Plusieurs personnes ont manifesté mardi à Bamako, à l’appel de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM) pour mettre la « pression » sur le gouvernement sur les licenciements abusifs des travailleurs dans les mines, les sociétés privées de sécurité et le remboursement des prélèvements au titre de l’Assurance maladie obligatoire. Il s’agit des syndicalistes proches du capitaine Amadou Haya Sanogo dont ils ont soutenu le coup d’Etat.
Au moins une centaine de manifestants selon les organisateurs ont participé hier 8 avril à Bamako à une assemblée générale devant les locaux de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali. . La centrale qui a soutenu le coup d’Etat militaire du 22 mars 2012 et l’ex-junte dirigée par le capitaine Amadou Haya Sanogo, a appelé à la constitution d’un « front uni » afin de faire une démonstration de force après le rejet par le gouvernement du « dialogue social » entre les travailleurs et les sociétés.
Avant l’assemblée générale, qui a donné lieu à un communiqué de presse comportant trois revendications, plusieurs orateurs ont fustigé le gouvernement, lui reprochant son inactivité dans les faits, « alors que les travailleurs sont dans les conditions inacceptables ».
« Nous n’allons jamais accepter que nos collaborateurs soient renvoyés dans les sociétés minières et agences privées de sécurité sans des mesures d’accompagnement », a averti le secrétaire général du syndicat de l’agence de sécurité Sécuricom, Moussa Tabouré. Avant de déplorer l’attitude peu orthodoxe des agences qui ne favorisent pas un climat transparent et apaisé. « Il faut aller à l’application de code de travail pour garantir les conditions de vie des travailleurs », a déclaré le secrétaire général Moussa Tabouré.
Halte aux harcèlements et licenciements abusifs
L’autre plat de résistance des manifestants du mardi à la CSTM portait sur violations des droits des leaders syndicats.
A l’entame de ses propos, le secrétaire de la CSTM, Hamadoun Amion Guindo, a dénoncé les mesures draconiennes prises par le gouvernement à l’encontre de certains leaders syndicats. « La mesure de répression des autorités à l’encontre des leaders ne nous fera point peur. Et nous allons assumer notre responsabilité », a-t-il expliqué, dénonçant l’arrestation du secrétaire général du Syndicat national de la police et certains agents de la Sécuricom, Youssouf Fofana, par les agents de sécurité lors de l’AG.
Selon le secrétaire de la CSTM, les travailleurs du Syndicat national de la police affilié à la centrale traversent une passe difficile aujourd’hui pour avoir exigé le remboursement des prélèvements de l’Assurance maladie obligatoire. « Cela est inamissible, l’Amo est toujours volontaire à notre avis. Son adhésion ne doit pas être au détriment des travailleurs », a fustigé Hamadoun Amion Guindo.
Une manœuvre politique selon les autorités
M. Guindo a annoncé qu’après l’assemblée générale du mardi, une commission technique va statuer sur la marche nationale de protestation contre les violations des droits des travailleurs.
Du côté des autorités, on dénonce une manœuvre politique des syndicalistes proches de l’ex-junte dont le chef, le capitaine Amadou Haya Sanogo est l’origine de la nomination du président de la CSTM, Hamadoun Amion Guindo, à la présidence du conseil d’administration de l’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications/TIC et des Postes (AMRTP). Pendant la transition, le capitaine a permis au beau-frère d’Amion Guindo en la personne de Brehima Tolo d’entrer au gouvernement au poste de ministre de la Poste et des Nouvelles Technologies. C’est donc des gens mécontents du sort de leur champion en prison depuis novembre dernier, qui voudraient régler des comptes avec IBK. En tous cas, on va vers un bras de fer qui risque d’être explosif dans les jours à venir.
Bréhima Sogoba
SOURCE: L’Indicateur du Renouveau