Face à l’irréversibilité de l’échéance et face à la hauteur de la barre fixée par le Premier ministre, l’opposition scolastique, dans un énième mémorandum publié ce jeudi, rouspète, jacasse, et se noie dans un sophisme électoraliste hors saison. Confondue et prise au piège de l’implacable marche du sablier du temps, comme atteinte de berlue, elle fonce et s’enfonce dans la déraison et dans le déni. Que veut-elle l’opposition malienne ? Des élections propres et crédibles ou une formalité à son goût et suivant ses fantasmes ?
À Mopti ou à Ségou, le Premier ministre n’a pas dit autre chose que les élections se tiendront dans les délais constitutionnels. Il a appelé tous les acteurs à s’inscrire dans cette logique constitutionnelle, parce que seules les élections confèrent la légitimité pour gouverner.
À ceux qui prônent une impossibilité de tenir les élections sous tel ou tel prétexte, le Premier ministre a simplement rappelé que la démocratie exige des élections, lesquelles se tiendront même avec un seul candidat.
Soumeylou Boubèye MAIGA ne dit pas autre chose que : son gouvernement a pris toutes les dispositions pour tenir les élections dans les délais constitutionnels et qu’elles se tiendront.
Il ajoute simplement : « ceux qui veulent être président de la République sans élections » ou « ceux qui veulent le pouvoir sans aller aux élections n’ont qu’à le savoir…. ». Ces propos ne peuvent agacer que ceux qui nourrissent des desseins putschistes.
On peut s’étonner et s’inquiéter, que le simple rappel des principes sacro-saints de la démocratie puisse autant effrayer une Opposition qui crie urbi et orbi qu’elle n’a pas de plan ‘’B’’. Qu’on ait peur d’affronter IBK dans les urnes pour ne pas encore prendre une cinglante raclée à l’image de juillet-août 2013, peut se comprendre. Mais, de là à verser dans la complotite et à voir le diable partout… Allons, allons ! Un peu de retenue et de jugeote, voyons : « six à douze mois pour, espère-t-il, consolider son emprise sur le pays » !
Faut-il simplement rappeler à ces messieurs de l’Opposition que la Mission du Premier ministre Soumeylou Boubèye MAIGA est d’organiser les élections dans les délais constitutionnels et non de faire un OPA sur la République. Nous sommes tout de même en démocratie !
Et puis comment peut-on accuser, dans le même paragraphe, un PM de ne pas vouloir organiser l’élection présidentielle dans le délai constitutionnel et de vouloir « préparer les esprits à la tenue d’élections bâclées dont le président sortant serait le seul candidat » ?
Dans quelle démocratie sommes-nous où les fantasmes devraient prendre le pas sur les principes. Le Plan A de l’opposition : espérer que le gouvernement soit dans l’incapacité de respecter les délais constitutionnels. N’est-ce pas pourquoi, elle conjugue déjà au passé les cinq ans de mandat qui courent toujours ?
Ça se voit bien que l’opposition n’a pas de plan B. Elle ne parle pas de report et boycott, elle espère simplement que le gouvernement ne soit pas en mesure de tenir ses engagements ; comme si elle avait lu l’avenir dans une boule de cristal !!!
Bien que libre de son appréciation, l’opposition serait bien inspirée de se mettre dans la logique de la tenue du premier tour de la présidentielle le 29 juillet. Parce que la révision constitutionnelle avortée n’a rien à voir avec la présidentielle ! Elle est déjà derrière nous.
N’ayant plus de récriminations à égrainer (parce que tout a été pris en compte par le PM et mis en œuvre), l’opposition radote : nous avons demandé ceci, nous avons demandé cela. Finalement, elle enfonce une porte déjà ouverte, à moins qu’elle ne veuille une cogestion du gouvernement. Ce qui reviendrait à son plan ‘’A’’, c’est-à-dire pas d’élection, alors on gère tous ensemble dans le dos du peuple.
Où en sommes-nous ?
