Lors de sa traditionnelle conférence sur la situation politico-sécuritaire de notre pays, le président de l’Alliance démocratique du peuple malien (Adepm), Dr Aboubacar SIddick Fomba, s’est prononcé sur la confusion qui règne au sein des partis politiques signataires de l’accord politique de gouvernance, surtout ceux qui se réclament de l’opposition, la suppression du financement des partis afin de moraliser la vie politique au Mali et plusieurs questions d’actualité.
Selon le conférencier, en ce qui concerne le statut du chef de file, les textes sont clairs sur l’appartenance à l’opposition, étant donné que tous les partis politiques de l’opposition ne se retrouvent pas dans les regroupements politiques, notamment le Front pour la sauvegarde de la démocratie (Fsd) et Coalition des forces patriotiques (Cofop).
Et de poursuivre que tous les partis politiques de l’opposition ne sont pas aussi signataires de l’accord politique de gouvernance ainsi que certains partis politiques de la majorité. Car, ledit accord est conçu pour la mise en œuvre du programme du président de la République.
Le chef de file de l’opposition étant le porte-parole de tous les partis politiques de l’opposition, le conférencier invite le chef de file de l’opposition à prendre toute ses responsabilités afin de mettre fin à cette situation de confusion dans notre système démocratique. “Nous demandons au chef de file de l’opposition de se démarquer du Fsd ou de prendre des sanctions contre les partis politiques du Fsd qui ont rejoint la mouvance présidentielle. Le Fsd doit tenir compte de ces termes qui ont créé cette coalition pour prendre les mesures appropriées. Pour notre part, nous ne reconnaissons pas les partis politiques de l’opposition signataires de l’accord politique de gouvernance comme étant des partis politiques de l’opposition”, a-t-il renchéri. Il ajoutera que l’Adepm invite tous les partis politiques de l’opposition signataires de l’accord politique de gouvernance à s’assumer dans leur position. Car, la démocratie chèrement acquise à travers un bain de sang ne mérite pas une telle atteinte grave, sinon inacceptable.
Se prononçant sur la question du financement public des partis politiques, il dira que la suppression de ce financement constitue un élément important de la moralisation de la vie politique de notre pays. “Ce financement des partis politiques non seulement contribue à l’achat des consciences, mais s’inscrit dans une logique de dépendance de l’existence des partis politiques au budget national”, a-t-il fait remarquer.
A le croire, il est important de souligner que le processus en place pour bénéficier du financement des partis politiques est affecté par un système de corruption qui ne dit pas son nom. Ainsi, dit-il, la suppression du financement des partis politiques peut beaucoup contribuer à cultiver la pratique de la politique par conviction. “Dans la même logique, il est important d’arrêter le financement du Cabinet du chef de file de l’opposition qui créé une certaine complicité entre le pouvoir et l’opposition”, a-t-il poursuivi.
Aussi, dit-il, en octroyant 500 millions de Fcfa au Cabinet du chef de file de l’opposition, c’est une autre façon de dire que la majorité présidentielle peut puiser dans la caisse de l’Etat en toute impunité et exiger le financement de la majorité présidentielle. “Nous devons diminuer de moitié les primes et indemnités des députés, du Premier ministre et du président de la République. Ces mesures ne demandent pas une révision constitutionnelle, mais plutôt une volonté politique. Aussi, celles-ci peuvent restaurer une certaine crédibilité aux hommes politiques et peuvent également renflouer la caisse de l’Etat”, a-t-il proposé.
Par rapport au dénouement du blocage des routes par les jeunes des localités riveraines du tronçon Bamako-Kayes, il s’est réjoui de l’implication personnelle du directeur général de la Sécurité d’État, le général Moussa Diawara, pour la résolution de la crise qui mérite d’être appelée la crise de la routière. “Nous demandons au Général de renforcer notre service de renseignement pour minimiser les sauts des véhicules de forces armées maliennes sur des mines qui tuent plus que la guerre elle-même. Aussi, nous lui demandons d’être un bon conseiller du président de la République et de s’impliquer pour surseoir au projet de révision constitutionnelle et du dialogue politique inclusif de mise en scène pour assurer la stabilité au Mali”, a-t-il souligné.
Dans son réquisitoire, le président de l’Adepm a exhorté le Directeur Général de la Sécurité d’Etat à s’impliquer pour l’annulation de l’accord de défense militaire entre la France et Mali. Car, selon lui, la France ne collabore pas en toute franchise avec nos services de renseignement. “L’exécutif ayant démontré son incapacité à résoudre les problèmes et qui se ridiculise par des comportements qui ne font pas honneur, le Général Diawara sera sollicité pour son appui. Cela devient la règle devant l’incapacité et l’incompétence des politiques”, a-t-il conclu.
Boubacar PAÏTAO
Source: Aujourdhui-mali