Le prix du pain, déterminé dans un cadre consensuel, provoque cependant depuis quelques années un différend entre les boulangers et les distributeurs, notamment en ce qui concerne les marges à appliquer. L’affaire a été gérée entre eux avec l’implication du gouvernement à travers la Dncc pour protéger le consommateur. Mais ces derniers temps, on a frôlé le clash.En 2007 déjà, un bras de fer entre les boulangers et les distributeurs de pain avait fait grand bruit. Il a fallu l’intervention des autorités pour rapprocher les positions des deux parties et éviter ainsi une grève que projetaient les distributeurs de pain, après une assemblée générale tumultueuse dans les locaux de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali.
En ce temps-là, il a fallu l’implication personnelle de Hama Aba Cissé, président de la Coordination des associations et groupements de commerçants détaillants du Mali et président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali. Il a su, difficilement d’ailleurs, faire baisser la tension en ramenant à la raison les distributeurs de pain qui voulaient se révolter contre ce qu’ils appelaient en son temps le diktat des boulangers.
C’est parce que les boulangers et les meuniers, face aux surcoûts entrainés par les hausses régulières des prix mondiaux du blé et de la farine, souhaitaient augmenter le prix du pain. Ne pouvant toucher directement au prix de vente pour éviter une réaction des consommateurs, ils voulaient tailler un peu sur les marges des distributeurs qu’ils jugeaient exorbitantes, pour épargner ainsi les populations.
Mais les boulangers et meuniers avaient rencontré un niet catégorique de ces distributeurs. Une réaction tout à fait normale de défense d’acquis engrangés depuis plus d’une décennie.
Ce problème n’est pas seulement connu au Mali, mais un peu partout dans le monde, à cause des fluctuations des cours mondiaux du blé qui grèvent les coûts de production. Dans des pays voisins, pour ne pas toucher au prix de vente, on a procédé à une réduction du poids du pain pour faire des économies d’échelle sur la farine et les autres intrants de production. De sorte que le consommateur se retrouve, au même prix, avec un pain squelettique le poussant parfois même à augmenter le nombre de miches à payer quotidiennement pour satisfaire les besoins familiaux.
C’est donc ce problème, disons ce conflit d’intérêt entre distributeurs et producteurs, plus précisément les boulangers et les meuniers, qui a refait surface récemment. Durant quelques jours, la baguette de pain vendue auparavant à 300 FCFA au niveau du dernier maillon de la chaine de distribution, s’échangeait contre 350 FCFA. Le Gouvernement a appelé les parties à se concerter rapidement pour y mettre le holà.
C’est ainsi que, sous la présidence du ministre du Commerce, Abdel Karim Konaté, une concertation a été menée le 06 septembre dernier, au terme duquel les boulangers s’engagent à «produire du pain dans les bonnes conditions d’hygiène et à respecter le poids le poids convenu soit 300 grammes pour le gros pain et 150 grammes pour le petit pain». Les détaillants, de leur côté, «s’engagent à livrer le pain dans de bonnes conditions d’hygiène aux détaillants».
En ce qui concerne les prix, les boulangers s’engagent à vendre le pain aux revendeurs à 200 FCFA pour le gros pain de 300 gr et 100 FCFA pour le petit pain de 150grs. Les revendeurs, à leur tour, s’engagent à céder aux détaillants le gros pain à 225 FCFA et le petit pain à 112,5 FCFA. A leur tour, les détaillants s’engagent à vendre aux consommateurs le gros pain à 250 FCFA et le petit pain à 125 FCFA.
Mais sur le terrain, des boutiquiers et autres détaillants font de la résistance et continuent de vendre le pain au prix de 300 FCFA pour la baguette de 300 gr et 150 FCFA pour celle de 150 FCFA.
A.D.
Source: lesphynx
