La Coalition citoyenne de la société civile pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale (CCSC-PURN) a procédé, la semaine dernière, à l’hôtel Colibris, à la présentation de son VIII rapport alternatif citoyen sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali (APR). De la synthèse dudit rapport, il ressort que malgré la signature de l’APR depuis 8 ans, désormais dans une impasse, la paix est loin d’être une réalité. Et malgré la présence des milliers de militaires étrangers sur le sol malien, le terrorisme n’est pas vaincu, loin s’en faut, et le territoire occupé n’est pas entièrement récupéré.
Cette cérémonie était présidée par l’Ancien Premier ministre, Ahmed Mohamed Ag HAMANI ; en présence du secrétaire général de la coalition, Boubacar BOCOUM ; du représentant de la Fondation Frederick Ebert Stintung (FES), Abdouramane DICKO ; de l’ancien ministre, le Dr Abdoulaye SALL, président de Cri 2002, etc.
Dans son intervention à l’ouverture des travaux, l’Ancien Premier ministre, Ahmed Mohamed Ag HAMANI, a souligné que ce Rapport élaboré avec le soutien financier de la FES procède à une analyse actualisée de la profonde crise multidimensionnelle qui ébranle notre cher Mali depuis tant d’années.
A l’entame de son propos, il a demandé d’observer une minute de silence et de communion, pour le repos de l’âme des victimes civiles et militaires de la crise malienne.
Conformément à ses missions de veille, d’alerte et de propositions de solutions alternatives à la crise qui secoue le Mali depuis plusieurs décennies, la CCSC-PURN, selon son président, contribue à la saine appréhension des enjeux de cette crise et l’implication des citoyens dans la recherche de solutions appropriées, à travers la publication régulière du rapport alternatif.
La présentation de ce 8e Rapport, a-t-il rappelé, intervient, encore une fois, dans un contexte particulièrement difficile, qui nous interpelle tous.
En effet, malgré le renforcement des forces de défense et de sécurité, les menaces demeurent récurrentes et l’insécurité se propage sur presque l’intégrité du territoire national, dont de larges parties échappent au contrôle de l’Etat.
Selon lui, malgré les différents fora nationaux et les multiples conférences, la paix des cœurs et des esprits reste faible, altérant toute velléité de cohésion nationale.
A ces défis biens connus que le Mali affronte depuis longtemps, s’ajoutent à présent d’autres défis tous aussi, sinon plus préoccupants, tel que : les conflits inter et intracommunautaires, qui sapent notre vivre-ensemble ancestral, en particulier dans le centre du pays ; le péril islamiste, qui n’est plus une fiction, avec les affrontements meurtriers, pour le moment localisés autour de Ménaka au Nord du Mali et des velléités islamistes qui s’amplifient dans le centre du pays, voire le reste du territoire national ; le découpage territorial et administratif, porteur de risques réels de balkanisation, si le processus n’est pas maitrisé
De l’avis de Ag HAMANI, les différentes crises maliennes, marquées par des rebellions armées, de troubles sociaux, politiques et de coups d’Etat militaires ne sont que la résultante de la faible capitalisation de l’expérience à tirer de chacune de ces crises depuis 1991.
« Il nous faut donc reconnaître que la responsabilité première nous incombe, nous Maliens uniquement», a-t-il dit.
Pour lui, nous devons dès lors accepter de nous remettre en cause, reconnaître que les solutions de sorties de crise standard préconisées souvent avec la communauté internationale ne peuvent être pérennes, parce que s’appuyant généralement sur une forme démocratique qui n’est pas adaptée à nos réalités et valeurs ancestrales.
«Espérer sortir de la crise exige de chacun de nous de se départir d’agendas particuliers et partisans, et collectivement, de mettre de côté tout égo de quelque nature, politique, social, culturel et matériel», a-t-il conseillé.
C’est la raison pour laquelle la CCSC-PURN lance un appel fort pour ce dialogue exclusivement inter-Maliens, pour, de façon prosaïque, laver le linge sale en famille et adopter de nouveaux paradigmes pour un Mali apaisé, réconcilié avec lui-même, résolument engagé dans un développement à long terme, débarrassé de la corruption et du népotisme. Dans sa présentation, Boubacar BOCOM a précisé que le rapport qui porte sur la situation politique, sécuritaire, économique et social du Mali, couvre la période du 1er octobre 2022 au 30 avril 2023.
Dans ce dernier rapport, la CCSC-PURN affirme que le rétablissement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national et le retour de l’Etat dans les zones déshéritées, des populations déplacées et réfugiées ainsi que la fourniture des services sociaux de bases constituent des préalables au processus de réformes institutionnelles, territoriales et administratives envisagées dans le cadre des transformations nécessaires à la stabilisation et au développement durable du pays.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info Matin