Aujourd’hui, l’article 39 des enseignants et La bataille judiciaire que le M5-RFP a engagée contre le CNT sont deux cailloux dans la chaussure du Premier ministre actuel de la transition, Dr Choguel Kokalla Maïga. Ces deux chevaux de bataille sont devenus pour lui de véritables sujets de débat houleux. Car ils ne cessent de refaire surface à tout bout de champ.
En tant que porte-parole d’alors du Mouvement du 5 juin- Rassemblement des forces patriotiques, Choguel Kokalla Maïga a exigé la dissolution du Conseil national de transition (CNT) pour illégitimité. Et cela, conformément aux 10 commandements du M5-RFP. Et au plus fort de la lutte anti-IBK, il a fait de l’article 39 un acquis des enseignants que l’ancien régime ne voulait pas appliquer par mauvaise volonté.
Le Premier ministre Maïga a beau secouer son bras, il n’arrive pas pour le moment à se débarrasser de cette requête de dissolution du CNT. Avant d’être nommé, lui et son front n’ont ménagé aucun effort pour atteindre cet objectif. L’on se rappelle, lors d’une conférence des conseils de défense du M5-RFP à la Maison de la presse, Choguel n’a pas manqué d’annoncer une mobilisation générale de la base jusqu’au sommet contre le CNT qu’il jugeait illégal.
Aussi l’article 39 est devenu un point noir dans les relations entre le gouvernement et les enseignants. Si les colonels avaient ordonné l’application de l’article 39, Choguel cherchant à éviter la foudre de l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm) a choisi l’unification des grilles. Ce qui n’a pas été la tasse de thé des soldats de l’éducation. Ceux-ci n’ont pas tardé à réagir à cet acte. Ils ont entamé une politique de boycott des examens. Le mot d’ordre de la Synergie est suivi à la lettre sur toute l’étendue du territoire national.
Au cours du débat sur le Programme d’action gouvernemental au Centre international de conférences de Bamako (Cicb), certaines questions posées par les conseillers du CNT ont porté sur la légitimité de l’organe législatif et l’application de l’article 39.
En donnant des réponses aux questions, l’interlocuteur des conseillers du CNT a peu satisfait. Pour lui, l’affaire de la dissolution du CNT appartient à la justice. Mais avant que cette affaire soit tranchée, rien ne prouve la légitimité tant mise en cause par le M5-RFP, donc par le mouvement dont Choguel était le porte-parole.
Même si le CNT est illégitime, il lui fallait des mots pour faire passer son bréviaire contenant ses 4 thérapies qui, à ses dires, peuvent faire du Mali un pays digne et respectable aux yeux du monde entier. Selon le PM Maïga, en politique et en un moment donné, il faut faire des compromis pour sortir des situations difficiles. Choguel vient d’en faire pour le Mali et les Maliens, mais à la faveur d’un changement de situation. Ouf !
Au sujet de l’article 39, les syndicalistes conseillers au CNT, MM. Fomba et Fofana ne se sont pas laissés envelopper dans le discours de Choguel. Appuyés par d’autres conseillers, ils ont fait savoir au successeur de Moctar Ouane que pour sauver l’école malienne, il faut appliquer l’article 39. Selon eux, « le maintien de l’article 39 » dont parle Choguel n’est pas synonyme de son application. Les enseignants ne sont pas prêts pour consentir des « sacrifices », un des refrains de l’intervention de Choguel au CNT.
Au regard de la situation actuelle du pays, l’on peut affirmer sans risque de se tromper que la crise scolaire est loin d’être morte au Mali. Le CNT attend d’être légitime. Malgré tout cela, Choguel lui a présenté son PAG pour adoption.
Le temps passé ne revient plus. S’il était possible de reculer un peu dans le temps, Choguel songerait à enlever ces deux passages de ses propos : l’article 39 considéré comme le fruit de la lutte du M5-RFP et la demande de dissolution du CNT. Mais « le temps n’a point de rive, il coule et nous passons », selon Lamartine.
Bazoumana KANE
Source : L’Alerte