Voici ce que le gouvernement a consenti en accord avec l’opposition et la majorité comme innovation :
– Comité paritaire pour convenir de toutes les étapes du processus électoral (mise en place et présidé par l’Opposition) ;
– Un audit international du fichier électoral (décidé) ;
– Nouvelles cartes d’électeur consenties en lieu et place des cartes NINA (NB : cartes électorales ça n’existe pas, il y a liste électorale ; mais on dit toujours une carte d’électeur) ;
– la prise en charge par l’État d’un assesseur de l’opposition et de la majorité dans chaque bureau de vote (accordé) ;
– les bulletins de vote comportant, au dos, les signatures du président du bureau de vote et des assesseurs de la majorité et de l’opposition (accordé) ;
– la consultation des partis politiques avant la détermination du nombre et l’emplacement des bureaux de vote (accordé).
La très très démocratique et républicaine Opposition recommande : ‘’au regard du rôle critique de la Cour constitutionnelle, réformer les procédures de cette institution pour plus de transparence’’ ;
Mais la réforme des procédures de la Cour constitutionnelle n’est pas dans les compétences du Gouvernement. Elle est du domaine de la loi. Que les députés de l’Opposition initient une loi organique dans ce sens…
Si l’Opposition craint de faire les frais d’une cachoterie de la Cour constitutionnelle, elle peut se mettre à l’aise. L’article 9 de son règlement intérieur étant des plus clair : ‘’Les débats ne sont pas publics.
En matière de contrôle de constitutionnalité des lois organiques, des lois ordinaires et des engagements internationaux, en matière d’examen des textes de forme législative et en matière d’examen de fin de non-recevoir des amendements en procédure législative, les arrêts sont motivés et ne sont pas prononcés en audience publique.
Les avis et les constats de la Cour Constitutionnelle ne sont pas lus en audience publique.
Les arrêts en matière d’opérations référendaires, d’élection du Président de la République et d’élection des Députés à l’Assemblée nationale sont prononcés en audience publique. Ils doivent constater cette publicité. Ils sont motivés’’.
L’opposition recommande : ‘’demander au Conseil de Sécurité d’ajouter au mandat de la MINUSMA qui sera renouvelé prochainement, une plus grande implication dans l’organisation de l’élection présidentielle allant jusqu’à la certification des résultats comme en Côte d’Ivoire en 2011’’.
Voici des petits messieurs qui plient soigneusement et s’assoient, sans gêne aucune, sur ce qu’ils considèrent comme sacré, ce pour quoi ils ont manipulé les foules pour arriver à une suspension du processus référendaire. Voici ce que dit la Constitution du 25 Février 1992, en ses articles 33 et 87 : ‘’(…) La Cour constitutionnelle contrôle la régularité de ces opérations, statue sur les réclamations, proclame les résultats du scrutin’’ : ‘’La Cour constitutionnelle est saisie, en cas de contestation sur la validité d’une élection, par tout candidat, tout parti politique ou le délégué du Gouvernement, dans les conditions prévues par une loi organique’’.
Voici des démocrates, qui obnubilés par le pouvoir, préconisent de substituer à une institution de la République une mission onusienne qui n’a pas davantage fait fureur dans d’autres volets de sa mission.
‘’Le Mali étant un des rares pays d’Afrique où les élections sont encore organisées par le Gouvernement, l’opposition avait demandé le renforcement des attributions de la commission électorale nationale indépendante (CENI) afin de remédier à la forte implication de l’Administration’’.
Ainsi, donc le Mali est parmi les derniers de la classe, en matière d’organisation des élections. Il est quand même étrange que ceux qui ont l’oreille collée au mur du voisin ne s’en rendent compte seulement que maintenant. En 2002, en 2007 et même en 2013, ils n’étaient nullement incommodés par la très forte implication de l’administration. Comme sortant d’une torpeur, ils réalisent soudain que l’administration est la cible à abattre absolument. Mais pour cela, un Mémorandum ne suffira pas. Et comme on est en démocratie, la voie est connue pour parvenir à ses fins.
PAR BERTIN DAKOUO
Info-matin