Les résultats de la 1ere phase du Projet ‘’Arbre à Palabre : quand les femmes prennent au Mali la parole’’ ont été restitués le mardi dernier au Centre international de conférence de Bamako (CICB). L’initiative a été une opportunité pour les femmes des régions de Gao et de Tombouctou de proposer des pistes de solutions à la résolution de la crise et à l’insécurité, tout en décriant leur marginalisation.
La cérémonie s’est déroulée en présence de plusieurs personnalités politiques, de la société civile, ainsi que des représentants des femmes des régions de Gao et de Tombouctou ayant été concernées par cette 1ere phase du Projet ‘’Arbre à Palabre : quand les femmes du Mali prennent la parole’’ financé par la MINUSMA.
L’objectif de cette initiative est de créer un espace de liberté d’expression, en vue leur permettre de se prononcer sur les crises, les problèmes auxquels le Mali est confronté et dont elles sont les premières victimes.
En outre, il s’agit de recueillir les propositions, les recommandations des femmes pour une sortie de crise et la résolution des problèmes.
Ainsi, pendant plusieurs semaines, le Projet est allé à la rencontre des femmes de Gao et de Tombouctou où il a sillonné une vingtaine de localités.
« Il faut aller à la rencontre de ces personnes qui souffrent le plus des conséquences de la crise si le pays veut aller vers la paix », a indiqué Coumba TRAORE la directrice d’ACE Conseil Mali initiatrice en charge de la mise en œuvre dudit projet.
Elle a affirmé avoir senti le besoin pour ces femmes de s’exprimer. Leur marginalisation, estime-t-elle, est une perte énorme pour le processus de paix dans lequel le pays est engagé depuis quelques années avec la signature de l’Accord pour la paix. Parce que, affirme-t-elle, elles sont les principales victimes de la situation.
Elle a tenté de persuader : « si l’administration se donnait la peine d’être à l’écoute des femmes, beaucoup de problèmes allaient trouver des solutions».
Toutefois, conseille-t-elle, les femmes doivent au préalable travailler sur leur unité et leur cohésion pour réussir ce pari.
Les représentantes de la CAFO de Gao et de Tombouctou sont intervenues à tour de rôle pour saluer le Projet «Arbre à Palabre » qui a été une occasion pour elles de mesurer leur responsabilité dans la résolution des problèmes de leur commune respective. Mais, elles déclarent ne pas être consultées.
« Malgré notre rôle important et incontournable, nous sommes faiblement impliquées dans le processus du retour de la paix », a dénoncé Lalla MAIGA, la représentante de la CAFO de Gao, en rappelant qu’aucune femme ne figure parmi les autorités intérimaires installées dans certaines collectivités de la région.
De son côté, la Cheffe de la Division Genre de la MINUSMA, Cathérine, a précisé que l’objectif de la rencontre n’est pas de venir écouter le cri de détresse de ces femmes, entendre leurs problèmes. La finalité c’est qu’après l’identification des difficultés que des mesures sont prises pour les résoudre.
En effet, outre l’insécurité, les femmes de ces deux régions ont rapporté être confrontées à des problèmes d’accès à des services sociaux de base. De même, elles indiquent être victimes de viol, de violence, du port obligatoire de voile. Et leurs filles sont victimes de mariage d’enfant.
Pour cette 1ere étape du Projet, les femmes de Gao et de Tombouctou ont formulé de nombreuses recommandations : le déploiement des forces armées maliennes sur tout le territoire national ; le retour de l’administration là où elle est absence ; la rupture avec le sentiment d’abandon des régions du nord ; la relecture et l’application avec discernement de l’Accord pour la paix ; la construction des hôpitaux dans les régions de Tombouctou et de Gao ; l’évacuation de toutes les bases militaires étrangères du pays.
Par Sikou BAH
Source: Info-Matin