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Pour le MNLA, la communauté internationale ne doit pas “imposer la paix” au Mali

Paraphé par les autorités de Bamako le 1er mars, l’accord de paix d’Alger devant mettre fin au conflit malien ne fait pas l’unanimité. Dans une lettre, un porte parole des rebelles touaregs du MNLA interpelle le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop sur les améliorations indispensables à apporter au texte.

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Excellence Abdoulaye Diop, ministre malien des affaires étrangères,

Bien qu’il soit aisé de s’adresser à une audience de grande importance comme le Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA, sans craindre de contradiction à chaud, votre statut de ministre d’État exige de vous une sincérité minimale dans l’agencement de vos dires. Cette sincérité devrait au moins vous amener à reconnaître que même à Bamako, des partis politiques, des organisations de la société de civile, pour des raisons qu’elles ont défendues publiquement, rejettent ce préaccord d’Alger.

Monsieur le Ministre,

Comme vous vous plaisez vous même à le répéter, bien sûr, nul n’est dupe, encore moins les membres du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine. Le problème de votre analyse, c’est la confusion que vous ne cessez de maintenir entre les causes politiques et historiques de ce conflit et les conséquences qu’elles génèrent, conséquences en majeure partie occasionnées par cette malheureuse confusion que les précédents gouvernements de votre État ont entretenu et que vous pérennisez.

Monsieur le ministre,

Assumer ses responsabilités, c’est avant tout voir votre gouvernement mettre fin au dilatoire et à la diversion. C’est seulement suite à cet effort courageux, que ceux que vous tentez aujourd’hui de transformer en auxiliaires contre la CMA, alors qu’ils ne sont que des partenaires extérieurs accompagnant la paix, se verront suffisamment éclairés.

Admettez Monsieur le Ministre, que la CMA a une base populaire, que sa demande de consultation n’est pas contraire aux dispositions de la feuille de route d’Alger et que la communauté internationale n’a pas pour mandat, encore moins pour vocation, d’imposer la paix, mais que son rôle est de conduire une médiation juste et équilibrée dans le respect des principes constitutionnels maliens que vous ne cessez d’invoquer jusqu’à l’ivresse des mots.

Les populations de l’Azawad sont aussi de la CEDEAO, de l’Union africaine, protégées par les textes et chartes de ces organisations ; elles attendent donc aussi une solidarité mutuelle vis-à-vis de tous les acteurs engagés dans le processus de paix.

La paix durable ne s’impose pas Monsieur le Ministre, mais elle se construit suivant une charte consensuelle qui traite le mal dans ses racines et ne s’attaque pas uniquement à ses conséquences.

Monsieur le Ministre,

Reconnaissez que la CMA trouve le préaccord d’Alger comme une bonne base pour un accord global de paix mais propose des amendements allant dans le sens de son efficacité. Par ailleurs, votre gouvernement malgré le paraphe à Alger, à travers son premier ministre lors du compte-rendu face à la classe politique, s’est permit d’affirmer qu’il se réservait toute liberté pour ce qui est de la mise en oeuvre de ce préaccord.

La bonne foi, le sens de la responsabilité et le respect des engagements, exigent de chacune des parties dans ce conflit de ne pas s’engager dans un accord dont elle se réserverait au préalable de ne pas respecter l’application.

La CMA, même si elle ne siège pas au Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine, n’en respecte pas moins suffisamment cette institution, pour ne pas passer par quatre chemins pour dire qu’un accord se signe lorsque, dans ses termes, il concilie les vrais protagonistes. C’est bien cela la première des garanties et une expression prouvée de bonne foi.

Monsieur le Ministre,

Si vous ne trouvez alarmant que les malheureuses actions terroristes qui ont visé Bamako et les localités sous votre contrôle, sachez aussi que la CMA et ses populations souffrent d’un terrorisme quotidien. Un terrorisme sous différentes formes car en plus de celui des groupes terroristes étrangers, se joint le terrorisme étatique de Bamako à travers son armée et ses milices narcotrafiquantes.

Nous condamnons toute forme de terrorisme et contribuons régulièrement à la lutte contre le terrorisme se réclamant du djihadisme, auquel vous tentez expressément de résumer les raisons profondes du différend politique qui vous oppose à la CMA.

Monsieur le Ministre,

Revenons donc à la réalité et aux faits, c’est seulement de cette manière que nous guiderons le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, mais aussi la communauté internationale vers l’appui serein qu’il faudra en faveur de la paix durable. Vive la paix juste et durable, vive la justice pour tous.

 

Attaye Ag Mohamed

Chargé de droits de l’Homme au MNLA

Nouakchott, le 28 Mars 2015

 

Source: Mondafrique

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