Les Maliens ont commencé à voter dimanche, pour élire un nouveau président lors d’un scrutin dont l’enjeu numéro un est la sécurité. Le président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, et le chef de l’opposition, Soumaïla Cissé, sont donnés favoris.
Les Maliens ont commencé à voter, dimanche 29 juillet, pour un scrutin présidentiel déterminant pour le pays, toujours confronté à la menace jihadiste malgré cinq ans d’interventions militaires internationales.
Les quelque 23 000 bureaux de vote ont ouvert à 8 h (locales et GMT) et doivent fermer à 18 h. Les premiers résultats sont attendus dans les 48 heures, les résultats officiels provisoires le 3 août au plus tard, avant un éventuel second tour le 12 août.
Plus de huit millions d’habitants de ce vaste pays enclavé d’Afrique de l’Ouest, comptant une vingtaine d’ethnies, sont appelés aux urnes pour reconduire le président Ibrahim Boubacar Keïta, 73 ans, ou élire un de ses 23 concurrents, dont le chef de l’opposition, Soumaïla Cissé, et une seule femme, Djeneba N’Diaye.
“Voter pour mon pays”
“J’ai ma carte, je vais voter pour mon pays et pour celui que j’aime comme président, car je suis un citoyen comme les autres”, a déclaré à l’AFP Moriba Camara, un instituteur de 35 ans, alors que les électeurs n’étaient encore qu’une poignée dans les locaux défraîchis de “l’École à côté du marché” de Sebenicoro, un quartier de Bamako, où Ibrahim Boubacar Keïta devrait voter plus tard dans la journée.
“Au nord du Mali, il y aura des problèmes, j’espère que ça va aller”, s’inquiète néanmoins Moriba Camara en évoquant les vastes régions du pays où, malgré l’accord de paix de 2015, les violences jihadistes ont non seulement persisté mais se propagées du nord vers le centre et le sud du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires.
La sécurité, enjeu majeur du scrutin
L’opposition, qui dénonçait un risque de fraude, a fini par s’entendre samedi avec le gouvernement pour participer au scrutin, malgré ses réserves sur le fichier électoral.
Vendredi, les jihadistes se sont invités dans le débat par la voix du chef de la principale alliance jihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, le Touareg malien Iyad Ag Ghaly, dirigeant d’un des groupes islamistes qui s’étaient emparés de tout le nord du Mali en 2012. “Ces élections ne sont rien d’autre que la poursuite d’un mirage et nos peuples n’en récolteront que des illusions”, a déclaré dans une vidéo le chef du “Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans”.
La sécurité est l’un des enjeux principaux de ce scrutin. Pour permettre la tenue du scrutin sur la plus grande partie du territoire, plus de 30 000 membres des forces de sécurité, nationales et étrangères, sont mobilisés, selon le ministère de la Sécurité intérieure.
Dans le Nord, où l’État est peu ou pas présent, les groupes armés signataires de l’accord participeront également à la sécurisation du vote.
Le taux de participation est traditionnellement bas, sensiblement inférieur à 50 %, au premier tour de l’élection présidentielle dans ce pays connu pour son rayonnement culturel, mais où moins d’un tiers des plus de 15 ans sont alphabétisés.
Avec AFP
Première publication : 29/07/2018
France 24