«Que tous ceux qui veulent se présenter contre toi à la présidentielle du 29 juillet gardent leurs cautions ; car, ils vont perdre tout simplement parce que vous avez le monde rural avec vous».
C’est en ces termes que le Président de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali (APCAM), Bakary Togola, a rassuré le Président de sa victoire au soir du 29 juillet, date du premier tour de la présidentielle. Il était présent au pupitre pour décliner les avancées enregistrées dans le monde agricole depuis la dernière édition du SIAGRI, déroulée en 2016, faire part des difficultés aux plus hautes autorités. Mais, au lieu de cela, le discours de Bakary Togola a été celui d’un soutien au Président de la République. Si ce dernier ne s’est pas encore décidé, en tous cas de façon claire, il faut croire que ce coup de pouce du Président de l’APCAM, au moment où les soutiens se font de plus en plus rares dans l’entourage d’IBK, va l’inciter à déclarer officiellement sa candidature. Lui qui hésite encore à se jeter à l’eau. D’ailleurs, dans la soirée du samedi dernier, quelques heures après l’ouverture du SIAGRI, il devait rencontrer les partis politiques membres de la majorité présidentielle. L’objectif serait de savoir s’il bénéficie de l’accompagnement de ces derniers ou pas. L’ADEMA n’est pas complément acquise, la CODEM se disloque, le CNID et le MPR sont partis ainsi que Bathily et son APM. Et pire, le Président ne compte pas sur le RPM, son parti pour le réélire. Il l’a dit à maintes reprises. Alors ces mots de Bakary Togola ont eu le mérite de lui arracher quelques sourires. Du baume au cœur. Surtout que ce dernier l’a regardé droit dans les yeux pour lui dire : « Nous sommes les paysans. Nous représentons 80% de la population malienne. Si nous sommes avec un candidat, personne ne peut le battre. Et, compte tenu de tous ce que vous avez fait pour nous, l’allocation de 15% du Budget national à l’Agriculture mieux que n’importe quel autre pays de la Sous-région, la dotation des paysans en tracteurs, la subvention des engrais, l’insémination artificielle de notre cheptel, nous sommes avec vous». Et va jusqu’à mettre en garde les autres futurs concurrents d’IBK: «Ceux qui veulent se présenter peuvent garder leurs cautions pour, ne pas les perdre. Ils peuvent patienter encore cinq ans ; histoire qu’IBK boucle ses dix ans et ensuite ils pourront competir pour Koulouba. Sinon, au stade actuel, ils sont perdants ». Il faut signaler que l’auteur de ces propos est démissionnaire du PDES (qui se réclamait d’ATT) pour rallier les prairies plus vertes du RPM. Il est membre du RPM, même s’il a été recalé aux portes du Bureau national. Longtemps il a ruminé son chagrin, mais ses propos témoignent qu’il soit revenu à de meilleurs sentiments.
Le hic, c’est que lui qui dit parler au nom de l’ensemble des paysans du Mali, il fait face à de vives contestations au sein des organisations de la paysannerie qu’ils dirigent. Une fronde menée par de nombreux cotonculteurs visait à le faire quitter la tête de leur organisation. Au sein de l’APCAM, il ne jouit également pas des coudées franches. Alors quel crédit faut-il accorder aux propos de quelqu’un qui ne fait pas l’unanimité même dans sa propre petite famille? On se souvient de l’épisode de Koutiala et de Kéniéba où des personnes non mandatées ont engagé toute une communauté. Et la suite on la connaît. Récemment à Ségou, des Chefs de quartiers se sont désolidarisés du soutien à la candidature d’IBK formulée par l’un des leurs. Ils disent ne pas avoir été consultés pour ça et disent être à équidistance de tous les candidats.
Ce que Bakary Togola a dit à IBK, samedi matin, il l’a déjà dit à ATT.
Mohamed Sangoulé DAGNOKO : LE COMBAT