Le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, a été investi le samedi 12 mai 2018, par son parti l’Union pour la République et la Démocratie (URD) comme candidat à la présidentielle du juillet prochain. L’investiture a eu lieu au stade du 26 mars, devant une foule immense. Soumaïla Cissé part à la conquête de la magistrature suprême pour la troisième fois, après 2002, où il a été battu au second tour par Amadou Toumani Touré avec un peu moins de 35% et 2013 où il s’est hissé au même rang avant de reconnaitre sa défaite au second face l’actuel président Ibrahim Boubacar Keita, qui est aussi probablement candidat pour un second mandat. En homme expérimenté Soumaïla Cissé a décliné ses grands engagements pour le Mali. Reportage.
C’est aux environs de 16 h 45 mn que le président de l’URD a fait son entrée au stade du 26 mars. Debout à bord d’un véhicule au toit ouvert, il a aussitôt fait le tour de l’enceinte sportive pour saluer les militants, avant de prendre place à la tribune officielle. Après l’exécution de l’hymne de l’URD, Soumaïla Cissé a remercié les représentants des partis politiques présents, les étrangers qui sont venus des pays amis et les membres de la «Coalition pour l’alternance et le changement».
Visiblement impressionné par ce que lui-même qualifie de «forte mobilisation» plus de 60 000 personnes, le candidat Cissé a lancé ceci : «Sachez que la victoire est certaine, personne ne peut en douter. Parce que votre spontanéité suffit, votre engagement suffit, votre présence suffit ici pour montrer que nous sommes sur la bonne voie».
Par ailleurs, le leader de l’URD confiera que la jeunesse figure en bonne place dans son programme de société, promettant qu’il sera accordé une place de choix à cette couche s’il était élu. «Merci aux jeunes du Mali qui savent se lever au bon moment, qui ont montré qu’ils aiment leur pays et qu’ils peuvent aller largement au-delà. Nous sommes avec vous, nous sommes derrière vous, nous sommes là pour vous et c’est pour vous que nous nous engageons en politique…», a-t-il affirmé.
En cas d’élection, M. Cissé a promis de résoudre la longue crise sécuritaire qui frappe le Mali, surtout dans ses parties septentrionale et centrale et de remettre l’économie du pays sur de bon rail.
Engagement à reformer et refonder l’Etat
« En cet instant solennel où vous m’avez investi de votre confiance, je tiens à renouveler mes condoléances à toutes les victimes civiles et militaires, maliennes, africaines et étrangères », a déclaré le candidat de l’URD. Avant d’ajouter qu’il y a urgence, car la nation malienne est meurtrie et fracturée. Une fois élu, Soumaïla Cissé a promis de mettre fin définitivement à la crise sécuritaire et pacifier le pays. « Qui peut croire aujourd’hui un seul instant que ceux qui ont échoué pendant toutes ces années pourraient encore reprendre la situation en main et remettre l’État au service des citoyens, en impulsant une économie performante, juste et solidaire ? Nous assistons au contraire à une gestion clanique, inapte et inefficace, sur fond de corruption partisane et de gouvernance délétère », a-t-il dit. Et de poursuivre : « Je m’engage, devant vous ici réunis, à tout mettre en œuvre pour ramener la paix, réaliser la réconciliation nationale et refonder l’État et son armée. En cinq ans, nous allons rétablir la sécurité, pacifier le pays, du Nord au Centre, et instaurer un véritable dialogue entre les différentes communautés pour qu’elles puissent de nouveau vivre en harmonie.
Telles seront les priorités de mon Gouvernement. Je ferai de ma présidence un quinquennat de réformes et de refondation de l’État. Je m’y engage! Ensemble, animés d’une réelle volonté de changement, ranimons, soulevons et restaurons l’espoir. C’est possible, c’est nécessaire, c’est même vital pour notre pays. Le Mali est un pays d’espoir où on peut tout régler par le dialogue franc et inclusif. Le Mali a besoin d’une vision, d’un cap et d’un programme adapté. Le Mali a besoin d’un vrai pacte de gouvernance, fort et transparent. Pour cela, le seul choix qui s’impose à nous tous, c’est l’ALTERNANCE ! ».Pour le candidat de l’URD, le pays est à présent devant un choix majeur : continuer sur le chemin actuel qui conduit à l’échec et au chaos, ou bien se redresser pour redevenir ce que le Mali a toujours été : un pays stable, libre, uni et fier. « Mon programme de gouvernance, fruit d’une véritable consultation populaire, est ambitieux. Chacune et chacun d’entre vous y trouvera sa place, toute sa place! Dans un État qui permet de se soigner, d’apprendre, d’entreprendre et de s’unir dans un esprit de justice et d’équité. Il s’appuie sur 5 piliers que nous construirons ensemble. Ensemble, nous restaurerons la paix et la sécurité, et nous rétablirons l’autorité de l’État. Ensemble, nous donnerons aux femmes et aux jeunes leur place, toute leur place dans notre société », a souligné Soumaïla Cissé.
L’orateur a précisé que les ressources financières destinées aux FAMAs seront sacrées : « quiconque détournera l’argent des FAMAs sera judiciairement poursuivi », a-t-il prévenu. « Enfin, à titre personnel, je m’engage à être exemplaire ! Ma famille sera tenue à l’écart de la gestion de l’État : aucun de mes enfants, ne sera ni ministre ni député, aucun de mes neveux ne sera ministre. Je vous le promets! En conformité avec l’article 37 de la Constitution, je procéderai, devant la Cour Suprême, à la déclaration publique de mes biens dès mon entrée en fonction. Je vous le promets! Par votre confiance : Je serai le Président de l’unité, de la réconciliation et de la concorde nationale. Je serai le Président de la transparence, de la loyauté, de la dignité et de la rigueur morale ! Je serai le Président du travail, de la solidarité et du progrès collectif! Je serai le Président d’un Mali fier et en paix, accueillant, crédible et respecté.
