De la mise en place d’institutions fortes et crédibles à la promotion d’une politique active de développement social, le chemin est tracé jusqu’en 2018
La coordination et l’organisation sont des phases incontournables aussi bien dans le processus de prise de décision que dans l’exécution du travail gouvernemental. Elles s’incarnent tout naturellement, serait-on tenté de dire, dans l’élaboration d’un Programme d’action du gouvernement symbolisant la prise en charge par l’Exécutif des grandes orientations données par le président de la République. Ce programme a été présenté à la presse hier à la primature par le Premier ministre Oumar Tatam Ly
Ce Programme définit les grandes lignes du travail gouvernemental, leur caractère prioritaire ou technique, l’essentiel du travail de coordination et la répartition des tâches entre les différents départements ministériels. Il apporte aussi une clarification du rôle des acteurs et impulse une amélioration de l’organisation des procédures de décision publiques Il donne donc un sens à l’action gouvernementale à travers le partage d’un but commun.
Trois mois après la mise en place de son équipe, le Premier ministre, Oumar Tatam Ly, a bouclé la confection du Programme d’actions du gouvernement (PAG) pour la période 2013-2018. Dans le contexte actuel de notre pays qui sort qu’une crise sociopolitique et sécuritaire sans précédent, la principale mission du gouvernement est (ainsi que le note le document) le rassemblement de tous les Maliens autour d’un projet de refondation des institutions, afin que tous les citoyens deviennent à nouveau les acteurs d’un véritable développement de notre pays.
C’est donc autour cette mission fondamentale que le nouveau PAG s’articule pour prendre en charge les priorités du président de la République, notamment la restauration de l’intégrité du territoire et la sécurisation des biens et des personnes, la réconciliation des Maliens et la consolidation de la cohésion sociale, la refondation des institutions publiques et l’approfondissement de la démocratie ainsi que la construction d’une économie émergente.
Il faut noter que le Programme d’actions du gouvernement s’articule autour de six axes. Il s’agit de la mise en place d’institutions fortes et crédibles, la restauration la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire, la mise en œuvre d’une politique active de réconciliation nationale, la reconstruction de l’école malienne, la construction d’une économie émergente et la mise en œuvre d’une politique active de développement social. Chaque axe décline des mesures qui doivent être mise œuvre par le gouvernement.
LE PRINCIPE DE LA TOLÉRANCE ZERO. Ainsi, pour ce qui concerne la mise en place d’institutions fortes et crédibles, le document souligne la nécessité de reconstruction de l’Etat et un meilleur ajustement de ses modalités d’intervention en vue de sa modernisation et d’une plus grande efficacité dans la gestion publique. Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement entend engager une refondation des administrations publiques, une réhabilitation de l’institution judiciaire, un approfondissement de la décentralisation et des instruments de la démocratie participative, ainsi que la réforme du processus et du système électoral.
La lutte contre la corruption et l’impunité sera organisée sur la base du principe de la tolérance zéro. Elle s’articulera notamment autour de l’accroissement des moyens humains et matériels des structures d’audit et de contrôle, le renforcement du contrôle des collectivités décentralisées (CTD) et la création d’un organe central de lutte contre la corruption sans oublier ce qui constitue une innovation, la mise en place de mécanismes d’écoute et de traitement des informations fournies par les citoyens.
S’agissant de la refondation des administrations publiques, le document souligne une dégradation de la qualité des ressources humaines dans tous les secteurs (éducation, santé, administration, police, finance). Pour y remédier, le PAG prône la promotion des modes de recrutement ouverts et transparents, le renforcement de la formation continue, l’amélioration de la gestion des carrières, le renforcement du contrôle et le développement d’une culture orientée vers les résultats. Quant à la justice, sa réhabilitation vise à consolider la démocratie en restaurant la confiance des Maliens en leur système judiciaire et en garantissant la sécurité des investissements privés nationaux et étrangers.
Autre priorité de l’Exécutif, la restauration de la sécurité des personnes et des biens. Pour y parvenir, le PAG préconise le développement des capacités humaines et opérationnelles des forces armées et de sécurité. A ce niveau, les principales mesures envisagées portent sur la réforme du secteur de la sécurité et de la modernisation subséquente des capacités des forces armées et de sécurité à travers la mise en oeuvre d’une loi de programmation militaire quinquennale qui comblera les déficits en termes de ressources humaines, d’équipement moderne, de déploiement opérationnel et territorial, de projection, d’anticipation et de renseignement. A cela s’ajoute, entre autres mesures, l’adoption de mesures législatives et règlementaires visant à faire aboutir, sans entraves bureaucratiques et sans délai, les dossiers relatifs au trafic illicite et au crime organisé.
La mise en œuvre d’une politique active de réconciliation nationale constitue un des points majeurs du PAG. Elle vise deux objectifs essentiels : reconstruire les fondations de la réconciliation nationale et apporter des solutions définitives aux problèmes du Nord. A cet effet tout un éventail d’actions a été prévu allant des mesures sociales (mise en place d’une Commission Vérité, Justice et Réconciliation et mise en œuvre de la justice transitionnelle) aux décisions à portée économique (application d’un programme de développement accéléré du Nord et création d’un Fonds de cohésion et de solidarité, érection des Régions du Nord en zone spéciale de développement économique).
