L’ancienne ministre Mme Ly Taher Dravé nommée administrateur provisoire par la DNTCP
Après avoir tenté par tous les moyens de s’accrocher à son poste, le Directeur général des Assurances Lafia-Sa, Ousmane Bocoum a été finalement débarqué puis interpellé par la Section judiciaire de la gendarmerie du Camp I en compagnie de cinq autres cadres de la société. La Direction nationale du trésor et de la comptabilité publique (DNTCP) qui avait mené un contrôle de gestion ayant mis au jour de » nombreuses irrégularités au plan administratif et financier » portant sur un montant à justifier de plus de 3, 8 milliards de FCFA, a choisi l’ancienne ministre de l’Elevage et de la pêche, Mme Ly Taher Dravé, comme administrateur provisoire pour un mandat de deux mois renouvelables.
Suspendu de ses fonctions puis remplacé, le désormais ex-Directeur général de la société Assurances Lafia-SA, Ousmane Bocoum a été interpellé, la fin de semaine dernière, en compagnie de cinq autres cadres de la même société. A en croire des sources bien informées, c’est la Section d’investigation judiciaire de la gendarmerie du Camp I qui a procédé à cette quintuple interpellation.
Il est reproché à l’intéressé de ne pouvoir justifier plus de 3,8 milliards de FCFA au détriment de la compagnie d’assurance. D’autres collaborateurs, qui auraient l’aidé dans ces présumées opérations de soustractions des fonds, ont été aussi mis sous le verrou. D’autres personnes sont recherchées. Ces manquements ont été dévoilés par les différents rapports de contrôle menés par le Tribunal de Commerce de Bamako et la Direction nationale du trésor et de la comptabilité publique (DNTCP).
Ainsi, conformément aux dispositions des articles 312 et 321 du Code des assurances, le Secrétaire général du ministère de l’Economie et des finances, par décision n° 0074 du 27 août dernier, a décidé de suspendre les organes dirigeants (Conseil d’administration et Direction générale) des Assurances Lafia-SA et la mise sous administration provisoire de la campagne.
Le département des finances, se fondant sur le rapport de la DNTCP, relève que » l’examen de la situation de la société est marquée par une détérioration du climat social qui entrave la bonne marche des affaires et constitue une menace pour les intérêts des associés et bénéficiaires de contrats d’assurance et de capitalisation « .
Selon toujours le département de tutelle, les différents manquements constatés par la mission de contrôle de la DNTCP sur la gestion de la direction générale de la société nécessitent des mesures de sauvegarde et de bonne gouvernance.
Dans sa décision, il précise que » la société est mise sous administration provisoire « . Et de poursuivre que » Mme Ly Taher Dravé est nommée administrateur provisoire de la société. L’intéressée bénéficie à ce titre d’un traitement mensuel et des avantages rattachés à ses fonctions fixés par le conseil de surveillance dans les conditions prévues à la circulaire du 24 octobre 2012 portant limitation des frais de gestion des administrations provisoires « .
Le mandat de l’administrateur provisoire est de deux mois renouvelables. Il aura pour mission de gérer les affaires courantes de la société, de corriger les insuffisances sur l’opération d’augmentation du capital social ainsi que les autres anomalies signalées dans le rapport de contrôle, permettre au Directeur général suspendu de justifier le montant de plus de 3, 8 milliards de FCFA arrêté par les travaux de la mission de contrôle de la DNTCP.
Quid des 123 millions de FCFA de «créances» de Amadou Djigué ?
Amadou Djigué est le président du conseil d’administration de la société en sa qualité d’actionnaire majoritaire. C’est à ce titre qu’il a exploré les voies et moyens nécessaires pour attirer l’attention des autorités de tutelle sur la gestion opaque de l’entreprise par la Direction générale qui était même allée jusqu’à organiser une session du conseil d’administration pour le débarquer illégalement.
Les différents contrôles ont été menés à sa demande. Cependant, dans le rapport de la DNTCP, il lui est reproché une créance de plus de 123 milliards de FCFA que l’administrateur provisoire est censé recouvrer. A cet égard, dans une correspondance datée du 3 septembre dernier, Amadou Djigué expliquait au ministère de l’Economie et des finances ce qui suit : » Suite à ma demande adressée à la DNTCP, une mission de contrôle a été dépêchée aux Assurances Lafiasa qui, son rapport en date du 12 août 2020, a fait ressortir à la page 18 que je suis redevable d’un montant de 123 831 719 FCFA qui serait consécutif à mes frais d’évacuation sanitaire et de soins médicaux, ce qui n’est pas vrai et je n’ai jamais demandé de prêt à cet effet.
Ce sont les administrateurs, en accord avec la Direction, qui ont pris cette décision en mon absence et, à mon retour, je n’ai jamais été informé par qui que ce soit qu’il s’agissait d’un prêt. Quant aux impayés des assurances automobiles, établies à l’endroit des sociétés Kadiel-Petrolium ou SODIPA, je ne suis ni de près ni de loin associé ou gérant d’aucune de ces sociétés « .
M. Djigué de conclure : » Tout cet acharnement à mon égard relève du fait que j’ai demandé, après des soupçons de mauvaise gestion au sein des Assurances Lafia-SA par ceux qui en ont la charge, un contrôle approfondi « .
Youssouf CAMARA
Source : l’Indépendant