller aux concertations nationales. Il a, par ailleurs, révélé que l’Opposition rencontrera, demain mardi, le ministre de l’administration territoriale pour évoquer diverses questions relatives au projet de loi électorale. Aussi, le chef de file de l’Opposition affirme avoir rencontré, la semaine dernière, une délégation de la Coordination des mouvements de l’Azawad. « Ils sont autant inquiets que nous. Ils se plaignent beaucoup des lenteurs au niveau du gouvernement, du manque d’interlocuteur fiable », a-t-il dit. Et quant aux infos selon lesquelles le chef de file de l’Opposition aurait reçu 500 millions CFA, Soumaïla Cissé coupe court aux rumeurs : « J’ai pas reçu 1 franc du gouvernement sur ces fameux 500 millions. »

I B Dembélé

Source : L’ Aube

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