UN ENVIRONNEMENT MACROÉCONOMIQUE STABLE. L’école, elle aussi, reste au cœur des préoccupations de la nation. Se trouvant dans un état de crise quasi discontinu et affichant de graves insuffisances, elle ne trouvera son salut que dans l’application des actions d’envergure inscrites au PAG. Ainsi, dans le domaine de l’enseignement fondamental, le gouvernement prévoit un développement de l’éducation préscolaire, l’amélioration de la qualité de l’enseignement à travers l’évaluation et amélioration des capacités des maîtres, la revalorisation de la fonction enseignante. Le plan prévoit également l’établissement et la mise ne œuvre d’un programme de construction, de réhabilitation et d’équipements des structures scolaires avec comme souci essentiel la réduction des déséquilibres régionaux et des inégalités sociologiques d’accès.
Concernant, l’enseignement secondaire général et la formation professionnelle, les mesures préconisent également l’amélioration des conditions d’enseignements à travers la construction et l’équipement d’infrastructures scolaires ainsi qu’une amélioration de l’ajustement de l’enseignement technique et professionnelle aux structures de l’économie. L’enseignement supérieur aussi bénéficiera d’un vaste programme d’amélioration.
La construction d’une économie émergente représente l’un des grands challenges que se donne le Programme. L’existence d’un environnement macroéconomique stable reste une condition indispensable de développement durable. Le gouvernement s’engage donc à mettre en œuvre des politiques macroéconomiques orientées vers la maitrise des déficits des finances publiques, l’équilibre des paiements extérieurs et une inflation continue.
Ainsi, le gouvernement à travers une ambitieuse politique économique s’attèlera à maintenir la stabilité macroéconomique à travers la maitrise des déficits de finances publiques, l’équilibre des paiements extérieurs et une inflation contenue. Ainsi, le gouvernement, qui a l’ambition de porter le taux annuel de croissance économique à deux chiffres, poursuivra les réformes en vue de renforcer le cadre de gestion des finances publiques en relevant le taux de pression fiscale de 14,7% à 17%, en améliorant la gestion de la trésorerie et la qualité de la dépense publique, à travers l’adoption de règles et procédures de gestion financière efficaces et le renforcement de la politique d’endettement.
LA CADENCE IDOINE. Cependant, au-delà de l’assainissement macroéconomique, le gouvernement s’attèlera à accroitre la compétitivité globale de l’économie à travers le développement des infrastructures en initiant des actions décisives comme la mise en œuvre d’un premier plan de développement des télécommunications et d’un autre d’accès à l’internet, la mise en œuvre d’un plan d’extension du réseau routier, la rénovation du programme de maintenance du réseau routier, la relance des travaux de rénovation et d’aménagement de l’aéroport de Bamako-Sénou, la mise en place d’un fonds d’investissement pour le développement économique et social, l’assainissement du livre foncier et le renforcement du secteur de l’énergie.
Outre la disponibilité d’une énergie à moindre coût, l’existence d’infrastructures de transport appropriées est essentielle pour un meilleur approvisionnement du pays. Le PAG envisage d’assurer l’entretien de 14.500 kilomètres de route par an et de construire 1.400 kilomètres de route. Les travaux de voiries urbaines suspendus à cause de l’insécurité redémarreront bientôt. Faire du Mali une puissance agricole exportatrice à l’horizon 2018 est un autre des grands défis que s’est donné le PAG qui entend redynamiser ce secteur-clé du développement dans les mois à venir à travers des projets et programmes de développement agricole d’envergure (aménagement de 62.000 hectares de rizières, programme national de création d’infrastructures de stockage et de commercialisation, promotion de la mécanisation à travers un plan national, promotion des agropoles de développement intégrés urbain et péri-urbain).
Le PAG fait enfin la part belle au développement social en envisageant l’amélioration du système de santé, en facilitant l’accès à l’eau potable, en renforçant le développement social, en accroissant la contribution des femmes au développement économique et social et en assurant qu’en assurant la promotion de l’emploi et de l’insertion socio-professionnelle des jeunes.
L’élaboration du Programme d’actions marque donc le démarrage coordonné des grands chantiers du gouvernement Oumar Tatam Ly, chantiers qui intègrent la mise en place d’institution fortes et crédibles, la restauration de la sécurité, la relance de l’économie, la mise en œuvre active et urgente de politique de développement durable. Autant de défis que l’Exécutif s’efforcera de relever dans les cinq prochaines années. Bref, les politiques et les stratégies adéquates étant développées, les priorités définies, un plan d’action élaboré, il ne reste plus au gouvernement qu’à se donner la cadence idoine de travail.
Nous reviendrons sur la présentation de ce programme dans notre prochaine édition.
Synthèse de D. DJIRÉ