À tous les déçus du pouvoir actuel, je tends la main ! À vous, mes compagnons de route avec qui nous avons choisi de cheminer par amour du pays pour l’alternance et le changement qualitatif, je prends la main. Ensemble, nous avancerons sans faillir à nos idéaux dans l’honneur et la dignité ! », a précisé Soumaïla Cissé.
L’alternance promis
« Président, en votre nom et au nom de tout notre peuple, j’engagerai immédiatement un processus politique pour résoudre la crise au centre. Ce processus sera fondé sur un dialogue intra et intercommunautaire afin que les populations de ces régions conviennent des conditions de leur cohabitation et de leur accès aux ressources naturelles de leurs contrées, dans la paix et la concorde. La paix et la sécurité devront donc sans tarder revenir dans tout le pays. Je me donne cinq ans pour mettre fin définitivement à la crise sécuritaire et pacifier le pays. Toutes les énergies du gouvernement seront tournées vers cet objectif stratégique majeur. Oui, président, en votre nom et au nom de tout notre peuple, conformément aux engagements pris dans le cadre du programme minimum de gouvernement de la ‘Coalition pour l’alternance et le changement, je mettrai en place un gouvernement de redressement national qui s’investira sans relâche à stabiliser le pays, à le réunifier, à réaliser la réconciliation nationale, à conduire les réformes pour refonder l’Etat… », déclare M. Cissé.
L’Accord d’Alger est d’une importance capitale dans notre quête de paix et de réconciliation, selon Soumaïla Cissé. Il s’engage à la mise en œuvre diligente de cet accord conformément aux intérêts de notre peuple.
« La décentralisation sera approfondie, car la gouvernance locale est le meilleur moyen d’impliquer les citoyens dans le développement de leur terroir. Le transfert des compétences, aussi bien financières qu’administratives, doit être effectif pour une véritable libre administration des collectivités. Le Mali ne sera plus spectateur de son destin comme c’est le cas depuis cinq ans. Ces 6 dernières années, une multitude d’atteintes à l’Etat de droit et d’attaques contre l’intégrité du territoire national ont brisé l’unité du Mali. Face à la violence armée, le pouvoir en place, avec ses gouvernements successifs, n’a pas su faire face au terrorisme. Sans un sursaut patriotique collectif, sans notre totale mobilisation, le Mali peut, à tout moment, sombrer dans le chaos », dira-t-il.
« C’est possible. C’est nécessaire. C’est même vital pour notre pays. Je m’engage, devant vous ici réunis, à tout mettre en œuvre pour ramener la paix, réaliser la réconciliation nationale et refonder l’Etat et son armée. En cinq ans, nous allons rétablir la sécurité, pacifier le pays, du Nord au Centre, et instaurer un véritable dialogue entre les différentes communautés pour qu’elles puissent de nouveau vivre en harmonie. Paysans, éleveurs, transporteurs, chauffeurs de taxi Sotrama et Katakatani, industriels et opérateurs économiques, artisans et commerçants, pêcheurs, militaires et policiers, chômeurs, lycéens et étudiants, enseignants et professionnels de la santé, malades et handicapés… Je vous ai entendus. J’ai consulté nos partenaires au développement… », ajoutera-t-il.
Mémé Sanogo
Bio-Express
Soumaïla Cissé : Economiste chevronné !
Soumaïla Cissé est né le 20 décembre 1949 à Tombouctou (Mali). Ingénieur informaticien de profession, il a étudié à l’université et à l’Institut des sciences de l’ingénieur de Montpellier (France). Soumaïla Cissé a travaillé au sein de grandes entreprises françaises (IBM-France, le Groupe Pechiney, le Groupe Thomson et la compagnie aérienne Air Inter) avant de rentrer au pays en 1984 pour travailler à la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT)… Militant dès sa création à l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA/PASJ), M. Cissé devient après l’élection d’Alpha Oumar Konaré en 1992 secrétaire général de la présidence de la République. Il est nommé ministre des Finances en 1993, ministre des Finances et du Commerce en 1994, de nouveau ministre des Finances en 1997 et ministre de l’Équipement, de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de l’Urbanisme en 2000 dans le gouvernement de Mandé Sidibé. En janvier 2002, Soumaïla démissionne du gouvernement pour se consacrer à la préparation de l’élection présidentielle. Il est en effet investi par l’ADEMA/PASJ comme candidat pour la succession d’Alpha Oumar Konaré. Arrivé en deuxième position au premier tour, il est battu par Amadou Toumani Touré au second tour avec un peu moins de 35 des voix. Ensuite, Soumaïla Cissé quittera l’ADEMA/PASJ avec une partie des militants pour fonder l’Union pour la république et la démocratie (URD) en Juin 2003. Soumaïla Cissé a été président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) de 2004 à 2011. Le 18 septembre 2011, Cissé a été candidat à l’élection présidentielle de 2013 où il s’est hissé second. Le 12 mai 2018, Soumaïla Cissé a été investi par son parti l’Union pour la République et la Démocratie URD comme candidat à la présidentielle du 29 juillet.
Source: L’Aube