Après l’exhumation des 21 corps, que l’on suppose être ceux de bérets rouges, d’une fosse commune à Diago (lire l’Essor d’hier), l’heure est à l’identification de ces dépouilles. La balle est désormais dans le camp de la police scientifique du Service d’investigation judiciaire de la gendarmerie nationale. Sa mission principale est d’identifier les 21 corps retrouvés dans ce charnier localisé dans un champ à une douzaine de kilomètres de Kati.
Du côté des épouses et parents des bérets rouges disparus, c’est la longue attente. Pour le moment, l’ancien homme fort de Kati, le général Amadou Haya Sanogo est inculpé de « complicité d’enlèvement de personnes ». Cependant, la découverte du charnier de Diago dans la nuit du mardi à mercredi pourrait rapidement faire évoluer la procédure ouverte contre lui. La découverte des cadavres renvoie en effet vers des inculpations d’assassinats, complicité d’assassinats et violences. C’est du moins, l’avis de Mamadou Mariko, un des avocats des épouses et parents des bérets rouges, avec qui nous avons discuté au téléphone hier. « Nous suivons avec espoir, l’évolution du dossier du charnier en souhaitant qu’il aille rapidement. Si l’identification en cours prouve que les corps exhumés sont ceux de mes clients, à ce moment, il va falloir requalifier les faits. C’est-à-dire que l’auteur et ses complices seront inculpés d’assassinant et de meurtres », a t-il expliqué.
Me Mariko souhaite que « le juge travaille en toute quiétude et indépendance ». Faisant la part des choses, il estime que la justice doit faire la lumière sur tous les crimes commis pendant la période de transition. Que cela soit du côté des bérets rouges ou dans l’autre camp.
À peine le charnier découvert par les autorités judiciaires, deux autres ont été évoqués à Yélékébougou et Doubabougou, deux localités des environs de Kati. Tous les corps des disparus de mai 2012 n’ont pas été retrouvés, pas plus que ceux des victimes supposées de la récente mutinerie au camp de Kati.
Un contact au ministère de la Justice, sans se prononcer sur le nombre exact de personnes manquant à l’appel, assure qu’il n’y a pas eu d’autres fouilles « pour le moment ». La même source ainsi que la Direction de l’information et des relations publiques des armées (DIRPA) ont catégoriquement démenti les rumeurs sur « l’arrestation » de l’ancien chef d’État-major des armées, le général Ibrahim Dahirou Dembélé et du directeur de la gendarmerie nationale, le colonel Diamou Keïta.
A. DIARRA