Tandis que les organisateurs de la Ziyara édition 2015 de Sékou Amadou d’Hamdallaye, prévue pour ce samedi 9 mai, s’activent sur les derniers réglages, des djihadistes, farouchement opposés à cette manifestation, se sont signalés par la profanation du mausolée des religieux.

C’est dans la nuit de dimanche 3 au lundi 4 mai, aux environs de 20 heures, que des individus s’en sont pris au mausolée où repose les saints Sékou Amadou Barry, fondateur de l’empire peulh du Macina, son successeur Amadou Sékou et son conseiller Alpha Nouhoun Tahirou.
Les malfaiteurs ont placé sur une fenêtre du bâtiment une charge explosive reliée à une batterie de moto pour commettre leur forfait. L’explosion a détruit une partie de la façade ouest du mausolée, arraché les battants et ébranlé toutes les parois de l’édifice. Avant de s’éloigner, les poseurs de bombe ont laissé un message en arabe pour revendiquer leur acte terroriste. Ils se disent djihadistes et désignent comme ennemis les « kafres » (les mécréants), les « toubabs » (les Français), l’armée malienne et  les personnes qui ne partagent pas leur vision rigoriste de l’islam. Sur les lieux de l’attentat, ils ont abandonné la batterie et les fils électriques utilisés pour déclencher l’explosion.
Dès l’annonce de la nouvelle, le gouverneur de la région, Kaman Kané, accompagné d’une forte délégation régionale et des forces de sécurité s’est rendu sur les lieux de cette profanation de mausolée qui rallonge malheureusement la liste des actes terroristes perpétrés par les djihadistes sur notre sol depuis 2012.
Suite à cet attentat, des voix s’élèvent pour proposer le report ou la délocalisation de la Ziyara. Amadou Cissé, imam à Sévaré, fait partie des nombreux fidèles musulmans qui soutiennent cette idée. A l’appui à leur proposition, ils citent l’exemple de la délocalisation de la Ziyara de Sékou Sala à Bandiougou, dans le cercle de Bandiagara, au regard de la situation sécuritaire.
D’autres fidèles ne sont pas de cet avis et soutiennent qu’il faut maintenir la date de la Ziyara de Sékou Amadou d’Hamdallaye et conserver le lieu habituel du rassemblement religieux. Les partisans de cette idée, mettent en avant le fait qu’un report apparaitrait comme une victoire des djihadistes.
Le président du Haut conseil islamique de Mopti, Drissa Diarra, a condamné l’acte de profanation des mausolées des saints.
La MINUSMA a annoncé, dans un communiqué, que la police des Nations Unies travaille en étroite collaboration avec la brigade mixte de Sévaré pour l’enquête. Le chef de l’Unité environnement et culture de la MINUSMA, Sophie Ravier, a condamné cette attaque tout en rappelant que «les mausolées et les pratiques sociales qui y sont liées sont des éléments essentiels des identités culturelles du Mali. Cet acte que nous condamnons est une stratégie pour détruire la cohésion sociale et l’histoire commune des populations ».
Le mausolée de Sékou Amadou est inscrit sur la liste indicative du Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2009, tout comme l’ensemble de la cité historique de Hamdallaye.

D. COULIBALY
AMAP-Mopti

source : L Essor