Le peuple finalement a été pris à contre-pied, car le 11 février 2012 lors d’une interview dans l’hebdomadaire Jeune Afrique, le candidat IBK avait donné son avis sur la nouvelle rébellion qui a éclatée le 17 janvier 2012. C’est une rébellion de trop, qui ruine les efforts entrepris pour développer cette partie du pays. Elle prend sa source dans la faiblesse de l’Etat et la dissémination d’armes depuis la fin de la guerre en Libye.
Cela dit, pour moi, le Mali est un et indivisible, raison pour laquelle j’ai appelé à l’unité nationale derrière un front républicain. Il est plus que jamais nécessaire de mettre en œuvre un grand dialogue national associant toutes les composantes communautaires du nord-Mali, les forces politiques et chefferies traditionnelles, l’administration locale et centrale, des experts et représentants de la société civile. C’est la raison pour laquelle j’ai proposé l’organisation d’assisses nationales du nord. Elles nous permettront de nous comprendre, de redéfinir les contours de l’Etat pour mieux l’adapter aux besoins des populations et faire en sorte que chacun participe à la gouvernance. Si je suis élu, je proposerai également une loi de programmation militaire afin que nos forces armées soient en mesure de rétablir la sécurité et de restaurer l’autorité de l’Etat face aux diverses menaces auxquelles nous devons faire face, notamment Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique, NDLR). Il faut un engagement vigoureux en faveur de la paix. Certains me traitent de va-t-en-guerre. Je ne le suis pas. Mais qui veut la paix prépare la guerre ».
Après six ans de pouvoir, il a pris le contre-pied, de tous ce qu’il avait eu à dire lors de cette interview. En lieu et place d’un grand dialogue réclamé également par son adversaire au 2ème tour de l’élection présidentielle de 2013, il a envoyé une cinquantaine de cadres sans aucune expérience dans la gestion des conflits au nord du Mali pour nous parapher un accord dit d’Alger qui divise le Mali désormais. L’opposition républicaine pour lui faciliter la tâche lui avait suggérer d’organiser des concertations nationales pour dégager ce que le peuple peut accepter et ce qu’il peut refuser. Malheureusement, il a pensé que l’opposition malienne voulait lui retirer l’initiative des négociations d’Alger au lieu de se dire que l’opposition malienne voulait m’aider à trouver une solution acceptable pour le peuple et le Mali.
Voulant faire passer de force, un projet de révision constitutionnelle, c’est cette opposition bien organisée et mieux outillée intellectuellement que lui, qui a fait échec à son projet. Voici que maintenant, il met en avant le terme « mise en œuvre rigoureuse de l’accord d’Alger » pour un morcellement ethnique dans les régions du nord afin d’amener des chefs de guerre touareg et arabes à l’hémicycle au détriment des sédentaires qui ont toujours aidé le Mali. Cela reviendrait à donner le pouvoir à une minorité contre une majorité démographique. Le régime se trouve sur un terrain glissant. Sur la question, le journal « Carrefour » est du même avis que Mr Mahamadou Cissé de la France qui trouve qu’IBK et SBM sont aujourd’hui des autorités de facto au service d’une partie du Mali le nord. Quant à l’autre partie elle fait preuve d’une indifférence totale face à la gestion du pouvoir. Cette division est propice à faire passer des lois qui consacreront la division du Mali. Car des territoires infiltreront le système sur des bases ethniques. Une minorité disposera d’autant, sinon plus de députés à l’Assemblée Nationale que la majorité noire et sédentaire. Un président de région aura plus de pouvoir que le président de la République. Des pouvoirs excessivement étendus, ce qui n’existe nulle part. Si nous laissons IBK et SBM seuls face au conseil de sécurité, ils exécuteront cette basse besogne. Car, très vraisemblablement, ils seraient compromis dans de sales deals ; ils ne peuvent rien leur refuser. Les défendre, les soutenir ou non est une piètre distraction, une pure diversion. Or, le temps est compté ! C’est pour cela que notre énergie doit être consacrée à se donner une force populaire patriotique pour préserver le Mali entier. N’inversons pas les priorités au risque de nous fourvoyer. Car, combattre ces forces qui exercent la tutelle sur le Mali impose le rassemblement de tous les maliens au sein d’une coalition nationale et démocratique et populaire mandatée par tous. Exiger notre souveraineté sur la gestion de l’accord et des grands problèmes de notre Mali passe par ces concertations nationales espace de dialogue nationale souverain dont les décisions et leurs applications pourraient avoir de lourdes conséquences dans nos relations avec ces deux institutions prêtes à diviser le Mali. Là, commencerait l’affrontement véritable avec la Communauté Internationale. Et, c’est cette lutte qui vaudrait la peine d’être menée, d’autant plus que les pressions seraient légion, au cas où nous ne serons pas compris et entendus dans notre choix libre et démocratique de préserver notre Mali un et indivisible.
Badou S. KOBA
Source: Le Carréfour