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Pourquoi l’annonce du référendum divise l’opinion malienne

Les autorités militaires au pouvoir à Bamako ont appelé le 5 avril dernier le corps électoral à un scrutin référendaire sur l’adoption d’une nouvelle constitution en juin prochain. Ce référendum, initialement prévu le 19 mars 2013 puis reporté sine die aura lieu le 18 juin prochain.

Ce sera le premier scrutin organisé par les militaires depuis le double coup d’Etat qu’ils ont perpétré en 2020 et en 2021. Il représente une étape cruciale dans le processus de retour du pouvoir aux civils auxquels les hommes forts de Bamako se sont engagés pour mars 2024 après la tenue d’élections en février de la même année. .

Selon le politologue malien, Ibrahima Harane Diallo, chercheur associé à Timbuktu Institute, ce référendum décidé par les Assises nationales de refondation est une ” étape importante au retour à l’ordre constitutionnel”.

“C’est aussi un moment qui marque le retour du Mali dans le jeu international” après la suspension du pays par l’Union Africaine et la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)”, poursuit le chercheur au sein du Centre d’Études Sécuritaires et Stratégiques au Sahel (CE3S).

L’espoir d’un nouveau départ

En janvier 2022, la CEDEAO a pris une série de sanctions contre le Mali, visant à pousser les militaires au pouvoir à définir un chronogramme clair de la transition et la date des élections sensées marquer la fin du régime des colonels.

L’annonce de la tenue ce referendum marque “un bon début pour qui connaît les défis électoraux qui attendent le Mali”, explique Dr Aly Tounkara, analyste politique et expert au Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S).

C’est, explique-t-il, “une façon pour l’opinion nationale malienne, voire internationale, de nourrir l’espoir d’une transition qui serait prête à mettre fin à cette période transitoire”.

Ces facteurs qui divisent l’opinion malienne

Les réformes constitutionnelles au Mali ont longtemps été débattues par les régimes qui se sont succédé au pouvoir à Bamako depuis le passage à la Troisième République.

“Malheureusement, à travers des contestations auxquelles ces régimes ont eu à faire face, ils ont finalement laissé tomber ces différents projets”, rappelle le politologue Ibrahima Harane Diallo.

Ce projet est d’autant sujet à contestation que les défis sont énormes, souligne M. Diallo. Il évoque notamment un problème de consensus sur l’opportunité du référendum.

Plusieurs organisations, estiment que “les problèmes réels du Mali ne sont pas des problèmes nécessairement liés à la constitution” mais à d’autres facteurs, dit-il.

Il y a aussi certains aspects du texte de loi fondamentale notamment le terme “laïcité” qui ne fait pas consensus, certaines organisations religieuses l’estimant mal à propos et demandant son remplacement.

Ibrahima Harane Diallo évoque également l’absence de consensus entre les anciens groupes armés et l’Etat. “Ces anciens groupes armés, explique-t-il, “ne se reconnaissent pas dans ce nouveau projet, estimant que certains points de leurs doléances liées à l’accord (d’Alger) n’ont pas été pris en compte”.

Pendant ce temps, poursuit Diallo, Bamako estime que les points liés à l’accord ont été pris en compte “notamment la loi sur le découpage territoriale” déjà votée et le bicaméralisme que prévoit le projet de constitution avec ” une deuxième chambre qui va prendre en compte les légitimités traditionnelles issues des régions du Nord”.

Le débat sur “la temporalité et la légitimité”

Au delà de la nécessité d’aller vers une refonte de l’existant, les acteurs ont “du mal à s’accorder sur la temporalité et la légalité”, déclare le Dr Tounkara.

Selon lui, beaucoup d’acteurs dont une partie de la classe politique, mais aussi une partie des leaders religieux, notamment d’obédience sunnite, estiment “qu’une période transitoire n’est pas la mieux indiquée pour amorcer des réformes constitutionnelles et même administratives”.

La légitimité, pour une certaine opinion, également, explique-t-il, “n’est pas du ressort d’un pouvoir qui n’est pas issu des urnes d’amorcer un tel changement”.

Ces acteurs, qu’ils soient politiques ou religieux “demeurent des acteurs marginaux”, conclut Dr Tounkara.

Environ huit millions cinq cents mille électeurs seront appelé à se prononcer au référendum le 18 juin prochain selon l’Autorité indépendante de gestion des Élections(AIGE), structure chargée de l’organisation des élections au Mali.

Source: BBC

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