Aliou Boubacar Diallo, milliardaire malien de 58 ans, connu pour être le PDG de la Société minière Wassoul’Or SA, semble être un candidat sérieux pour la présidentielle qui doit se tenir au mois de juillet prochain au Mali. C’est en tout cas ce que souhaite une partie de la population malienne qui, depuis plusieurs semaines, s’active à créer des clubs de soutien un peu partout sur le territoire malien. Même s’il n’a pas encore officiellement déclaré son intention, Aliou Boubacar Diallo multiplient les signaux favorables à ces appels du pied de ses partisans.
Au seuil du nouvel déjà, dans un message de vœux, il appelait à la constitution d’un front des « forces du changement » avec en perspective une candidature unique de l’opposition politique tout en posant un préalable. « J’invite tous ceux qui souhaitent porter le changement en 2018 à se mettre ensemble pour créer un grand rassemblement afin d’exiger des élections libres, transparentes et crédibles », déclarait-il.
Cette annonce a sonné comme un écho favorable pour ses partisans. En cette fin janvier, certains ont même lancé une pétition afin que l’homme d’affaires se prononce. Pour beaucoup d’entre eux, Aliou Boubacar Diallo serait la figure idéale du changement et de la rupture avec une génération politique qui gère le pays depuis près de 30 ans.
Vu comme un opposant de premier plan depuis la sortie fracassante de son parti, l’ADP-Maliba, de la majorité présidentielle en 2016, l’homme ne cache plus son rejet de la politique menée par le président malien Ibrahim Boubacar Kéita (IBK). Lors du débat sur la révision constitutionnelle, Aliou Boubacar Diallo n’avait pas hésité à s’opposer frontalement au pouvoir en accusant IBK de vouloir exclure une partie de la population du processus de changement de la Constitution. « Ce serait donner raison aux terroristes de voter sur moins du tiers du territoire national », fustigeait-il.
Récemment, lors de la célébration de la fête de l’armée malienne, Aliou Diallo répondait à ceux qui souhaitent qu’il soit candidat. « Plus personne n’a le droit de se soustraire à ses responsabilités »,indiquait-il avant d’ajouter plus loin qu’ « hommes et femmes politiques, leaders religieux, acteurs de la société civile, opérateurs économiques ou simples citoyens, chacun doit s’investir pour sortir le pays de l’ornière ». Dans son entourage, ses proches sont formels : sa candidature n’est plus qu’une question de semaines. Janvier, février, mars ? « Le timing dépend d’un objectif qui lui tient à cœur : le rassemblement le plus large possible », affirme pour sa part l’un de ses lieutenants.
En effet, Aliou Boubacar Diallo aurait déjà décidé de se présenter mais travaillerait en coulisses à rapprocher les points de vue des différents acteurs du changement afin de rassembler le plus largement possible. L’homme d’affaires dispose à ce titre de nombreux atouts de séduction qui pourraient faire basculer de son côté certains poids lourds politiques.
Tout d’abord, son parti politique qui est la deuxième force de l’opposition avec ses 9 députés et près de 300 conseillers communaux. Ce maillage territorial lui permet d’asseoir sa candidature sur un appareil politique qui a déjà fait ses preuves. De la même manière, Aliou Boubacar Diallo effectue depuis quelques mois un rapprochement avec les populations à travers sa fondation Maliba. Financement de projets, appuis à la formation des jeunes, accompagnement des conseils régionaux dans leurs initiatives, sont autant de projets qui lui ouvrent portes et cœurs.
Il se murmure que l’homme d’affaires a également les faveurs d’une partie de la classe politique française et de certains chefs d’Etat africains. Pour réussir son saut en politique, Aliou Boubacar Diallo a choisi de s’entourer de plusieurs jeunes cadres supérieurs qui doivent eux aussi, aux côtés de certaines figures connues, incarner le changement. Ces jeunes loups aux dents longues peaufinent la stratégie politique du candidat et les futurs messages de campagne.
A ce jour, c’est son parti que les observateurs scrutent de près. Depuis ce début d’année, l’effervescence autour de la présidentielle pousse les cadres de l’ADP-Maliba à dévoiler une partie de la stratégie de leur futur candidat. Il s’agira très certainement d’une large coalition regroupant des partis politiques, des associations de la société civile ainsi que des leaders religieux du pays. « Tout le monde est conscient qu’aucun parti ne peut remporter une présidentielle seul », confirme un cadre du parti de l’homme d’affaires. L’ADP-Maliba s’est fixé une deadline qui devrait donner plus de détails dans les semaines à venir. Il s’agit de l’organisation de la conférence nationale du parti qui devrait investir le candidat du parti pour la présidentielle.
Mohamed Touré
Source: Sahel Emergent