C’est la question qu’on se pose après sa déclaration de candidature pour la présidentielle de 2018. En effet, le président du parti Yelema a officialisé sa candidature à la faveur d’une conférence de presse, le 08 avril dernier, en présence des membres de la Plateforme pour la présidentielle de 2018. Moussa Mara en a profité pour se prononcer sur le dossier de l’avion présidentiel qu’il a eu à gérer pendant qu’il était à la tête du gouvernement.
Devenu une étoile montante après les législatives de 2007, beaucoup d’opportunistes politiques rêvaient d’emprunter les wagons de la jeune locomotive et prodige. D’ailleurs, il était annoncé comme étant un successeur potentiel d’IBK en 2023, année de tous les tournants.
Candidat à l’élection présidentielle de 2013, il n’a réussi à convaincre le maximum de Maliens pour accéder à Koulouba et se contentera d’un seul élu à l’Assemblée nationale. Il a néanmoins mérité d’intégrer le premier gouvernement d’IBK avant d’être miraculeusement hissé à la Primature. En effet, l’expert-comptable accepte d’être le fusible du président IBK et s’est aventuré dans l’inconnue pour se retrouver dans une gueule du loup. Était-ce une erreur due à une ambition démesurée ?
En tout cas, l’erreur de Moussa Mara es qualité Premier ministre aura été, dans la foulée de l’adoption de sa Déclaration de Politique Générale, d’avoir avoué devant l’Assemblée nationale que l’avion présidentiel sous l’ancien président ATT n’était pas immatriculé et présentait des défaillances techniques. Pire, il dira pour plaire à son employé et ses représentants à l’hémicycle que cet avion n’appartenait pas au Mali. Or la réalité était que l’avion du président ATT est bel et bien immatriculé et au nom de l’armée de l’air.
Contre vents et marées, le jeune PM a ainsi défendu l’indéfendable. Il est réduit aujourd’hui à implorer l’indulgence du peuple malien pour accéder à la magistrature suprême.
Moussa Mara a laissé entendre, en effet, qu’il commit une erreur de communication. Il s’est par la même occasion défendu de n’avoir été associé ni de près ni de loin à l’achat de l’avion et indique que son malheur aura été d’être nommé à la tête du gouvernement au même moment où l’avion présidentiel arrivait au Mali. Il était fier à l’époque de rabrouer les députes de l’opposition en martelant la célèbre phrase : «je ne démissionne pas».
En définitive, la précieuse confiance qu’il implore, il l’aura difficilement de la part des concitoyens. Pour cause, comme lui-même l’a si bien dit, au moment des faits, les Maliens et les maliennes avaient des préoccupations plus urgentes que l’achat d’un avion présidentiel. Par ailleurs, plutôt que de chercher à convaincre le peuple malien, Moussa Mara devrait d’abord convaincre la Plateforme du changement dont il rêve d’être le porte-étendard pour déloger IBK de Koulouba. Avec son bilan à la tête de la commune IV, son passage à la primature, ces erreurs répétées et surtout la présence de sang-froid aussi ambitieux que lui sur l’arène politique notamment Boubacar Diallo et de Moussa Sinko Coulibaly, cette équation n’est guère des moins difficiles.
Toutes ces erreurs prouvent à suffisance son manque de maturité pour gouverner un pays. Du coup, IBK sera pour toujours le fantôme de son rêve brisé de gouverner le Mali
Amidou Keita
Le Témoin