Savoir partir est l’issue heureuse de la bonne gouvernance instaurée, pendant le mandat effectué. Dans ce sens, la seule lueur d’espoir vient du Niger avec le Président Mahamadou Issoufou. La problématique de la transmission de la mémoire et du savoir et du leadership en Afrique est au cœur du développement du continent.
Ce qui se passe en Guinée, au Togo, Cameroun, Gabon, Congo Brazzaville et surtout au Mali, est révélateur de la tragédie africaine.
Lorsqu’on interroge notre histoire, aussi longtemps que l’on remonte dans le temps, les civilisations meurent avec les détenteurs du savoir.
Le Professeur Edem Kodjo dans son ouvrage « …Et demain l’Afrique » a brillamment traité de cette tragédie. Toutes nos grandes civilisations ont disparu sans héritiers, sans continuité parce que dès lors que l’aristocratie régnante a été décapitée, la mémoire et le système de transmission du savoir n’ayant pas été suffisamment diffusé, parce que resté ésotérique, est interrompu et toute la société s’écroule, parce qu’il a très souvent manqué une élite détenant le savoir pour continuer la résistance.
Ce phénomène de déstructuration de nos sociétés a été remarqué tout au long de la marche du continent vers son développement.
L’envahisseur prenant le relai, impose ses normes et valeurs, le développement endogène s’estompe, dans la plupart des cas, on assiste à un éternel recommencement. Ainsi, derrière la manière de gérer les transitions et la perte de la mémoire collective qui en résulte se cache un des pires ennemis du continent. Que faire pour nous protéger de nos ennemis si nous sommes incapables de les identifier dans notre marche au quotidien.
Dans les temps modernes, nous continuons le même schéma. Au lendemain des indépendances, suivit « le despotisme obscure » dans lequel, les politiques de développement mise en place ont été démantelées ou abandonnées à la suite des coups d’Etat, l’élite dirigeante a été exclue, marginalisée voir massacrée.
Les nouveaux maitres sont venus avec des recettes de leurs sponsors extérieurs. Le dirigeant, appelé « Homme fort » n’a mis en place aucun mécanisme de transmission de la mémoire du pays et des politiques. Tous les appareils idéologiques sont mis au service des nouveaux maitres pour dévaloriser, détruire les régimes précédents et les hommes qui les ont incarnés. Le continent s’est trouvé dans l’incapacité de produire une culture politique du développement. Sous ce rapport, les régimes militaires ont plus nuit au développement de l’Afrique que les guerres civiles en cours. Lorsque l’Afrique a entrevu les processus démocratiques, le schéma n’a pas été inversé.
A quelques rares cas près, les dirigeants africains ont peiné à se choisir et à former des successeurs aux termes de leurs mandats constitutionnels. L’expérience qui se déroule sous nos yeux au Niger avec le Président Mahamadou Issoufou s’elle était concluante tracerait un nouveau destin pour l’Afrique. Car les succès obtenus par les peuples est aussi tributaire de la qualité de la transmission du pouvoir ainsi que de la défense de la mémoire collective.
Tristement à ce jour, les projets politiques, les projets de société meurent avec le leader au pouvoir ou dans la violence.
Voilà une des raisons de l’échec générationnel dans les pays africains, quand des dirigeants laissent leur pays mourir avec eux à la fin de leur pouvoir faute d’avoir su transmettre un héritage politique.
Souleymane Koné, ancien ambassadeur