Dans la capitale Bamako, le débat en cours dans les états-majors des partis politiques, dans le milieu religieux fortement impliqué dans la vie politique du pays, dans le cercle restreint des probables déclarés candidats, est unique : La présidentielle de 2022.
Ce rendez-vous électoral prévu à la fin de la transition en cours sera important dans l’avenir de notre pays. Il est le chemin qui conduira la nation vers un régime démocratiquement élu ayant des hommes et des femmes investis de la confiance du peuple.
Conscients de cette réalité, certains hommes politiques ne se font pas d’illusions. Remporter la bataille de la présidentielle pour une formation politique est une équation quasiment impossible. D’où la nécessité d’aller vers de regroupement porteur d’espoir.
L’ancien ministre, Yaya Sangaré, cadre politique de l’ADEMA-PASJ, est convaincu de cela. « La force de gagner les élections prochaines, pour une seule formation politique est minime, sinon quasi nulle, même pour des formations politiques structurées et largement implantées à travers le pays, comme l’Adéma-PASJ, l’URD ou le RPM. C’est une plateforme forte et vertueuse à construire sur le courage et la foi de ses adhérents, du plus profond d’eux-mêmes », estime-t-il, dans une tribune publiée dans un journal de la place. Pour ce cadre du parti des abeilles, « le voyage pour 2022-2023 ne sera pas une simple promenade de santé, encore moins une sinécure; il sera, par contre, semé d’embûches aussi périlleuses les unes que les autres ».
S’il faut attendre le congrès de l’ADEMA-PASJ, prévu probablement en mars prochain pour avoir une idée précise sur celui qui portera leur flambeau dans la course à la présidentielle, d’ores et déjà, la bataille dans l’anti chambre de cette formation politique a commencé. Dans la presse, il est déclaré que le président du parti Pr. Tiemoko Sangaré est candidat, de même le parti serait convoité par le PDG de CIRA, le milliardaire homme d’affaires Seydou Coulibaly qui rêve d’occuper le palais de Koulouba. En attendant, il faut la confirmation de toutes ces hypothèses.
L’autre président d’un parti politique, qui se voit dans la course, est Tieman Hubert Coulibaly, patron de l’UDD. Le fils de Moussa Balla Coulibaly a officialisé sa candidature à la faveur d’une rencontre avec la presse. Au sein du Rassemblement Pour le Mali (RPM), l’ex parti au pouvoir, la question de la présidentielle est évoquée.
Selon des informations qui nous sont parvenues, le président de l’Assemblée nationale sortant, Moussa Timbiné, ne semble pas intéresser à ouvrir de front. Ce qui ouvre d’office la voie à des incertitudes au sein des tisserands. Une partie de l’opinion publique, dont la tête de proue est Issa Kaou Djim, réclame la candidature du colonel Assimi Goita, vice-président de la transition. Si l’intéressé donnait une suite favorable à cette demande, la liste des prétendants rallonge alors.
Diversement appréciée
Outre la classe politique qui n’a pas fini de parler d’elle, pour la présidentielle de 2022-2023, il faut compter aussi sur le leader religieux politique, l’imam Mahmoud Dicko. Ce dernier, dans son manifeste, à l’image d’un projet de société, publié début février, a annoncé les couleurs. Mahmoud Dicko qui s’est dit tromper souvent en soutenant des hommes politiques ne va se faire raconter le rendez-vous électoral à venir.
« Je veux porter ici la voix d’un nouvel élan d’émancipation, d’une urgence à agir, à penser haut et vrai, devant l’histoire pour de nouveaux horizons, avec l’espoir que le génie malien entendra l’écho de cette voix et élèvera à mes côtés, en pèlerin, notre destinée », prêche-t-il dans son manifeste, prenant des engagements tel un prochain candidat.
Cette sortie de l’ex président du HCIM a été diversement appréciée. D’aucuns ont estimé que l’imam Dicko devait rester dans son rôle strictement religieux et à l’écart de la politique même s’il a beaucoup contribué à la chute du régime d’IBK. Par contre, certains voient son intrusion sur la scène politique comme le respect de la laïcité. Interrogé sur la question sur le plateau du Renouveau TV, Tieblé Dramé a estimé qu’il n’y a aucun problème à cela. «Ce sont des acteurs de la vie publique, nous devons les intégrer dans ce combat pour la préservation du Mali, pour la stabilité de notre pays. La laïcité fait partie des principes cardinaux de la République du Mali », indique le président du Parena.
Somme toute, le constat démontre que le marigot politique malien n’est pas un fleuve totalement tranquille, ces derniers temps. Il est au creux de sa vague, mêlée de politiques et religieux. Reste à espérer que la tempête annoncée passera sans danger.
Ousmane Morba
Source: L’Observatoire