Cuno Tarfusser a présenté ses excuses au cours de l’audience du lundi 8 février 2016. Le juge-président de la CPI a crié toute son indignation après la divulgation des noms de certains témoins le vendredi dernier. C’est un fait qui n’est pas passé inaperçu. Le magistrat a également menacé de renvoyer le procès jusqu’en 2050, nous dit Ivoire Justice.
Le juge Tarfusser veille au grain.
Cuno Tarfusser a déclaré hier, à l’occasion du contre-interrogatoire mené par la défense de l’ex-chef de l’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, être sous le choc à la suite de la révélation de l’identité des témoins du procès, par mégarde, de la part de la Cour Pénale Internationale (CPI) et dont les noms circulent depuis quelques jours sur les réseaux sociaux : « Avant tout, le tribunal doit présenter ses excuses. Je pense qu’il est juste de le faire. L’incident est « de la plus haute gravité. »
Le juge-président a par la suite donné la parole à Me O’Shea. Au nom de la défense, l’avocat s’est adressé au témoin à charge, P-547, en lui présentant d’emblée une vidéo diffusée sur les antennes de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI), montrant Guillaume Soro haranguer les troupes. Se tournant vers le témoin, il lui demanda s’il reconnaissait l’homme apparaissant dans l’élément vidéo. Balbutiant et pris de panique, le témoin lâcha : « C’est Blé Goudé qui a envoyé cette vidéo (…) Je pense que c’est un montage (…) Je ne peux pas croire car je ne reconnais pas cette vidéo. »
Face au petit manège orchestré par P-547, le juge l’interpella en lui intimant l’ordre de répondre à la question : « Vous avez obligation de dire la vérité ! La question est précise (…) reconnaissez-vous cette personne comme étant Guillaume Soro ? » L’homme présent à la barre finira par céder, en répondant : « C’est bien Guillaume Soro ».
S’en suivra un enchainement de questions de l’avocat de Gbagbo qui mettra mal à l’aise le témoin P-547. Cuno Tarfusser intervint de nouveau pour rappeler la défense à l’ordre, prétextant l’heure déjà très avancée : « Arrêter de répéter car si le témoin dit qu’il ne sait pas c’est ainsi (…) à nous de juger s’il ment. »
O’Shea sollicitera une rallonge de quinze minutes pour boucler. Le juge-président sortira cette phrase qui prête à interprétation : « Si ça continue comme ça, on va finir ce procès en 2050 ! »
Source: Afrique sur 7