Le M5-RFP, qui a échoué à maintenir sa cohésion et son unité après le coup d’État du 18 août, se donne le défi de la remobilisation avant les prochaines élections. C’est le message lancé par le Premier ministre aux partis et organisations membres du M5 et d’autres formations soutenant la transition lors d’une série de rencontres tenues, la semaine dernière.
Le chef du gouvernement a rencontré des partis politiques qui soutiennent la Transition, constitués en majorité par des membres du mouvement de contestation, le Mouvement du 5 juin Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP).
L’objectif de cette série de rencontres pour le président du Comité stratégique du M5-RFP est de fixer le nouveau cap du regroupement avec la publication du projet de chronogramme des élections pour le retour à l’ordre constitutionnel.
Avec cette décision, le M5-RFP prend le devant et se positionne en appelant à la mobilisation de ses troupes en prélude à ces prochaines consultations pour tourner la page du coup d’État du 18 août qui a interrompu le processus démocratique à la suite d’une série de manifestations soutenues notamment par des acteurs politiques du pays.
Ce nouveau mot d’ordre appelle « les forces du changement » à la mobilisation pour la conquête et la gestion du pouvoir en 2024, a déterminé le Premier ministre, Choguel Kokalla MAIGA. Il s’agit, selon lui, de permettre au M5 de poursuivre les œuvres de refondations entamées lors de la Transition, à travers les chantiers « Mali Kura » devant assurer une nouvelle façon de gouvernance plus vertueuse. La finalité étant de remplacer l’ordre ancien fortement affecté par les scandales de corruption, de favoritisme, de mauvaise gouvernance.
Aujourd’hui, ayant en sa faveur une partie de l’opinion nationale, le chef du gouvernement n’hésite pas de dévoiler l’ambition du M5 de briguer la magistrature suprême et de donner des candidats aux autres consultations électorales (les élections des collectivités et les législatives).
L’enjeu de ces consultations pour le M5 est de conquérir le pouvoir afin de poursuivre les œuvres de refondation en cours et enclenchées par les autorités de la Transition.
Ce projet de conquête démocratique du pouvoir est partagé par le M5, du moins le clan dirigé par le Premier ministre Choguel Kokalla MAIGA.
À cet effet, lors de l’une de ces réunions avec les délégations de l’Alliance pour la Refondation du Mali (AR) et de la Coordination des Associations, Mouvements, Plateformes, Syndicats libres et indépendants tenue le samedi 16 juillet, l’ancien ministre, Modibo KADJOKE a affirmé : « La Refondation ne peut pas se faire en deux ans, nous devons faire tout pour être là après la Transition, c’est comme ça que nous pourrons continuer la refondation. »
Un autre défi pour le M5 en pleine crise de cohésion, d’unité et de méfiance qui a déjà fragilisé, sinon disloqué, le mouvement de contestation qui a réussi à faire partir IBK.
Si le M5 dans la complicité est parvenu à relever ce pari, sera-t-il en mesure de surmonter les difficultés actuelles auxquels il est confronté pour la grande mobilisation en vue de gagner ces élections ?
En échouant de se mettre d’accord sur le choix d’un Premier ministre, les responsables du M5 peuvent-ils trouver un candidat consensus autour en vue de la présidentielle ?
Dans tous les cas, le passé récent du mouvement ne plaide pas en faveur de cette éventualité. Parce qu’après la conquête du pouvoir par la rue, les jeux d’intérêts personnels et de positionnement ont eu raison sur la cohésion et la complicité de la « force du changement ». Il n’y a aucun consensus.
Déjà cette ambition d’une partie du M5 souffre de clanisme parce qu’elle fait appel aux forces du changement et non les autres formations et regroupements politiques qui ont tout de même décidé de soutenir la Transition bien que n’ayant pas participé aux mobilisations de déstabilisation du M5 d’alors. Or, ce défi ne peut être relevé en s’excluant d’autres acteurs politiques qui ont des valeurs à ajouter dans ce projet du M5.
Par ailleurs, le M5 doit travailler à faire adhérer des partis dits des grandes formations politiques à sa cause pour la concrétisation de l’initiative. Puisqu’à part l’Union pour la république et la démocratie (URD) qui a une implantation nationale, les autres formations du M5 peinent à se faire connaître. Une chose est de renverser un régime, l’autre chose est de gagner les élections même si le M5 part avec l’avantage des acquis de la Transition dans le domaine sécuritaire, notamment.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin