Les travaux de la deuxième conférence sur le lac Tchad ont pris fin mardi à Berlin. Une conférence dont l’objectif est notamment de stabiliser la situation sécuritaire face aux menaces de Boko Haram.
La détérioration de la situation humanitaire dans la région du lac Tchad remonte à 2013, soit onze après la naissance du mouvement terroriste Boko Haram qui, petit à petit, a étendu son emprise sur cette région. Selon Francis Djomeda, Directeur pays de Welthungerhilfe, une ONG Allemande basée au Niger, c’est une superposition des crises qui a conduit à cette situation.
“N’oublions pas c’est une zone qui a été, durant des décennies, confrontée à des crises cycliques dues d’une part aux conditions climatiques négative et ensuite tout cela s’est aggravé avec la crise sécuritaire qui est venue se greffer sur cette situation déjà précaire qui existait auparavant. Tout à pris une autre ampleur”, explique-t-il.
A l’en croire, “ce genre de phénomène prolifère facilement dans des endroits où il y a le sous-développement, la question du sous emploi ou du chômage. Il y a beaucoup de jeunes qui n’ont pas de travail et qui peuvent se faire enrôler facilement dans ce genre de groupe.”
Des frontières poreuses
Pour Dimouya Souapébé, conseiller en sécurité de la province du lac Tchad, c’est la porosité des frontières avec des communautés ethniques similaires de part et d’autre qui explique aussi l’implantation de Boko Haram.
“Vous savez que cette communauté du lac Tchad, qu’elle soit du côté du Cameroun, du Niger ou du Nigeria, est une population qui a un mode de vie commun. Vous trouverez des Tchadiens au Nigeria ou au Cameroun et vice-versa. Grâce cette facilité des mouvements entre les communautés, Boko Haram a pu infiltrer le lac Tchad. Boko Haram n’est pas une rébellion, elle ne défend aucune idéologie”, affirme l’expert en sécurité.
Et d’ajouter : “Aujourd’hui, avec tout ce que les autorités locales ont fait au sein de la communauté, et je voudrais en l’occurrence parler des comités de vigilance, il se trouve que Boko Haram existe toujours et cela s’explique par les difficultés à faire la différence entre Boko Haram et la communauté locale.”
Il faut préciser que cette crise a fait environ 2, 4 millions de déplacés en 2018. Parmi eux, 1,7 millions de déplacés internes dans le nord-est du Nigeria et plus de 215.000 réfugiés nigériens qui ont fui vers le Niger, le Cameroun et le Tchad